Alima Dioba Togola, l’art et la manière sur les planches réelles et virtuelles

Chaque lundi, “Courrier international” vous invite à découvrir une influenceuse ou un influenceur. Cette semaine : Alima Togola. Elle est le visage de la scène malienne, et ses sketchs en bambara sur la condition féminine cartonnent sur les réseaux sociaux, nouveau bouche-à-oreille. “Maliweb” lui consacre un portrait.

Courrier international – Prochain cap : 2 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux pour cette jeune comédienne malienne qui, décidément, ne laisse personne indifférent !

Alima Togola se fait davantage connaître grâce aux réseaux sociaux avec ses sketchs [en bambara et parfois en français] sur le quotidien au Mali. Intégrant l’Institut national des arts de Bamako (Ina), puis le Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté [d’après la tradition orale mandingue, il fut le griot, ou conteur mystique, personnel de Soundiata Keïta, roi légendaire du royaume de Manding au XIIIe siècle], elle obtient sa licence en 2017. Elle compte aujourd’hui 1 million d’abonnés sur Facebook et n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. [Elle est également très active sur TikTok.]

 

L’appel de la scène

 

Née le 9 mai 1994 à Kati, Alima Dioba Togola est une artiste comédienne, influenceuse, web humoriste et actrice malienne. Comme elle aime à le dire, elle a quitté Kati Senbleni [surnom en bambara de cette ville malienne située à 15 kilomètres de la capitale] pour Bamako Star.

Tout a commencé le 22 février 2017 grâce à Prosper Danioko, dit Diarabi, son ami. Les gens ont commencé à le suivre, à l’aimer, à commenter et à partager ses petites vidéos. Petit à petit, c’est devenu une communauté virtuelle. Entre insultes, appréciations, dénigrements et encouragements, Alima a néanmoins décidé de continuer et voilà qu’elle célèbre son million d’abonnés.

En 2013, Alima Togola, encore élève à l’Ina de Bamako, interprète le rôle de Juliette dans la tragédie Roméo et Juliette, de Shakespeare, revisitée et mise en scène par Amandine Sagnès, installée au Mali depuis 2011. En 2016, elle est en scène dans la pièce Les marguerites ne poussent pas dans le désert, adaptation par Michel Beretti [dramaturge français] d’un recueil de nouvelles de Birama Konaré [écrivain malien].

 

Déjà un long CV

 

La même année, Alima Togola joue dans 4928 ou le Voyage en Suisse de Rosette W. La pièce se joue en Suisse et raconte l’histoire tragique de Rosette Wolczak, une adolescente juive de 15 ans, réfugiée en Suisse puis refoulée. Elle est capturée et déportée à Auschwitz, où elle est gazée dès son arrivée.

En 2018, elle est sur scène dans Djon bê sini don ? [titre en bambara signifiant “Qui connaît l’avenir ?”], une pièce écrite et mise en scène par Michel Beretti. Le spectacle, un “seule-en-scène” entre humour et monologue, est présenté le vendredi 20 avril 2018 à l’espace culturel Blonba de Bamako.

En décembre 2019, Alima Togola et la comédienne Oumou Diarra présentent Kounou ni bi au Magic Cinema (ex-Babemba). [La pièce] est également l’un des spectacles inauguraux de la reprise post-Covid de l’espace culturel Blonba, le 29 août 2020.

Évoquant son million d’abonnés, Alima Togola remercie son ami Prosper Danioko, grâce à qui cela a été possible, car il est à [l’origine] de la création de sa page Facebook.

 

E-griotte

 

“J’ai l’habitude de poster de petites vidéos qui parlent du quotidien du Malien, à savoir : les relations entre époux et épouses, belles-mères et belles-filles, hommes et femmes, mères et enfants, etc. Ces vidéos ont généralement des milliers de vues, de likes et de partages, parce qu’il y a des gens qui adhèrent à cette manière de faire et sont d’accord avec moi. Au fil du temps, je ne me suis pas découragée ni fatiguée, j’ai continué, et aujourd’hui je me retrouve avec 1 million d’abonnés”, explique-t-elle. À propos des sentiments qui l’animent, Alima déclare : “Je suis très contente parce que ça prouve que ce que je fais est important et a de l’influence. Je suis très ravie d’être en contact avec 1 million de personnes, mais cela ne signifie pas forcément que je suis appréciée par tout ce monde.”

“Il y a ceux qui me suivent sans dire un mot. Il y a ceux qui m’apprécient, ceux qui me détestent et même ceux qui attendent que je perde ma page. Un million d’abonnés ne veut pas dire qu’ils sont tous là pour mon bien. Je suis contente, mais avec des réserves.”

Libre et ambitieuse, Alima se convainc toujours que personne ne lui dicterait ce qu’elle doit faire, mais aujourd’hui, à l’entendre, les gens ont leur mot à dire à leur Alima nationale. Au sein de la Gawa Gang [collectif formé autour des arts de la scène animé par Alima Togola], elles sont vendeuses de condiments, ministres, gardiennes, porteuses d’uniforme, agentes de santé, femmes au foyer, etc. à s’exprimer librement, sans tabou.

 

“Je me fais plaisir d’abord, ensuite je pense aux autres”

 

Alima Togola est devenue une source d’inspiration pour certains, un antidépresseur pour d’autres. Des perspectives, la comédienne en a comme beaucoup d’artistes. Il s’agit de projets de création qu’elle connaît à la base, mais aussi de faire de petites vidéos, ce qui est très tendance.

Alima Togola demande au public de continuer à s’abonner parce qu’il faut qu’elle atteigne très vite les 2 millions, même si elle n’impose à personne de s’abonner à sa page. “On le fait par conviction, parce qu’on aime ce que je fais, mais on ne peut pas forcer la main à quelqu’un. Je vais redoubler d’efforts pour continuer à satisfaire les gens et pour avoir d’autres abonnés”, promet-elle.

Concernant les critiques des uns et des autres sur son accoutrement ou sa coiffure, elle martèle : “Je suis libre, majeure et vaccinée. Je ne le fais pas pour plaire : je me fais plaisir d’abord, ensuite je pense aux autres. Les critiques, du moment qu’elles sont positives et vont dans le bon sens et le respect, je les prends. Une chose est sûre, je ne peux pas satisfaire tout le monde, et je me dis que quand on apprécie quelqu’un c’est avec ses qualités et ses défauts.”

Pour terminer, Alima Togola souhaite que la paix et la stabilité reviennent au Mali, que l’entente règne, qu’on se donne la main, qu’on s’écoute et qu’on se pardonne.

Source : Courrier international

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