Mauritanie : le 14 juin 1993, une loi qui insulte l’histoire et la cohabitation

Le 14 juin 1993 une procédure d’urgence et exécutée comme loi de l’Etat apparaissait au journal officiel de la Mauritanie au grand dam des victimes des déportations de 1989 et des veuves et orphelins des 28 soldats de la vallée assassinés par l’armée en 1991.

L’histoire retiendra une loi d’amnistie « aux membres des forces armées et de sécurité auteurs des infractions commises entre le 1^er janvier 1989 et le 18 avril 1992 et relatives aux évènements qui se sont déroulés au sein de ces forces armées et ayant engendré des actions armées et des actes de violences ».

Les Mauritaniens ne sont pas amnésiques encore moins insensibles à la longue attente des corps des 28 soldats de la vallée assassinés en 1991 à la base militaire d’Inal, par les veuves et orphelins pour des sépultures dignes.

C’est l’une des pages les plus sombres de l’histoire du pays qui commença par la déportation de plus de 100000 noirs de la vallée en 1989 au Sénégal et au Mali et des centaines de civils enterrés dans des fosses communes au Sud du pays, Le 14 juin 1993 marque la continuité d’une volonté politique d’effacement des populations du Sud après l’accaparement de leurs terres agricoles en 1983.

En interdisant toute enquête, toute plainte et in fine tout procès contre ces forces armées et de sécurité qui ont commis des exactions contre la communauté négro-africaine, cette loi d’amnistie classée sans suite est considérée comme un crime contre l’humanité.

Cette loi fait mal à la cohabitation au point que depuis cette date les Mauritaniens se regardent comme des chiens de faïence. Ce n’est pas étonnant qu’aucun locataire du palais de Nouakchott du génocidaire Ould Taya à Ould Ghazouani excepté feu SIDIOCA, ne brandisse le drapeau de la réconciliation nationale. Le 14 juin 1993 est une loi qui insulte l’histoire, la Mauritanie a cessé d’être une république islamique.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste