Après avoir fui la guerre en Ukraine, des étudiants africains dans l’impasse

BBC Afrique – Nombre d’étudiants africains qui ont fui la guerre en Ukraine pour se réfugier ailleurs en Europe semblent dans l’impasse.

En Suisse où certains ont trouvé un point de chute, il leur est impossible de s’inscrire dans les universités pour poursuivre leurs études.

Ils sont pour le moment dans des centres d’accueil ou des sites provisoires pour personnes en instance de demande d’asile.

Deux poids, deux mesures ?

Salomon Sea, étudiant ivoirien, joint par la BBC dit avoir quitté l’Ukraine quand la guerre a commencé. Ce fut après avoir traversé beaucoup de difficultés.

Aujourd’hui arrivé en Suisse, il aimerait pouvoir continuer les études, mais il n’est pas éligible au permis S qui est donné aux Ukrainiens et qui accorde sur le plan administratif l’accès à l’éducation ou encore à des aides sociales et médicales.

 »Je suis venu avec un ami Ukrainien que j’avais croisé à la frontière de la Pologne, nous sommes rentrés ensemble. Aujourd’hui, il continue les cours et moi, je suis là dans des situations compliquées. On nous pousse vers la demande d’asile, tout en sachant que cette demande d’asile te sera refusée. Donc c’est super compliqué. »

Salomon Séa est logé provisoirement à Glaubenberg à environ 1500 m d'altitude en Suisse. Il fait des travaux d'occupation organisé par son centre d’accueil

Crédit photo, Salomon Séa

Légende image, Salomon Séa est logé provisoirement à Glaubenberg à environ 1500 m d’altitude en Suisse. Il fait des travaux d’occupation organisé par son centre d’accueil

En mars dernier, l’Union européenne a émis une directive pour encourager les pays européens à accueillir les personnes de nationalité ukrainienne fuyant leur pays, leurs familles et les apatrides. Mais les personnes originaires des Etats tiers sont exclues de ce dispositif d’urgence à moins de prouver qu’ils ne peuvent pas rentrer dans leur pays de manière sûre et durable.

Des organisations de la société civile appellent la communauté internationale à encourager la mise en place d’un dispositif transitoire juste pour donner à ces étudiants la possibilité de terminer leur formation avant de rentrer au pays.

 »Ces personnes sont des étudiants et ne sont pas menacées dans leur pays. Donc ils n’ont pas de motif d’asile. Ce qui signifie qu’une demande d’asile a toutes les chances d’être rejetée », signale Etonam Ahianyo, coordinateur de l’association Save African Ukraine.

L’appréhension d’un retour en Afrique

Est-ce qu’un retour dans leur pays respectif peut être la solution ?

Pas du tout, rétorque Dawson Buabu, congolais de la RDC, qui faisait en Ukraine des études en cybercriminalité.

Il trouve que ce serait une honte de rentrer sans diplôme malgré les conditions plutôt difficiles dans les camps et l’incertitude du lendemain :  »Je ne peux pas rentrer dans mon pays sans diplôme. Rentrer en Afrique sans les diplômes, je sens comme s’il n’y a aucun avenir devant moi. Je ne dors pas parce que j’ai trop de stress. Quand je pense à tout ça et ça me met dans une situation très difficile… Et là, je sens comme si je n’ai plus d’avenir. La seule chose que je souhaiterais, c’est que la Suisse nous accorde la chance de continuer les études. »

Buabu a pris l'un des derniers trains pour quitter l'Ukraine

Crédit photo, Buabu

Légende image, Dawson Buabu a pris l’un des derniers trains pour quitter l’Ukraine.

Edum Bala-Eval Amaechi, étudiante nigériane de 22 ans, vient de finir en Ukraine sa 2e année en médecine générale et chirurgie. Elle aussi espère poursuivre ses études en Europe, notamment en Suisse.

 »J’aimerais vraiment continuer avec la 3e année. Je serai reconnaissante si c’est possible. Retourner en Afrique n’est pas vraiment une option. Mes parents ont beaucoup lutté pour m’envoyer ici. Ils ont un petit magasin, une petite entreprise, et ils ont travaillé si dur pour m’envoyer ici”.

Etonam Ahianyo, coordinateur de Save African Ukraine, estime que ces personnes ont quitté le continent africain justement pour faire des études, souvent dans des filières qui ne sont pas assez développées sur le continent.

Leur vie est déjà chamboulée maintenant et sera encore plus brisée si elles doivent rentrer en Afrique, sans diplôme.

 »Nous pensons que quand l’Europe a été généreuse envers les Ukrainiens, ce qui est très bien, et cette générosité, elle peut étendue aux ressortissants d’autres nationalités et ça, c’est tout à fait possible. Si on le veut humainement, on le peut. »

Lire la suite

Claude Foly

BBC Afrique

Source : BBC Afrique (Royaume-Uni)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page