Qu’importe, le soleil brille toujours à la Médina R / Par Elbane Hamady

Il était midi, le soleil était au zénith à la médina R.

Dans ma rue, les hauts parleurs et autres porte-voix diffusaient à tue-tête un pot pourri musical qui frisait la cacophonie. Entre Wel Awa, Bob Marley, Oum Kalthoum ou encore Kuma Sanu, le spectre musical était très large.

Dans la boutique d’en face, les pales toutes tatouées par les excréments de mouche du vieux ventilateur made in china tournaient en brassant l’air chaud de la pièce. La sensation de pénombre engendrée par le contraste lumineux en rentrant dans la pièce était saisissante.

Assis sur un vieux fauteuil en rotin, notre boutiquier armé de son fidèle tournevis plat recollait la bande magnétique d’une cassette audio qui s’était effritée.

Accroupi sur une natte, un élégant jeune homme tenait une tondeuse à cheveux dans sa main gauche. Il était occupé à mettre des gouttes d’huile entre les dents de son outil en surveillant d’un œil la théière qui bouillait sur le petit réchaud à gaz.

C’était le dernier verre, le plus doux, le plus savoureux.

Sous l’ombre du grand acacia, un homme tenait un improbable présentoir à lunettes « pas chères » en écoutant sa petite radio collée contre son oreille.

La vieille «Renault 4L-taxi» dans un crissement de plaquettes de frein usées s’arrêta nette devant lui en frôlant sa manche de boubou.

Et soudain, la musique s’arrêta, les pales s’immobilisèrent et les mouches ne volèrent plus.

La petite radio se mit à grésiller…Un nouveau coup d’état !

Non, non, c’était encore une de ces coupures d’électricité tant redoutée.

Probablement le générateur numéro 4, le moteur diesel toussait déjà depuis quelque temps.

Qu’importe, le soleil brille toujours à la Médina R…

 

 

 

Elbane Hamady

 

 

 

 

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