TANZANIE : LE RÊVE RÉALISÉ DE CHEIKH ANTA DIOP ET DES PANAFRICANISTES

EXCLUSIF SENEPLUS - C'est le seul pays africain à avoir appliqué une politique résolument souverainiste et panafricaniste sans désemparer depuis l’avènement de l’indépendance. Une trajectoire déterminante pour toute l’Afrique dans un avenir proche

Seneplus – La République unie de Tanzanie a été instituée en 1964, avec l’union de la République du Tanganyika et de l’île de Zanzibar après leur indépendance respective de la Grande-Bretagne en 1961 et en 1963.

Situé en Afrique de l’Est, bordant l’océan Indien, il est entouré du Kenya et de l’Ouganda au nord, par le Rwanda, le Burundi et la République Démocratique du Congo à l’ouest, par la Zambie et le Malawi au sud-ouest et par le Mozambique au sud.

Il s’étend sur une superficie de 945 087 km2 et comptait 58,5 millions d’habitants en 2018.

Le père fondateur, « Mwalimu » Julius Nyerere, qui en a assuré la présidence de l’indépendance jusqu’à sa retraite en 1985, a imprimé au pays la vision panafricaniste qu’il partageait avec les Cheikh Anta Diop, Kwame Nkumah, Modibo Keita et autres Sékou Touré.

Mais à la différence de tous les autres panafricanistes, le panafricanisme de Julius Nyéréré a été mis en œuvre en Tanzanie et définit encore le pays et la région sur plusieurs aspects.

Lors d’un séjour en Tanzanie en début de ce mois de mai 2022, j’ai été frappé par la prégnance de la langue du Kiswahili, celle de la monnaie nationale, le Shilling tanzanien et par les progrès dans la construction de l’unité africaine.

Le Kiswahili est la langue officielle du pays depuis 1964. C’est la langue d’enseignement dans l’éducation nationale, dès l’école maternelle. Ce n’est qu’au secondaire, que l’enseignement de l’anglais est introduit.

Jusqu’en 2021, l’anglais était utilisé concurremment avec le Kiswahili dans les Cours et Tribunaux, mais depuis le 5 février de cette année-là, une loi fait de la langue nationale, la seule langue de la justice et du droit.

Cette option de l’introduction de la langue nationale dans l’enseignement dès le primaire s’est avérée payante pour la Tanzanie puisque le taux d’alphabétisation du pays en 2021 s’établit à 77, 78 %, l’un des plus élevés au monde. Celui du Sénégal à la même période est de 54,6%.

Les progrès de l’alphabétisation en Kiswahili ont permis son adoption comme la langue du gouvernement et de toute l’administration. Les communications de l’Assemblée nationale et du gouvernement se font entièrement et exclusivement dans cette langue.

Ainsi à l’ouverture de la première manifestation continentale sur la liberté de la presse en Afrique organisée conjointement par l’Union africaine et l’UNESCO, sous la présidence du gouvernement de la Tanzanie, le 3 mai dernier, la présidente Samia Suluhu Hassan s’est exprimée en Kiswahili. Le Kiswahili prédomine aussi dans les médias, journaux, radios, télévisions et médias sociaux.

L’autre option panafricaniste de la Tanzanie, c’est sa monnaie nationale. Sa dénomination, le shilling tanzanien (TSh), adopté dès 1966, est émise et gérée depuis lors par la Banque de Tanzanie, banque centrale en charge de la politique monétaire et fiscale du pays.

C’est une monnaie flottante, qui n’est basée sur aucune devise ou panier de devises. Le taux d’inflation annuelle s’élevait à 3. 5% en 2019.

En juin 2020, la Banque Mondiale a reclassé le pays de la catégorie de « pays pauvre » à celui de « pays revenu moyen inférieur » et selon les projections du gouvernement, la Tanzanie accédera à la catégorie de « pays à revenu moyen » en 2030.

Les analystes estiment que cet objectif est tout à fait réalisable au vu des immenses chantiers d’infrastructures et de chemins de fer depuis quelques années et qui permettront de désenclaver entièrement le pays et de le relier aux pays voisins.

La troisième option panafricaniste fondamentale de la Tanzanie, c’est la construction de l’unité régionale de l’Afrique de l’Est comme étape décisive de l’État fédéral africain.

Le pays est membre fondateur avec le Kenya et l’Ouganda de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (C.E. A. E) qui est basé à Arusha en Tanzanie et comprend aujourd’hui 7 États, le Burundi, le Rwanda, le Soudan du Sud et la République Démocratique du Congo s’étant joints les uns après les autres aux membres fondateurs.

La C.E.A.E projette de se constituer en un État uni, la Fédération de l’Afrique de l’Est dont la Constitution entrera en vigueur dès 2023 et qui aura comme monnaie unique, le Shilling d’Afrique de l’Est et dont le Kiswahili sera la langue officielle.

La Fédération de l’Afrique de l’Est avec une superficie de 4,812,618 km, constituera le plus grand pays d’Afrique, et le 7e plus grand au monde, devant l’Inde et s’étendra de l’océan Indien à l’océan Atlantique et avec une population de  281,050,447  sera plus peuplée que la Russie, que le Mexique, et que l’Indonésie.

La Tanzanie est le seul pays africain à avoir appliqué une politique résolument souverainiste et panafricaniste, sans désemparer depuis l’avènement de l’indépendance.

Du « Mwalimu » Julius Nyéréré dont le portait orne encore toutes les institutions de l’État ainsi que les billets de banque, à la présidente Samia Suluhu Hassan, 6e chef de l’État depuis l’indépendance.

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Alymana Bathily

Source : Seneplus (Le 20 mai  2022)

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