Acteurs sociaux et partenaires techniques et financiers, experts privés et décideurs politiques viennent de passer au peigne fin les problématiques de développement de la Mauritanie pour le quinquennat 2021-2025. Un diagnostic qui s’inscrit dans le cadre du deuxième plan national Croissance accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP). Les conclusions sont édifiantes pour l’avenir du pays.
Ce sera encore dur pour les Mauritaniens pour les 5 années à venir. Malgré une croissance de 7 pour cent attendue en 2025 à cause de l’exploitation du gaz, le gouvernement devra rationnaliser les dépenses publiques qui augmentent d’année en année. Une situation compliquée à laquelle ne s’attend pas le président mauritanien qui achève son premier mandat en 2024. C’est le travail de fourmis auquel les experts nationaux publics et privés et les représentants du gouvernement viennent de se livrer dans le cadre du deuxième plan national SCAPP pour le quinquennat 2021-2025.
Le diagnostic épingle la gouvernance de Ould Ghazouani qui n’a pas encore réussi à structurer voire diversifier et rendre compétitive une économie qui s’adosse sur l’informel à 90 pour cent et où les trois quarts des femmes ne travaillent pas. Cette faible employabilité des femmes est un handicap sérieux pour développer les secteurs productifs dont le besoin en investissements privés est impératif pour faire face à l’autosuffisance alimentaire dans un contexte de crise sanitaire qui a impacté largement l’économie et dont les conséquences sociales ont lourdement grevé le budget de l’Etat en plus de la crise ukrainienne dont les conséquences sur la hausse des prix du blé pénalisent les ménages faibles. Et l’espoir de la transition énergétique avec le développement de l’énergie verte, l’hydrogène vert passe nécessairement par le développement digital de l’économie en général.
Les experts pointent une situation alarmante au niveau de l’éducation dont le système est à bout de souffle avec l’insuffisance des infrastructures et la baisse du niveau des enseignants et des élèves et la dualité public-privé mal assimilée. L’éducation nationale fait face surtout à un déficit d’enseignants du au départ à la retraite qui n’est pas compensée par l’arrivée d’enseignants de qualité. La formation professionnelle devra s’adapter au marché de l’emploi pour résorber le chômage des jeunes.
C’est le rôle de l’éducation comme facteur d’unité nationale et de cohésion sociale qui est pointé du doigt contrairement pour les observateurs à la loi d’orientation de 2022 en attente d’être adoptée par le parlement. Pas de surprise également au niveau de la santé impactée par le covid-19 et dont la gestion des biens publics est calamiteuse entraînant un secteur incapable de faire face aux taux élevés des décès maternels et infanto-juvéniles.
La création de la carte sanitaire est impérative pour identifier les besoins au niveau des territoires. Deux points noirs de la gouvernance de Ould Ghazouani relatifs à la décentralisation communale et régionale toute récente qui souffrent d’absences de transferts de moyens par l’Etat. Une réforme s’impose pour le développement local. L’autre problématique concerne le capital humain avec en toile de fond la promotion du travail social peu structuré dans un pays qui accorde peu de moyens à la jeunesse peu qualifiée.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 16 juin 2022)
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