Scandale autour de Karim Keïta, fils de l’ex-président malien « IBK »

 

Le jet-setteur a disparu des carrés « VIP » des boîtes de nuit… Sous les cocotiers bordant la lagune Ebrié, en Côte d’Ivoire, pays où il a fui au lendemain du coup d’Etat d’août 2020 qui, au Mali voisin, a destitué son père, les dîners en petit comité, à l’abri des regards indiscrets, ont remplacé les fastueuses soirées d’autrefois.

Karim Keïta, le fils de l’ex-président malien Ibrahim Boubacar Keïta, alias « IBK » (décédé en janvier 2022), a dû changer son quotidien, ces derniers mois. Finie, l’opulence ostentatoire des années de toute-puissance, qui lui valurent le surnom d’« enfant terrible de la République ». « Fais-toi oublier Karim », l’a supplié son entourage, à l’été 2021, quand la justice de son pays a émis un mandat d’arrêt à son encontre.

L’affaire qui lui vaut ces poursuites commence comme un polar, le 29 janvier 2016, avec la disparition d’un journaliste de l’hebdomadaire Le Sphinx, Birama Touré. Dans les mois suivants, la capitale, Bamako, bruisse de rumeurs, la presse locale s’empare de l’histoire : Birama Touré, 50 ans, aurait été enlevé et assassiné par des agents de la direction générale de la sécurité d’Etat (DGSE) malienne. Les soupçons convergent vers un commanditaire supposé : Karim Keïta, connu pour la mainmise qu’il exerce alors sur un pan des services secrets.

 

La piste du chantage

 

Même si le corps de leur confrère n’a jamais été retrouvé, les journalistes chargés de l’affaire y voient l’ombre d’une histoire de chantage : informé d’une liaison que le fils du président aurait entretenue avec la femme d’un de ses influents amis, Birama Touré aurait tenté de le faire chanter. « Laisse-moi m’en occuper, sinon il continuera à te réclamer de l’argent », aurait suggéré à Karim Keïta un de ses proches, agent à la DGSE. Autrement dit, le journaliste gênant aurait été éliminé pour protéger l’« enfant terrible de la République ».

« C’est ce qu’on nous a raconté pour nous dérouter du vrai dossier, objecte aujourd’hui Aziz, un lanceur d’alerte malien, dont Le Monde a changé le prénom pour des raisons de sécurité. En réalité, Birama Touré était sur un coup qui n’avait rien à voir avec une quelconque liaison. S’il avait sorti ses informations, la chute du régime aurait été précipitée. »

De fait, derrière le probable assassinat pourrait se cacher un scandale majeur de l’ère IBK (2013-2020)… Pendant dix mois, Le Monde a enquêté sur cette affaire que l’Etat malien tente d’étouffer depuis six ans. Il ressort de ces investigations qu’entre 2013 et 2020, des dizaines de milliards de francs CFA destinés, en théorie, à financer l’équipement d’une armée en débandade face aux groupes terroristes ont été détournés.

Toutes les personnes interrogées placent un homme au cœur de ce dossier : Karim Keïta. Au fil des années de pouvoir de son père, il aurait tissé sa toile, installant des hommes de confiance aux postes décisifs pour activer une mécanique financière dont les rouages sont restés bien huilés jusqu’au moment où Le Sphinx est venu enrayer la machine.

Tout commence en mars 2014 quand ce journal d’investigation, fondé douze ans plus tôt, dévoile une affaire qui sème la panique à Koulouba, le palais d’IBK : un détournement de fonds aurait eu lieu dans le cadre de l’acquisition d’un avion présidentiel et d’équipements militaires. En octobre, le Bureau du vérificateur général (BVG), l’institution chargée d’enquêter sur les soupçons de malversations, confirme ces révélations, évaluant le montant des irrégularités à 28,5 milliards de FCFA (43,5 millions d’euros). Le rapport du BVG fait grand bruit à Bamako, du moins dans la presse. A l’Assemblée, le silence de la commission défense étonne. Il intrigue d’autant plus que cette instance garante du contrôle des politiques de défense a, depuis février, un nouveau président : Karim Keïta.

Comment le fils d’IBK, député depuis un an à peine et sans aucune compétence sécuritaire particulière, s’est-il hissé à de telles fonctions ? L’élection du trentenaire, jusqu’ici connu de ses compatriotes pour ses activités économiques – une entreprise de location de voitures et une autre de conseil aux investisseurs, fondées à son retour au Mali en 2006 après des études de commerce au Canada –, a de quoi surprendre. Une certitude : sa prise de fonctions marque le début de l’opacité.

A partir de là, plusieurs achats d’armement opérés par l’exécutif n’ont été « ni examinés ni approuvés par la commission », et les comptes rendus de cette dernière « ne font l’objet d’aucune publication », précise l’ONG Transparency International dans un rapport sur la gestion financière des politiques de défense et de sécurité au Mali publié en octobre 2019. Sans pointer d’illégalité, l’ONG alerte encore sur « l’absence de transparence et de contrôle indépendant concernant les dépenses du secteur de la défense » qui rend, selon elle, ce financement « extrêmement vulnérable à la corruption ». Le rapport souligne en outre le « risque de conflit d’intérêts » lié à la présidence de Karim Keïta.

 

« Rien ne pouvait se faire sans lui »

 

Né à Paris, ce dernier s’est forgé une réputation de gestionnaire de l’ombre auprès des diplomates et des décideurs français installés ou de passage à Bamako. Tous comprennent vite qu’il est incontournable pour décrocher des contrats de défense. « Rien ne pouvait se faire sans lui », glisse une source diplomatique européenne. Le contexte politico-sécuritaire malien est alors favorable aux intérêts français. Politiquement, Paris est proche du régime d’IBK dont il a soutenu l’élection en août 2013, tandis que, sur le plan militaire, le président François Hollande a vite répondu à l’appel à l’aide lancé par Bamako en janvier, en déclenchant l’opération antiterroriste « Serval » – transformée en « Barkhane » en 2014.

Au Mali, ces années-là, les armes françaises se vendent mieux que jamais. Entre 2013 et 2020, Bamako en commande à Paris pour plus de 19,3 millions d’euros, contre à peine 3 millions d’euros entre 2005 et 2012. Entre 2014 et 2015, le Mali achète notamment aux entreprises françaises Renault Trucks Défense, Magforce international et Soframa pour plus de 60 millions d’euros de matériel militaire.

Mais, à en croire le rapport du BVG déjà cité, le régime a, par l’entremise d’une société locale, surfacturé à l’Etat malien les équipements préalablement commandés auprès des trois entreprises, à hauteur de plus de 42 millions d’euros. La France était-elle au courant de ces soupçons de surfacturation ? Paris omet en tout cas de déclarer au secrétariat du traité sur le commerce des armes (TCA) l’exportation de quatorze blindés Renault, la plus grosse surfacturationconstatée ces deux années-là, selon un rapport d’Amnesty international sur les ventes d’armes françaises publié en 2020.

A l’Assemblée nationale malienne, une loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM) est adoptée en février 2015 pour budgétiser ces dépenses colossales et en forte hausse. Pour la période 2015-2019, 1,9 milliard d’euros sont votés afin d’équiper les forces armées maliennes (FAMa). Les journalistes du Sphinx s’étonnent : jamais un tel budget n’a été adopté dans le secteur de la défense. Depuis qu’il a révélé l’affaire de l’avion présidentiel et des équipements militaires, l’hebdo a continué à dévoiler des scandales et perçoit cette loi comme une manne financière pour le clan au pouvoir. Il faut enquêter.

Fin 2015, Le Sphinx publie quelques lignes sur un détournement de fonds présumé, opéré sur l’achat de véhicules blindés à un groupe sud-africain. Un banquier réputé proche des Keïta aurait joué les intermédiaires dans cette affaire. La même année, Le Sphinx s’intéresse à un autre achat suspect : en juin, une compagnie brésilienne a annoncé la commande par le Mali de six avions de combat Super Tucano pour 79,3 millions d’euros.

En juillet 2018, Karim Keïta, chemise kaki et lunettes fumées, réceptionne quatre de ces appareils brésiliens sur le tarmac de l’aéroport de Bamako. La presse ne tarde pas à révéler que deux avions manquent donc à l’appel. L’argent de ces deux Super Tucano, commandés mais jamais livrés, d’un montant d’environ 26,3 millions d’euros, s’est envolé. Le président de la commission défense garde le silence.

 

Menace sur « Le Sphinx »

 

Confronté aux révélations du Sphinx, le régime s’affole. Chaque vendredi, on cache le nouveau numéro de l’hebdomadaire à IBK, histoire de ne pas attiser sa colère ou son anxiété. Mais « il s’arrangeait toujours pour le récupérer discrètement », précise un de ses ex-conseillers. Furieux, « le vieux », comme le surnomment affectueusement ses compatriotes, y découvre de temps à autre de troublantes manœuvres financières.

En interne, le pouvoir d’IBK, chef de l’Etat oisif, est usurpé par une partie de son entourage. Il arrive même que sa signature soit falsifiée. Le débonnaire « Kankélétigui » (« l’homme ayant une seule parole » en bambara), si fier d’avoir placé l’année 2014 sous le signe de la lutte contre la corruption, assiste à la mainmise de plus en plus importante de son fils Karim. L’approuve-t-il ? Il n’en dira pas un mot en public. Consigne est en tout cas donnée aux services de renseignement de calmer les ardeurs du Sphinx. « Des agents nous ont alertés. Ils nous disaient : Arrêtez de publier vos enquêtes défense. Epargnez le vieux et Karim Keïta” », soutient un ex-collaborateur du journal.

Le Sphinx se sent menacé et se montre un temps moins véhément. Mais en parallèle, Birama Touré, un rédacteur peu chevronné qui, depuis douze ans, couvre les petits faits de société et les conférences de presse, fouille en solo. « Enquêter sur les détournements de fonds militaires était la ligne rouge à ne pas franchir », analyse a posteriori Aziz, le lanceur d’alerte. Celui-ci affirme avoir rencontré à trois reprises le journaliste dans les six mois ayant précédé sa disparition : « Il me disait qu’il menait des enquêtes sur la LOPM. Il était persuadé qu’il y avait de nombreuses magouilles derrière et voulait mon aide pour récolter des preuves. » Mais le temps lui fera défaut. ll disparaîtra le 29 janvier 2016.

Il est environ 19 h 30 quand Birama Touré quitte le domicile familial à Bagadadji, quartier historique du centre de Bamako, où il était parti prier comme chaque soir. Sur sa petite moto, il se dirige vers Sébénikoro, la périphérie ouest de la capitale, connue pour abriter les demeures d’IBK et de son fils. Le journaliste y réside, lui aussi, avec sa sœur, Fatoumata.

« Dès lors, il n’a plus donné signe de vie », dira son frère Moussa, le 24 février 2016, dans sa déposition, versée au dossier d’enquête préliminaire. Inquiète, la famille alerte les gendarmes et porte plainte contre X pour enlèvement. Selon elle, c’est la toute première fois que le journaliste disparaît de la sorte. La gendarmerie, elle, conclut à une « disparition volontaire ». Le 25 avril, elle clôt l’enquête en ces termes : « aucun signe ou indice ne permet d’établir que Birama Touré ait été enlevé, séquestré ou assassiné ».

 

Prison secrète

 

Pourtant, un témoin affirme avoir croisé à plusieurs reprises le journaliste, début 2016, dans une des prisons secrètes tenues par la sécurité d’Etat dans la capitale. Nous retrouvons cet homme, que nous appellerons Mamadou, dans un café de Bamako. Lui-même est passé par les geôles de la DGSE, il porte encore les stigmates de cette épreuve : des lacérations sur une articulation et des cicatrices sur les membres. La voix chevrotante, il raconte avoir vu Birama Touré « à l’agonie » dans une cellule. « J’ai mal ! J’ai mal ! J’ai tellement mal ! », aurait-il hurlé, « menotté et cagoulé », lors de cette première « rencontre ». Quelques jours plus tard, l’ancien détenu soutient l’avoir revu dans une autre cellule. « Vais-je encore vivre ? », aurait-il alors gémi. « Il ne pouvait plus marcher, murmure Mamadou. Il était couché, recroquevillé et menotté. Son corps était gonflé. Il avait du sang partout et il ne faisait que crier. »

Selon nos informations, une douzaine de témoins, entendus dans le cadre de l’enquête judiciaire relancée en avril 2021, auraient confirmé au juge la présence de Birama Touré au sein de ces prisons. Un ancien détenu aurait même indiqué y avoir porté son cadavre dans ses bras. Le matin suivant le décès présumé, deux hommes auraient été aperçus par plusieurs prisonniers dans les couloirs de la DGSE : Karim Keïta et le patron des services, le général Moussa Diawara. En juillet 2021, ce dernier a rejoint le fils de l’ex-président sur la liste des suspects et s’est fait arrêter pour « complicité d’enlèvement, de séquestration et de tortures ».

Depuis juin 2019, la justice française s’était aussi saisie de l’affaire après le dépôt d’une plainte contre X pour « tortures et meurtre » par un cousin du journaliste résidant en France. « Ils ont fait à Birama Touré ce qu’ils ont tenté de me faire quatre ans plus tard », affirme Aziz, le lanceur d’alerte, qui s’estime chanceux d’être encore en vie. De fait, l’histoire du journaliste aurait pu être la sienne. En 2020, Aziz est enlevé en pleine rue et conduit dans les locaux de la DGSE. « Fils de pute, tu emmerdes le régime ! Tu vas mourir. Ici, il n’y a pas de justice ! », lui aurait lancé l’un des agents, tout en tirant plusieurs balles autour de lui. « Ils m’ont torturé pour essayer de me faire taire. Voyez le résultat », dénonce-t-il, en montrant ses cicatrices. Deux semaines avant son arrestation, il avait déclaré publiquement son intention de « lancer des enquêtes sur les détournements issus de la LOPM ». A sa sortie de prison, un de ses geôliers aurait selon lui orienté les soupçons vers Karim Keïta.

Birama Touré, décrit par plusieurs de ses confrères maliens comme un « rédacteur lambda avec peu d’ambition », avait-il pour objectif, lui aussi, de révéler des malversations ? Plusieurs de ses proches en doutent. Ils penchent davantage pour la thèse du chantage que le journaliste, en difficulté financière à la veille de son mariage, aurait voulu exercer à travers ce dossier ultrasensible. « Quoi qu’il en soit, le pouvoir savait que Le Sphinx et Birama Touré détenaient des informations compromettantes sur cette LOPM, qu’ils fouinaient et que ce n’était qu’un début, récapitule une source judiciaire malienne. Le régime a eu peur et a voulu les faire taire. »

En vain. A partir de février 2016, Le Sphinx ajoute une enquête à celles en cours : la rédaction cherche à élucider la disparition de ce collègue qui, selon le fondateur du journal, Adama Dramé, avait posé sa démission trois semaines avant sa disparition. Le journal mobilise ses sources et creuse. Un peu trop au goût du régime. Celui-ci, qui fait déjà face à des suspicions de détournements de fonds, doit éteindre cet autre feu.

Dès lors, les menaces contre Le Sphinx se font très pressantes. Aujourd’hui encore, elles hantent un ex-collaborateur du journal que nous nommerons Mohamed. Il nous donne rendez-vous dans un restaurant fréquenté de la capitale, le 7 octobre 2021. Méfiant, il scrute les allées et venues des clients en racontant avoir été victime de pressions sur sa famille de la part du pouvoir, en 2016. « Il y a aussi eu des pressions policières sur le journal, dit-il. Nous recevions des visites pas rassurantes dans nos locaux. Au point que nous avons été obligés de déménager, d’installer des caméras de surveillance, puis de finalement tout fermer. »

 

« Trop gênants »

 

Depuis, Le Sphinx n’a pas lâché la plume mais a délocalisé son siège à Paris, où son rédacteur en chef et fondateur, Adama Dramé, s’est réfugié en juillet 2018. A l’époque, celui-ci se sent menacé. Un camion à benne a tenté, selon lui, de le percuter à la sortie d’un rendez-vous en lien avec la disparition de Birama Touré. Le rédacteur en chef s’envole aussitôt pour la France. Le site Internet de son média est plusieurs fois piraté et ses archives disparaissent. En parallèle, on essaie aussi de le soudoyer pour le faire taire.

Pendant ce temps, dans la cour familiale des Touré, frères, parents et cousins perdent patience. Au lendemain de la disparition de Birama, plusieurs membres du gouvernement ont défilé chez le chef de cette puissante famille – l’une des trois à avoir fondé Bamako à la fin du XVIe siècle – en promettant, la main sur le cœur, de tout faire pour accélérer l’enquête. Mais les mois ont passé et face à l’absence d’avancées, certains membres de la lignée Touré ont protesté dans les médias.

« On a commencé à devenir trop gênants », témoigne un cousin. Lui-même est rongé par le mystère de la disparition de Birama, ce « frère » avec lequel il a grandi. « Premier ministre, ministre de la sécurité, chef des renseignements d’IBK : tous sont venus pour essayer de nous faire taire. On nous a proposé de l’argent, des postes au sein de la police. Tout était bon pour étouffer l’affaire. » Au cœur du régime, le dossier Birama Touré avait même fini par devenir, selon lui, « un gros moyen de pression sur IBK, utilisé afin de gravir les échelons ou de conserver un poste. C’est comme ça que beaucoup de politiques se sont retrouvés mouillés dans cette affaire. » Tant et si bien que même si le régime IBK est tombé lors du putsch d’août 2020, « encore aujourd’hui, personne n’a intérêt à ce que le fond de l’affaire Touré soit résolu », estime un magistrat.

Depuis, les pressions n’ont pas cessé. En août 2021, un 4 x 4 non immatriculé aux vitres teintées tente de percuter le véhicule d’un témoin clé à la sortie de son audition chez le juge. Un autre témoin affirme s’être vu proposer deux villas et de l’argent en échange d’une déposition « plus accommodante. »

30 milliards de francs CFA retracés

Pour la première fois depuis l’ouverture de l’enquête au niveau du tribunal de la commune IV de Bamako en 2017, le dossier avançait enfin, ces derniers mois. Mais en février, le dessaisissement de cette juridiction a surpris, certaines sources y voyant une tentative de plus, exercée par le camp des accusés, pour nuire à la manifestation de la vérité. « Ce sont des sottises. Le juge a été dessaisi en raison de sa proximité avec le parquet », rétorque Me Marcel Ceccaldi, l’avocat français de Karim Keïta, rencontré dans son cabinet parisien. Sollicité, le fils de l’ex-président a préféré laisser son conseil répondre au Monde. Ce dernier conteste en bloc les accusations portées contre son client.

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Source : Le Monde 

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