
Le HuffPost – Pour renforcer sa sécurité, la Finlande, historiquement neutre, a confirmé, ce jeudi 12 mai, sa volonté d’intégrer l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan). Le président et la Première ministre du pays se disent favorables à une adhésion “sans délai”, précisant que la décision du pays nordique serait annoncée dimanche à l’organisation.
″Être membre de l’Otan renforcerait la sécurité de la Finlande. En tant que membre de l’Otan, la Finlande renforcerait l’alliance dans son ensemble. La Finlande doit être candidate à l’adhésion à l’Otan sans délai”, ont affirmé le président Sauli Niinistö et la Première ministre Sanna Marin dans un communiqué commun.
Une conférence de presse du tandem exécutif sur les “décisions concernant la politique de sécurité de la Finlande” est prévue dimanche, indique la présidence. “Nous espérons que les étapes nationales encore nécessaires à cette décision seront prises rapidement dans les tout prochains jours”, indiquent Sauli Niinistö, interlocuteur régulier de Vladimir Poutine ces dernières années, et Sanna Marin, plus jeune Première ministre d’Europe.
Cette annonce a d’ailleurs immédiatement déclenché une réaction du Kremlin qui y a vu une menace. “L’élargissement de l’Otan et le rapprochement de l’Alliance de nos frontières ne rend pas le monde et notre continent plus stable et plus sûr”, a déclaré Dmitri Peskov à la presse, répondant “assurément” à la question de savoir si la Russie considèrerait une entrée de la Finlande dans l’Otan comme une menace.
La guerre en Ukraine, le point de bascule
La prise de position officielle de l’exécutif finlandais marque la bascule de la ligne finlandaise, qui partage une frontière de 1300 kilomètres avec la Russie et un passé douloureux avec son puissant voisin. L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février a fait basculer rapidement l’opinion et les responsables politiques finlandais, tout comme en Suède, qui pourrait également annoncer rapidement une candidature.
En Finlande, 5,5 millions d’habitants, 76% de la population est désormais en faveur de l’adhésion, selon un sondage publié lundi, soit le triple de son niveau d’avant-guerre. Une très large majorité des 200 députés au Parlement est acquise, avec des opposants tombés autour d’une dizaine, et la plupart des partis sont désormais favorables – le parti social-démocrate de Sanna Marin doit prendre position en dernier ce samedi.
“Adhérer à l’Otan ne serait contre personne”, avait affirmé mercredi soir le président finlandais, en réponse aux mises en garde russes contre une entrée d’Helsinki dans l’alliance. Pour le chef d’État finlandais, longtemps un avocat du dialogue Est-Ouest, la Russie ne peut s’en prendre qu’à elle-même de voir son voisin rejoindre l’alliance. “Si nous adhérions ([à l’Otan], ma réponse [à la Russie] serait: ‘c’est vous qui avez fait cela, regardez-vous dans le miroir’”, a affirmé le président finlandais mercredi soir.
Mercredi, la commission de la défense du Parlement finlandais avait conclu que l’Otan était “la meilleure option” pour la sécurité de la Finlande après l’invasion russe de l’Ukraine.
Une histoire douloureuse avec la Russie
Soumise à une forme de neutralité forcée par Moscou durant la Guerre froide, la Finlande avait adhéré à l’Union européenne et au Partenariat pour la Paix de l’Otan après la chute de l’Union soviétique, mais était restée non membre de l’alliance. Ancienne province russe (1809-1917) et envahi par l’Union soviétique en 1939, le pays partage une frontière d’environ 1300 kilomètres avec la Russie.
Tout en menant d’importantes consultations intérieures et internationales, le président Niinistö et la Première ministre Marin s’étaient abstenus jusqu’ici d’exprimer publiquement leur préférence dans ce dossier.
“Si le président Niinistö, qui est peut-être le leader d’opinion avec le plus d’influence dans le pays, avait fait connaître son choix plus tôt, cela aurait pu étouffer le débat”, souligne à l’AFP Iro Särkkä, professeure de sciences politiques à l’Université d’Helsinki.
La décision formelle sur l’adhésion doit être prise par un Conseil sur la sécurité et la politique étrangère, réunissant le chef de l’Etat, la Première ministre et plusieurs ministres.
Inquiètes de la réaction de la Russie à leurs probables demandes d’adhésion à l’Otan, la Suède et la Finlande ont déjà cherché à obtenir des assurances de protection pendant les mois nécessaires à leur entrée formelle dans l’Alliance atlantique.
A l’occasion d’une visite de Boris Johnson dans les deux pays mercredi, le Royaume-Uni a ainsi signé des déclarations de protection mutuelle avec la Suède ainsi qu’avec la Finlande.
Source : Le HuffPost
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