
Initiatives News – L’inauguration les 15 et 16 juin 1963 des installations minières de Zouerate et de Nouadhibou avait consacré le début effectif de l’exploitation minière en Mauritanie.
Ainsi le gigantesque complexe minier installé par la MIFERMA (Mines de Fer de Mauritanie) faisait figure de prouesse technologique à l’époque.
Il s’était agi en effet d’équiper un ensemble de mines de fer susceptibles de fournir 6 millions de T par an, de construire un chemin de fer à grand débit long de 650 Km, d’édifier un port minéralier capable d’assurer une sécurité complète et un chargement rapide à des navires de 65000 T DW, et pouvant aller jusqu’à 100000 T DW, de fournir enfin le logement pour environ 10000 personnes dans les deux cités ultra modernes de Zouérate et Cansado (Nouadhibou).
Et depuis cette date, le secteur minier est devenu une composante essentielle de l’économie mauritanienne. Le pays est devenu au fil du temps l’un des principaux producteurs de minerai de fer, ainsi que de cuivre, d’or
Un secteur de plus en plus attractif
En effet, selon l’Initiative relative à la transparence des industries extractives (ITIE) l’exploitation minière contribue à 59 % des exportations, à 9,6 % du PIB et à 10,4 % des recettes de l’État mauritanien.
Les principales destinations du fer mauritanien sont la Chine (65,4 %), l’Allemagne (14,3 %) et l’Italie (10,4 %).

Malgré les défis auxquels l’économie du pays a été confrontée en raison de la pandémie de COVID-19, qui a eu de graves répercussions sur les industries non extractives telles que le transport, le commerce et le secteur de la pêche, la production du secteur minier a en fait augmenté de 2,2 % au cours du premier semestre 2021, grâce à la forte demande mondiale de minerai de fer et d’or, ainsi qu’à la poursuite des investissements dans les capacités extractives.
Les progrès réalisés par la Mauritanie dans le classement Doing Business sont probablement pour quelque chose dans la présence de grandes entreprises des industries extractives (Kinross Gold, First Quantum, Aya Gold &Silver) et des hydrocarbures (Total, BP, KosmosEnergy, Shell et ExxonMobil).
Disposant de trois importantes mamelles que sont la Société nationale industrielle et minière (SNIM) qui exporte, essentiellement vers le marché chinois, 12 millions de tonnes de minerais de fer par an, les ressources halieutiques (avec des exportations de l’ordre de 1. 200 000 tonnes sur un potentiel de prises estimé à 1.870.000 tonnes par an) et d’une ressource animale considérable (16 millions, toutes espèces confondues), c’est seulement en 2021 que la Mauritanie est entrée dans le groupe des pays à revenu intermédiaire .

La politique de gouvernance menée ces trois dernières années par le pays explique en partie ce demi-succès qui a, comme dommage collatéral, la sortie de la Mauritanie du groupe des pays éligibles aux dons de l’IDA. Mais le développement véritable passe, nécessairement, par une action tous azimuts (promotion de l’entreprenariat, lutte contre la corruption, soutien aux initiatives des jeunes) et par la mise en place d’un Plan d’industrialisation en mesure d’apporter une valeur ajoutée locale aux richesses naturelles du pays.
Cette stratégie pensée en 2015 est confiée à des acteurs qui, au-delà du ministère en charge de l’industrie, comprennent l’Agence pour la Promotion des Investissements en Mauritanie (APIM), la Zone Franche de Nouadhibou, la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie (CCIAM), les syndicats des travailleurs et les opérateurs privés organisés dans la Fédération d’Industries, des Mines et de l’Energie (FIME).
Un contexte géologique favorable
Le contexte géologique de la Mauritanie se caractérise par la présence des 4 ensembles géologiques que sont la dorsale R’Gueïbat, le bassin de Taoudeni, la chaîne des Mauritanides et le bassin côtier.
Ces 4 ensembles constituent le géo-portrait du pays.
La dorsale R’Gueïbat, portion septentrionale du craton ouest-africain, est constituée de terrains archéens (âges supérieurs à 2,5 milliards d’années) et paléo-protérozoïques (âges entre 1 et 2,5 milliards d’années) ; on trouve dans ce domaine cratonique des gisements d’or et de fer et des indices identifiés d’or, de fer, de cuivre, de nickel, de lithium, de béryl, de wolfram, d’uranium et des éléments du groupe du platine. De même, des kimberlites ont été mises en évidence dont certaines sont diamantifères. Compte tenu des ressources minières de domaines géologiques comparables, il est légitime d’avancer que la dorsale R’Gueïbat constitue un potentiel minier de première importance.
Le bassin sédimentaire de Taoudeni, qui est le plus grand bassin de l’Afrique de l’Ouest, est recouvert par des séries essentiellement infracambriennes et paléozoïques peu déformées. Sa bordure septentrionale recèle des structures favorables (telles que les kimberlites) à la présence de substances minérales et d’importantes minéralisations de phosphate et de cuivre y ont été découvertes ; il en est de même des structures telles que les kimberlites favorables à la présence de substances minérales dont les diamants.

La chaîne des Mauritanides, qui ceinture à l’ouest le craton ouest-africain est composée de formations sédimentaires et métamorphiques fortement plissées et tectonisées durant des événements orogéniques dont le plus marquant est l’événement hercynien (âge d’environ 300 millions d’années). Elle renferme de nombreuses minéralisations d’or, de cuivre, de chrome, cobalt et de terres rares. C’est dans cette chaîne que se trouve le gisement de cuivre-or d’Akjoujt.
Le bassin côtier de Mauritanie-Sénégal est un bassin de marge passive qui s’est mis en place à la suite de l’ouverture de l’Atlantique. Il dispose d’un plateau continental très développé ; il est constitué de formations sédimentaires trias-liasiques à quaternaires. Plusieurs champs pétrolifères et gazifières ont été découverts. Par ailleurs, on y trouve des gisements de gypse, de sel, de phosphate et de sables noirs (ilménite et zircon).
Industries extractives, pierre angulaire de l’économie mauritanienne
Les potentialités de la Mauritanie dans le domaine des industries extractives sont énormes. La Dorsale Rgueibat, au nord du pays, la Chaine des Mauritanides située au centre-ouest le Bassin de Taoudenni, au centre-est, intéressent de grandes sociétés internationales avec la mise à jour de plus d’un millier d’indices miniers dans ces zones renfermant le fer, l’or, le cuivre, le phosphate, le gypse, l’uranium, les tourbes, le sel, le quartz, le diamant, le chrome, le manganèse, le plomb, les éléments du groupe de platine, les terres rares et les terres noires…En dehors du Fer avec plus de quatre milliards de tonnes (12 millions de tonnes de minerai vendues chaque année par la SNIM), deuxième producteur africain de fer, la Mauritanie attend avec impatience l’exploitation de ces réserves prouvées.
On note l’existence d’autres importantes ressources minières telles que l’or, plus de vingt-cinq millions d’onces ; le cuivre : vingt-huit millions de tonnes ; les phosphates : cent quarante millions de tonnes ; l’uranium : soixante-dix millions de livres ; le gypse : deux milliards de tonnes ; la terre noire : cinq cents millions de tonnes ; le quartz : plus de onze millions de tonnes…Le pays dispose en effet de plus de mille (1000) indicateurs miniers.
Ainsi, le département chargé des mines s’emploie à concevoir des politiques destinées à accélérer le rythme des prospections et de production afin de valoriser toutes les opportunités offertes par ce secteur et booster l’économie du pays.
Diversification et création de valeur locale
Une grande partie de l’activité minière a été principalement axée sur l’extraction du fer et d’autres minerais métalliques tels que l’or. Cette situation a rendu l’économie du pays vulnérable aux fortes fluctuations des prix mondiaux des matières premières minérales. Un défi tout aussi pressant est que, trop souvent, une grande partie de la production minérale de la Mauritanie est exportée directement à l’étranger et n’est pas transformée dans le pays, ce qui ne favorise pas une plus grande valeur ajoutée locale et, globalement, ne contribue pas aux objectifs de développement économique à long terme et de réduction de la pauvreté de la Mauritanie.
Pour résoudre ces problèmes, le gouvernement mauritanien et ses partenaires internationaux de développement, s’efforcent de promouvoir une plus grande diversification du secteur minier et l’établissement de chaînes de valeur en Mauritanie. Pour ce faire, on met davantage l’accent sur les produits non métalliques tels que le calcaire ou divers types d’argile pour les matériaux de construction, les phosphates et les minéraux industriels.
Comme il convient de le rappeler, l’un des principaux acteurs du secteur minier mauritanien est la Société nationale industrielle et minière (SNIM). La SNIM, on l’a souligné est aujourd’hui le deuxième producteur africain de minerai de fer et un contributeur important à l’économie mauritanienne. La majeure partie du minerai de fer produit par la SNIM est acheminée vers le port de Nouadhibou, ce qui permet à la société de transporter son minerai de fer. Cependant, l’un des défis est que la profondeur actuellement disponible dans le chenal d’accès limite la taille des navires qui peuvent ancrer dans le terminal minéralier. Les navires qui peuvent accoster au terminal actuel ne représentent que 6 % de la flotte mondiale de vraquiers disponibles, ce qui augmente les coûts en raison de la disponibilité limitée.
Afin de pallier ce problème, le Groupe de la Banque africaine de développement, en partenariat avec la Banque européenne d’investissement (BEI), a conclu en octobre 2021un financement de 50 millions de dollars et 50 millions d’euros respectivement, sur 12 ans, avec la SNIM, pour soutenir l’augmentation de la capacité des installations portuaires de la SNIM à Nouadhibou.
Source : Initiatives News (Le 10 juillet 2022)
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