Jeune garçon, parmi les multiples vies professionnelles de mon père, celle de convoyeur de caravane m’a particulièrement marquée. C’était la promesse d’autres horizons, de vacances insolites.
Ce jour là, la caravane s’ébranlait de Nouakchott en direction d’Aioun El Atrouss à quelques 800 kilomètres.
Chargée de sacs de riz et de caissons de thé vert made in china « 8147 », lentement, elle cheminait.
Les hommes accrochés à leur monture scrutaient scrupuleusement le blond horizon. De regs en ergs, la route parfois en tôles ondulées, parfois caillouteuse, serpentait à ne plus en finir l’immensité.
Balancé par ce pas rythmé , je m’abandonnais lentement à ce sommeil réparateur.
Soudain, un coup fusil retentit, celui d’un MAS 36.
Les trois camions « Mercedes » de la caravane Sonimex* s’arrêtaient lentement dans un nuage de poussière m’arrachant à mes rêveries.
Du héron cendré pour le dîner…
Ce soir là, il suffisait de lever les yeux pour contempler un immense semis d’étoiles et de planètes.
« Le Scorpion escalade les degrés du ciel. Calme. Paix » disait Théodore Monod.
En attendant, sous la khaima*, enfoui dans le sable fin un autre scorpion beaucoup plus concret se faisait bien discret.
Ce scorpio maurus n’avait pas trouvé mieux que de ramener paresseusement sa queue sous mon serwal* tout neuf.
Et hop, ni vu ni connu, avec son dard aiguisé, il était passé à l’attaque.
Aïe, aïe, ma fesse gauche qui me brûlait, qui me brûlait, qui gonflait…
C’était l’autre manière de souhaiter la bienvenue sur les blondes dunes aux confins des Mauritanides.
Autre temps…
Avant la route de l’espoir sous les étoiles exactement !
Elbane Hamady
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