L’université d’Abidjan transformée en dortoir la nuit tombée

Les douze cités universitaires de la ville d’Abidjan n’ont pas assez de places pour accueillir les 60.000 étudiants de l’Université Félix-Houphouët-Boigny de Cocody qui est la plus grande université publique du pays.

Deutsche Welle – Il est 22h15 et c’est derrière un amphithéâtre de l’Université de Cocody que nous rencontrons Drissa Sékongo, un étudiant de 21 ans, venu de Ferké, une ville du nord de la Côte d’Ivoire. Drissa Sékongo est assis seul dans le noir.

‘’Je suis en train de faire des recherches, il faut dire que c’est avec le wifi que j’arrive à faire mes recherches. Mais quand je suis éloigné, je n’arrive pas à me connecter au wifi. Raison pour laquelle je suis assis ici. Je ne suis pas logé, nous dormons dans les salles de TD (travaux dirigés), précisément sous les bancs. Et concernant la restauration, il y a un restaurant sur le campus où nous pouvons manger à 200 francs CFA à partir de 17 heures et les dames ferment le restaurant à 19h30.’’

A quelques mètres de là, Aboulaye Koné, étudiant en mathématiques, effectue également ses recherches dans les mêmes conditions. Cet étudiant n’a pas toujours la chance de passer la nuit au même endroit. C’est pourquoi il se promène avec ses affaires dans son sac à dos.

‘’Je n’ai pas de parents à Abidjan. Donc chacun se débrouille comme il peut. Je dors également dans les salles de TD. Dans mon sac à dos j’ai quelques cahiers et puis mes vêtements.’’

Plus loin, nous nous retrouvons face à deux grands fûts installés pour se laver les mains pendant la crise sanitaire de la Covid-19. C’est ici que les étudiants s’approvisionnent en eau pour leur douche et pour boire. Mais personne ne peut garantir la qualité de cette eau.

Conditions d’hygiène

Seydou Yéo, étudiant en comptabilité, est venu recueillir de l’eau pour se laver. Ensuite, il ira se trouver un coin isolé sur le campus pour pouvoir faire sa toilette.

 « Il n’y a pas de douche ici. Il y a un coin là-bas où on se lave. On attend 21h-22h pour pouvoir se laver. Les filles se lavent ici et nous les garçons, nous nous lavons de l’autre côté.’’

Nous quittons Seydou Yéo, le temps de le laisser se laver. Sans chambre et sans une bonne connexion internet, il est difficile d’être étudiant à Abidjan. Surtout lorsqu’on vient de l’intérieur du pays et qu’on n’a personne qui puisse vous aider, ajoute Aboulaye Koné.

‘’Pour être franc, c’est difficile. Celui qui arrive ici sans avoir eu les informations au préalable et qui s’engage, c’est vraiment difficile. Lorsque tu as un devancier qui guide tes pas, là ça peut aller. Mais lorsque tu arrives de l’intérieur du pays, quand on te dit tu es étudiant à l’université, sans connaître tout, là ce n’est pas facile.’’ 

Des cours dispensés en plein air sur le campus de l'université à Abidjan (mai 2005) Des cours dispensés en plein air sur le campus de l’université à Abidjan (mai 2005)

A 23h45, nous retrouvons à nouveau Seydou Yéo. Si certains étudiants de cette université ont la chance d’utiliser les amphithéâtres comme dortoir, c’est sur une natte dressée sous une bâche que Seydou Yéo passe ses nuits aux côtés de ses camarades. Plus loin, d’autres dorment carrément sur des chaises devant les salles de classes.

‘’Nous sommes au campus comme vous pouvez le constater. Ici c’est notre dortoir. Après la journée qui a été très difficile, on a trouvé un peu de force pour se laver. Maintenant on va essayer de dormir un peu et puis se réveiller pas trop tard pour réviser un peu avant d’entamer la journée de demain. Ce n’est jamais facile de se coucher à même le sol. Souvent quand il pleut la fraicheur nous cogne mais on n’a pas d’autre choix, pas d’autres possibilités, voilà pourquoi on est obligé de faire avec.’’ 

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Julien Adayé

 

 

 

 

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

 

 

 

 

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