
Courrier international – La politique du zéro Covid est maintenue à Shanghai, et certains travailleurs de la plus grande ville de Chine, empêchés d’aller travailler par un confinement drastique, s’installent dans leurs bureaux et y campent pour plusieurs jours, voire quelques semaines, rapporte le Wall Street Journal (WSJ).
Ces campeurs ne sont pas des travailleurs précaires. Xiangru Zheng est employé de la Banque industrielle et commerciale de Chine (BICC). Il travaille via un système interne et sécurisé, accessible uniquement depuis son bureau, exigeant sa présence devant son poste de travail. Il explique au titre américain qu’il a choisi d’installer sa tente dans l’open space depuis maintenant deux semaines, et devrait bénéficier d’une prime.
Depuis la mi-mars, “un certain nombre” de banques, de sociétés de gestion d’actifs et d’autres institutions financières confirment avoir installé leur personnel sur leur lieu de travail pour maintenir l’activité de l’entreprise, poursuit le WSJ.
Isolement forcé
Déjà trois semaines de vie commune avec ses collègues pour Mou Jiahao. Le gestionnaire des risques de 35 ans travaille dans une filiale de la société Orient Securities Co – l’ambiance actuelle lui rappelle celle de son université.
À la longue, la cohabitation entre collègues devient difficile à gérer, surtout pour les employés qui n’ont pas choisi le camping au bureau – comme Yan Yuejin, analyste immobilier. Le mois dernier, il a fait partie des 2 000 personnes enfermées durant sept jours dans leur bureau après des cas positifs dans le voisinage.
“À partir de 20 heures ou 21 heures, les gens enfilent leur pyjama et leurs chaussons. Et je dois dire que se retrouver à se brosser les dents en compagnie de son patron, c’est plutôt gênant.”
Une autre salariée shanghaïenne, Jennifer Dong, raconte au titre avoir été sommée de s’isoler au bureau avec ses collègues, un soir, deux jours après que les autorités ont soupçonné un cas de contamination “34 étages plus bas” que son lieu de travail.
“Certaines des plus grandes usines chinoises ont également adopté un système de bulles [d’isolement]”, poursuit le titre, qui le racontait déjà dans un autre article.
La roulette russe
Si, au début, les salariés confinés au travail trouvaient l’expérience amusante, très vite, la réalité de la vie de dortoir a les rattrapés — fatigués de découvrir, par exemple, les ronflements de leurs collègues.
D’autres sont devenus des spécialistes de la préparation au confinement surprise. Pour Stéphanie Sam, employée dans la communication, “se déplacer avec un sac contenant le nécessaire est devenu une seconde nature”. Pour être prête à s’isoler à tout moment, elle se déplace constamment avec assez de gel hydroalcoolique, de lingettes de désinfection, de savon et de dentifrice pour tenir deux semaines. Mais aussi du café et des tongs – et elle ne se sépare plus de son chien.
Lors des premières semaines de mars, “quitter son domicile revenait à jouer à la roulette russe”, affirme-t-elle au Wall Street Journal. “Impossible de savoir où et quand vous alliez vous retrouver coincé.”
Source : Courrier international
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