
Courrier international – La voici donc “honorable”, titre répandu en Afrique francophone pour désigner les parlementaires. “L’honorable députée Rachel Keke a réalisé un exploit historique et inédit”, salue le site d’informations ivoirien Koaci. Le titre narre “l’incroyable destin” de cette native d’Abobo, quartier populaire d’Abidjan, “mère de cinq enfants et épouse de l’artiste zouglou Bobby Yodé, auteur de la célèbre chanson ‘Faut pas fâcher’”, qui a battu l’ex-ministre des Sports Roxana Maracineanu dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, au second tour des législatives.
“Femme battante, Rachel Keke entend bien porter la voix des travailleurs ‘invisibles’ à l’Assemblée nationale de France, abonde le quotidien Fraternité Matin. Elle est arrivée en France à 26 ans, en 2000, après le coup d’État militaire de 1999 [en Côte d’Ivoire]. Débutant comme coiffeuse, elle a été femme de chambre, puis gouvernante avant d’être naturalisée en 2015. Avec cette grande victoire, Rachel Keke entre dans l’histoire.”
Réduite à son travail de femme de chambre ?
Durant l’entre-deux-tours, le site L’Infodrome relatait sa lutte pour la revalorisation des salaires des femmes de chambre “majoritairement africaines” de l’hôtel Ibis Batignolles, à Paris. À l’issue de vingt-deux mois de grève, “elles avaient réussi à obtenir en mai 2021 un accord prévoyant une amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail auprès du groupe Accor et de son sous-traitant STN”. Mais la gréviste Rachel Keke Raïssa a continué de dénoncer “l’injustice que subissent les femmes noires dans la société française”, et en particulier “les conséquences que les emplois précaires qu’elles occupent majoritairement ont sur leur santé physique et mentale (accidents du travail, harcèlement moral et sexuel, mépris, etc.)”.
Agnès Faivre
Source : Courrier international
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