Mauritanie – Droits de l’homme : former des professionnels de l’information pour un journalisme de qualité

Thaqafa – Esclavage, travail forcé et travail des enfants ! Les mois de mai et juin 2022 ont été particulièrement laborieux pour les jeunes journalistes mauritaniens en matière de formation dans le domaine des droits de l’homme. Objectif, former des hommes et des femmes de médias pour un journalisme de qualité en Mauritanie.

Trop de platitude et pas assez de profondeur dans le traitement des sujets d’actualité. C’est le reproche fait aux journalistes mauritaniens accusés d’être des candidats du moindre effort. Dans un monde de l’information dominée par les réseaux sociaux avec leurs incommensurables lots de fakenews, le travail des journalistes professionnels devient de plus en plus un véritable sacerdoce.

L’opinion égarée au milieu de toute cette foisonnante masse de nouvelles inexactes, fausses, manipulées, tronquées, a en effet plus que jamais besoin de professionnels de l’information, donc de véritables journalistes professionnels pour rétablir la vérité et rapporter les faits, rien que les faits.

C’est pour répondre à cette impérieuse exigence et susciter de nouvelles vocations dans ce domaine du journalisme d’investigation, que l’Initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA) en collaboration avec l’ONG américaine, Free The Slaves(FTS), avait organisé du 20 au 22 mai 2022 une formation sur « Esclavage et Communication ».

Cette formation a été suivie, les 14, 15 et 16 juin 2022 par une autre formation organisée par le Projet Bridge du BIT, en présence de son consultant international, Charles Authman, sur le thème « Droits fondamentaux au travail : travail forcé et travail des enfants ». Ces deux formations ont mobilisé chacune une vingtaine de journalistes aussi bien du secteur public que des journalistes de la presse indépendante.

Esclavage et Communication

Formation des journalistes sur « L’esclavage » par IRA/FST – Crédit Aidara

 

Au cours de la formation offerte par IRA et Free The Slaves, avec Mamadou Lamine Kane comme expert dans ce domaine très complexe de l’esclavage et Dame Fall comme Coordinateur de l’ONG Free The Slaves en Mauritanie, les participants ont été imprégnés du cadre juridique et institutionnel entourant cette problématique en Mauritanie. Il s’agit en particulier de la Constitution et de la législation nationale qui garantissent l’égalité des citoyens, lesquels disposent en principe des mêmes droits et doivent être soumis aux mêmes obligations. Il s’est surtout agi de la Loi 2015-031 incriminant l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes, la création des tribunaux spéciaux pour le jugement des dossiers relatifs à l’esclavage, la Loi 2015-030 portant aide judiciaire, les missions dévolues aux instances gouvernementales pour veiller à la bonne application des textes de loi.

Vue partielle des participants – Crédit Aïdara 

Les participants se sont surtout imprégnés des techniques de traitement du sujet sur le plan journalistique, avec des propositions de collecte de l’information, puis de l’identification des sources, une analyse approfondie de la problématiques posée et les opportunités envisagées.

Pendant trois jours, les participants à l’atelier ont alterné cours théoriques et travaux pratiques. Ce noyau de journalistes, qui ne sont pas certes les premiers à avoir été formés sur ce sujet, sont censés devoir se spécialiser dans ce domaine et combler le vide constaté dans ce volet important des droits humains en Mauritanie.

Droits fondamentaux du travail

D’autres journalistes ont été conviés plus tard, entre le 14 et le 16 juin 2022 à une formation spécialisée sur les « Droits fondamentaux au travail : travail forcé et travail des enfants ». Cette formation, organisée par le Projet Bridge, a été dispensée par Charles Authman, un spécialiste de la question et consultant attitré du BIT pour la formation des journalistes dans les quatre coins du globe. Il a été secondé par deux formateurs nationaux.

Charles Authman en plein cours – Crédit Aïdara

 

Les travaux ont démarré par une clarification sur la terminologie, puis furent posés le contexte juridique de la problématique en Mauritanie et un apprentissage sur le Toolkit, un guide spécialement conçu pour traiter de manière journalistique les nombreux cas de travail forcé et de travail des enfants.

Dans l’introduction, les participants ont eu droit à l’historique de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), l’une des toutes premières institutions des Nations Unies créé juste après la 1ère guerre mondiale, en 1919. Puis, rappel des différentes conventions internationales relatives au travail forcé et au travail des enfants et qui ont été en majorité ratifiées par la Mauritanie. Il s’agit notamment de la Convention N°029 et son Protocole de 2014 relative au travail forcé, de la Convention 138 et 182 relatives respectivement à l’âge minimum au travail et les pires formes de travail des enfants. Il s’est aussi agi du travail domestique et de la Convention 189 non encore ratifiée par la Mauritanie, et de plusieurs autres dispositions juridiques.

Vue partielle de la salle – Crédit Aïdara

 

Basée sur une approche participative, la formation a porté sur la définition du travail forcé et du travail des enfants, ensuite comment trouver un sujet et sous quel angle. Les participants se sont également exercés sur l’étude de cas d’esclavage du point de vue de la loi de 2015, puis la présentation de l’étude menée par le Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme et le Bureau International du Travail (BIT) sur la mise en œuvre de cette loi.

Comme exercice pratique, les journalistes ont été amenés à simuler une réunion de rédaction en travaillant en petits groupes sur un sujet et son angle de traitement.

Sur l’outil NORMLEX – Crédit Aïdara

 

Dans la partie « Raconter une histoire », les participants ont été confrontés aux enjeux rédactionnels face au traitement de sujets aussi complexes et difficiles que ceux relatifs au travail forcé, au travail des enfants et à l’esclavage.

Enfin, dans la dernière partie, les journalistes ont eu à traiter un cas à travers la présentation d’un reportage suivi de discussions. Ils ont aussi été amenés à apprendre comment travailler avec les sources et les survivants, comment illustrer le sujet.

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Cheikh Aïdara

Source : Thaqafa (Le 19 juin 2022)

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