Kylian Mbappé est déjà plus qu’un joueur au PSG

Si l’attaquant a prolongé avec le club parisien plutôt que de rejoindre le Real Madrid, c’est qu’il a obtenu la garantie de devenir la « pierre angulaire » du projet parisien.

Le Monde – Et si le futur projet sportif du Paris-Saint-Germain tenait en une phrase sur un tee-shirt blanc ? Sur celui enfilé par Kylian Mbappé, samedi 21 mai, au Parc des Princes, au moment d’officialiser sa prolongation de contrat de trois ans, est écrit « Kylian c’est Paris ». Quatre mots pour afficher le lien indéfectible entre le club de sa ville natale et lui, quatre mots pour annoncer la couleur aussi. A 23 ans, Mbappé – désormais lié au PSG jusqu’en 2025 – devient « la pierre angulaire du projet du club pour les années à venir, sur et en dehors des terrains », selon son président, Nasser Al-Khelaïfi.

L’attaquant a décliné les avances du Real Madrid, le club qui le fascine et le convoite depuis son adolescence passée à l’Institut national du football de Clairefontaine (2011-2013), temple de la préformation à la française. Comme en 2017, après son départ de Monaco. A l’époque, le PSG apparaît comme un choix de raison, celui de ne pas quitter tout de suite son pays pour un garçon tout juste en âge de voter, mais assez lucide pour remettre à plus tard son rêve d’enfance. Paris ne doit être qu’une étape dans une Ligue 1 habituée à voir ses talents très vite s’émanciper loin d’elle.

Mais le PSG n’est pas un club français comme les autres. Etre adossé au fonds souverain du Qatar offre certains arguments pour contrer l’attraction naturelle exercée par le Real sur les étoiles du football. Mbappé n’y a pas échappé. Il s’est vu à la « Maison blanche », mais Doha a dit non à son départ pour Madrid l’été dernier. Une question de principe, surtout à un peu plus d’un an d’une Coupe du monde au Qatar (du 21 novembre au 18 décembre 2022), que le numéro 10 des Bleus disputera avec l’étiquette de joueur du PSG. Tout, sauf un détail.

« C’est 100 % le sportif qui convainc Kylian, glisse au Monde un proche de M. Al-Khelaïfi. Ce n’est pas l’argent »

Alors, comment expliquer cette remontada parisienne face à un Real persuadé de voir Mbappé filer à l’espagnole et sans avoir à verser une indemnité de transfert ? Dans son entourage, on assure au Monde que le joueur – qui se passe des services d’un agent – a pris sa décision en soixante-douze heures, après avoir eu les deux offres contractuelles sur sa table.

Choix du riche

Si les détails financiers du nouveau contrat ne sont pas encore connus, cet aspect n’aurait pas été déterminant. Après tout, Mbappé a eu le choix du riche à ce niveau, entre une prime à la signature d’un côté et une à la prolongation de l’autre. Sans oublier une augmentation salariale garantie pour celui dont le salaire était estimé à 20 millions d’euros brut annuels.

« C’est 100 % le sportif qui convainc Kylian, glisse au Monde un proche de M. Al-Khelaïfi. Ce n’est pas l’argent. Il y a sa ville, la France, et c’est important avant la Coupe du monde et les Jeux olympiques à Paris, en 2024. Il y a une entente forte avec le président [du PSG], qui a refusé, en août 2021, une offre du Real, mais qui a gardé la confiance du joueur et de sa famille. »

 

L’orientation du projet sportif du PSG version Qatar Sports Investments, propriétaire du club depuis 2011, a ainsi pesé lourdement dans la balance et a fait l’objet d’une réflexion du côté de la star depuis six mois.

Dans ce duel, le PSG a aussi gagné le match du récit. Une surprise. Persuadé d’être une institution plus respectable avec ses treize Ligues des champions en vitrine, le Real a oublié un détail : Kylian Mbappé joue avec un œil sur ses statistiques et un autre sur un livre d’histoire du football. L’avantage de toujours courir derrière cette « coupe aux grandes oreilles », c’est qu’il peut être le premier à l’offrir au club de la capitale.

Un goût d’inédit en bouche, alors qu’au Real une victoire surprendrait beaucoup moins le palais. Voilà dans quel sens il faut comprendre sa courte déclaration, avant d’enfiler son maillot et de marquer trois buts, samedi 21 mai, à la malheureuse défense messine pour le dernier match de la saison (5-0). « J’espère que je vais continuer à faire ce que j’aime le plus, jouer au football et continuer à gagner des trophées avec vous tous. »

 

En étant également au cœur du projet. L’intéressé assume cette influence. L’enfant de Bondy (Seine-Saint-Denis) l’a gagnée sur le terrain cette saison avec ses 28 buts et 16 passes décisives en championnat, des grands soirs européens, même lors de l’élimination contre le Real en huitièmes de finale de Ligue des champions. Il y a eu un Paris avec et un Paris sans Mbappé. Et le second a souvent fait peine à voir. De quoi nourrir certaines exigences à l’avenir. Au début de cette semaine décisive, le journaliste espagnol Edu Aguirre annonçait la prolongation du joueur, en échange de quelques garanties, comme un droit de regard sur le choix du futur entraîneur. Un fantasme, rétorque un proche du dossier.

Hégémonie parisienne

Avec ou sans la validation de son numéro 7, Mauricio Pochettino est un entraîneur sur le départ, même si l’Argentin s’accroche à sa dernière année de contrat. Samedi, il a avoué avoir appris, « quelques minutes avant l’annonce », la prolongation de son attaquant. Leonardo, lui, a déjà été remercié dans la nuit de samedi à dimanche, en catimini. Un fin connaisseur du club rhabille le directeur sportif brésilien pour l’été : « Il y avait un problème en matière de résultats sportifs avec Leo. Cela explique son départ. Zéro vente en trois ans, une mauvaise gestion du collectif, des jeunes, du coach. Il vire le coach qui ensuite gagne la Ligue des champions dans la foulée [Thomas Tuchel, avec Chelsea]. »

« Il ne faut pas que le PSG devienne le FC Mbappé. Il faut faire en sorte qu’on ne soit pas dans cette politique de rockstar » (Bixente Lizarazu)

Le nom de Luis Campos circule déjà pour le remplacer. Spécialiste du recrutement, le Portugais est l’ancien directeur sportif de Monaco et de Lille, ces récents champions de France – en 2017 pour le premier, en 2021 pour le second –, malgré l’hégémonie parisienne. L’homme présente aussi l’avantage d’entretenir d’excellentes relations avec la famille Mbappé pour avoir aidé le fils prodige à signer son premier contrat professionnel en Principauté.

Forcément, certains s’étonnent des prérogatives que le PSG est prêt à donner à sa star. « Il ne faut pas que le PSG devienne le “FC Mbappé”. Il faut faire en sorte qu’on ne soit pas dans cette politique de rockstar. Il faut retrouver les vertus collectives », prévient le champion du monde 1998 Bixente Lizarazu, sur TF1. Mais Nasser Al-Khelaïfi veut croire au pouvoir d’entraînement de Mbappé. Celui-ci n’est ni Neymar ni Messi. Moins éparpillé que le premier, dont les blessures et les états d’âme lassent du côté de Doha, plus jeune que le second, nostalgique de sa routine barcelonaise, le prodige de Bondy aime et recherche les responsabilités.

Statut de leader

Avec cette prolongation, le débat est clos : le numéro 1 à Paris, c’est « Kyky ». Dans son entourage, on dit qu’un grand joueur peut faire un club, par son incarnation – comme « l’ambassadeur de la région parisienne, premier vivier de joueurs de France » – ou son exemplarité, sans pour autant faire l’équipe. Kylian Mbappé ne devrait pas attraper son téléphone pour chercher un remplaçant à Angel Di Maria ou trouver lui-même un point de chute pour des gros salaires devenus indésirable, comme Mauro Icardi, Julian Draxler ou Layvin Kurzawa. Sa carrière de directeur sportif attendra un peu. Mais les prochaines décisions stratégiques devront favoriser son épanouissement, ses intérêts – et coller à ses qualités –, car ils seront, par nature, ceux de l’équipe.

En revanche, ce statut de leader est assumé. Les comparaisons renvoient aussi bien à Cristiano Ronaldo, au Real Madrid, qu’au basketteur Michael Jordan. A Chicago, le légendaire numéro 23 a d’abord été un soliste génial, habitué aux échecs dans la dernière ligne droite des saisons NBA. Devenu le patron incontesté et exigeant de sa franchise, Jordan a attendu pendant sept ans avant de décrocher la première de ses six bagues de champion.

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Source : Le Monde

 

 

 

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