Pour un bouton de plus / Par Elbane Hamady

Jeune garçon à Nouakchott, les Renault, les Peugeot étaient les citadines les plus en vue à Nouakchott.

Sur l’avenue Kennedy, c’était un défilé incessant de ces taxis verts ceints d’un ruban jaune. Dix ouguiyas, vingt ouguiyas, c’était fonction de la destination et de l’humeur du chauffeur.

Il fallait se précipiter pour ne perdre sa place entre deux dames bien imposantes de retour du marché, les cabas pleins de poissons, de carottes et autres oignons.

Cherchant un peu d’oxygène entre les effluves des compagnes d’un jour et les acariens des moumoutes garnissant les sièges de la Renault 12, il valait mieux surveiller la route pour ne se retrouver à l’autre bout de la ville.

Ce jour là, quelle ne fut ma surprise lorsqu’une voiture s’arrêta à ma hauteur.

De la vitre arrière entrouverte, mon voisin de classe me demanda poliment s’il pouvait me déposer quelque part.

Elle était belle, magnifique. Couleur ébène, intérieur cuir. Moi, je n’avais d’yeux que pour elle.

Elle se levait toute seule, elle était différente. C’était sûr, elle était d’ailleurs.

On racontait qu’il lui manquait juste un bouton pour voler.

C’était la star des berlines.

C’était la Citröen Ds, pour un bouton de plus…

Et vroom, bye, bye ! Elle décollait.

Ah, ce petit bouton…

Elbane Hamady

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