Mauritanie : la reprise du dialogue national, un impératif pour l’opposition

La suspension unilatérale du dialogue national est un coup dur pour l’opposition mais après plus d’une semaine de ce poignard dans le dos par le pouvoir, elle en sort requinquer. C’est le parti du doyen de l’opposition mauritanienne, le RFD qui monte au créneau pour lancer un front contre l’immobilisme.

C’est un sentiment partagé par les observateurs qui pointent une nouvelle offensive de l’opposition pour le retour du pouvoir à la table des négociations. Les arguments de l’UPR qui met en avant que les conditions ne soient pas encore réunies pour reprendre le dialogue national, sont considérés comme une stratégie du gouvernement pour gagner du temps et profiter d’une erreur de l’opposition pour justifier un arrêt définitif du processus démocratique.

Le RFD est sorti de l’hibernation pour lancer un front de l’opposition pour reprendre un second souffle pour le second round. Face aux multiples dangers qui guettent le pays sur le plan national avec les discours haineux et racistes contre les peulhs véhiculés par les réseaux sociaux qui font planer le spectre des évènements de 1989.Cette résurgence d’atteintes à l’unité nationale et la cohésion sociale résulte de l’absence de solution politique à la crise de la cohabitation.

Cette tension sociale est exacerbée par l’échec de la réforme du système éducatif dont la loi d’orientation tourne le dos aux écoliers non arabophones. Ajoutez à cela l’échec de la réforme agraire qui se heurte aux populations de la vallée contre l’expropriation de leurs terres agricoles par l’Etat au profit d’investisseurs nationaux et étrangers.

Trois dossiers brûlants qui tiennent à cœur l’opposition sur lesquels elle est ferme et entend les relancer. L’enjeu c’est l’avenir de la Mauritanie confrontée en outre sur le plan international aux conséquences de la guerre en Ukraine avec la hausse du prix du blé et des denrées alimentaires qui impactent sur les populations mauritaniennes les plus fragiles. Une menace de famine pour le pays. La reprise du dialogue est un impératif pour éviter le chaos dans tous les domaines qui serait favorable aux extrémismes.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste