Comment une bibliothèque 100 % africaine a été créée pour inciter les jeunes à la lecture

BBC Afrique – Une petite bibliothèque de plus de 4 500 livres d’auteurs d’Afrique subsaharienne et d’ailleurs est mise en place à Dakar par un jeune passionné de lecture.

Le jeune journaliste sénégalais Pape Malick Barros a créé Afrothèque, une petite bibliothèque riche d’une collection de plus de 4 500 livres d’auteurs d’Afrique subsaharienne, du Maghreb, des Caraïbes et de la diaspora.

Âgé de 29 ans, Pape Malick Barros s’est attaché très tôt à la littérature négro-africaine.

« La littérature représente énormément pour moi. La littérature africaine, surtout, représente beaucoup pour moi… « , dit-il.

« J’ai eu la chance de lire pas mal d’auteurs africains très tôt, à savoir Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Amadou Hampathé Ba, etc. Et quand on grandit avec ce genre de référentiels, on devient amoureux. Et c’est de là qu’est parti tout cet attachement à la littérature », explique-t-il.

« On voit de moins en moins de personnes qui lisent… La lecture offre un panel d’opportunités, ça développe les capacités cognitives et intellectuelles ».

 « Personnellement, la lecture m’a permis de mieux m’exprimer en public, d’avoir le vocabulaire qu’il faut », précise Barros.

 « Je suis journaliste et c’est un domaine qui nécessite un tant soit peu de vocabulaire, un tant soit peu de verbe. Si ce n’était pas lecture, je ne pense pas que j’en serais capable aujourd’hui », argumente-t-il.

 « Je pense que le livre a son lot d’importance. Le livre, pour ma part, m’a permis d’avoir d’autres phases de développement intellectuel », dit-il.

 Barros estime que si ça a marché pour lui, ça pourra bien marcher pour les autres.

« L’idée surtout, c’est de préparer les générations à venir à relever les innombrables défis auxquels sera confronté ce beau et fastueux continent qu’est l’Afrique ».

« Et pour restaurer ce continent dans sa dignité et dans son honneur, nous avons l’obligation de nous armer intellectuellement, de nous armer de science, comme le veut d’ailleurs l’illustre Cheikh Anta Diop », plaide Barros.

Pape Malick Barros
Légende image, Barros regardant une photo de l’écrivaine Fatou Diome

Marketing et promotion des initiatives africaines

Pape Malick Barros explique la genèse de son projet.

« Tout est parti d’une plateforme que j’ai cocréé qui s’appelle Afroprenariat. C’est une plateforme qui promeut toutes les initiatives qui se font en Afrique et dans la diaspora et portées par des Africains », confie-t-il à Alassane Dia.

« Dans cette volonté de montrer une belle facette de notre continent qui changeait un peu tout ce que certains médias donnent un peu comme l’image de l’Afrique, à savoir la guerre, la famine, la paupérisation, les coups d’Etat et la corruption endémique ; nous, ce qu’on a voulu montrer avec Afroprenariat, c’est cette belle facette de ce continent », poursuit-il.

« Et on recevait des messages de pas mal d’auteurs qui nous sollicitaient pour promouvoir leurs ouvrages. Et c’est là qu’on s’est dit pourquoi ne pas créer une bibliothèque qui sera assez représentative du potentiel dont regorge ce continent dans le domaine littéraire ».

La première bibliothèque 100% africaine

 

Un homme tenant un livre
Légende image, Un homme parcourant la bibliothèque Afrothèque

« Afrothèque, c’est la première bibliothèque 100% africaine. Nous sommes basés à Dakar. C’est un concept lancé par Marième Faye Sarah Diop et moi-même. C’est une bibliothèque qui propose des milliers d’ouvrages d’auteurs d’Afrique subsaharienne, du Maghreb, des Caraïbes et de la diaspora », précise-t-il.

« Nous avons des livres qui représentent pratiquement tous les pays africains, ainsi que la diaspora et les Caraïbes, et le but c’est de montrer que la littérature africaine est existante et qu’elle est dotée d’un potentiel incommensurable », dit-il.

« Nos auteurs, que ça soit la littérature africaine contemporaine ou classique, ont, à travers les âges, fait preuve d’un travail de collecte, de recherches, d’imagination, de créativité, qui n’a rien à envier à ce qui se fait ailleurs », affirme Barros.

Pour preuve, le jeune journaliste dit avoir récemment vu « le jeune Mbougar Sarr, lauréat du Prix Goncourt, qui illustre le potentiel dont regorge ce continent ».

La mise en place de la bibliothèque n’a pas pour autant été aussi facile.

« Il nous a fallu pratiquement une année pour collecter les ouvrages, avoir un local et pour faire en sorte que le projet prenne forme », révèle-t-il.

Selon lui, une campagne de financement a été lancée sur Facebook, via leurs principaux réseaux.

Une campagne GoFundMe a été lancée pour pouvoir récolter 5 000 euros (3,279,785 FCFA) qui ont permis d’ouvrir la bibliothèque à Dakar, la capitale du Sénégal.

« Les abonnés de notre plateforme ont participé et cela nous a permis à pouvoir acheter des ouvrages, que ce soit dans les librairies en France ou au Sénégal ».

Des partenariats ont été noués avec certaines maisons d’édition pour faciliter l’acquisition des ouvrages. En contrepartie, il faut leur gérer leur volet Communication.

« C’est comme ça que les choses ont pris forme et jusque-là on est ouvert », indique Barros.

Une tâche difficile

 

Deux jeunes femmes parcourant des ouvrages
Légende image, Deux jeunes femmes dans la bibliothèque Afrothèque

En arriver à ce résultat ou à ce niveau de réalisation n’a pas été de tout repos pour les jeunes promoteurs.

« Cela n’a pas été simple, déjà avoir des auteurs de chaque pays africain, il y en a 54, avoir des auteurs africains qui sont hors d’Afrique, ce n’est pas simple du tout », explique-t-il.

« Déjà, il faut acheter les livres, les acheminer à Dakar ; déjà les livres ça pèse et c’est couteux. Non, ça n’a pas été simple », avoue-t-il.

 Mais si c’était à refaire, Barros et ses partenaires seraient prêts à le refaire, malgré la complexité du projet.

« Que ce soit dans les œuvres au programme, dans nos bibliothèques au Sénégal et un peu partout en Afrique, il est très difficile de retrouver des livres d’auteurs africains. »

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Source : BBC Afrique (Royaume-Uni) – Le 24 juin 2022

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