
Le Monde – A midi, la participation était de 25,48 %, en baisse de trois points par rapport à 2017. En attendant les estimations à 20 heures, nos journalistes racontent la journée à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Besançon, Creil, en Bretagne, en Corse et à La Réunion.
Le vote par procuration, « c’est la prise de tête », estiment Guillaume et Lucile
En vacances à La Réunion, Guillaume, 27 ans, et son amie Lucile, 25 ans, auraient bien voulu voter mais ne voulaient pas annuler ce voyage dont ils rêvaient depuis longtemps. « Le vote par procuration, c’est la prise de tête. Trop compliqué », déplore Guillaume qui réside à Bordeaux. « Il serait plus simple de pouvoir se présenter dans un bureau de vote avec sa carte d’électeur et une lettre d’attestation sur l’honneur ».
Un peu frustré mais profitant pleinement de la plage de Boucan Canot, ce cuisinier confie qu’il aurait voté « à droite ». Très probablement pour Emmanuel Macron, répond-il quand on lui demande de préciser. « Mon esprit, c’est travailler plus pour gagner plus. Je suis pour les candidats qui soutiennent ceux qui se lèvent tôt le matin. Il y a trop de gens qui profitent du système ». Ce qui ne signifie pas qu’il a des sympathies pour « les extrêmes ». Guillaume dit « en avoir peur ». « Dans la restauration, les meilleurs avec lesquels j’ai bossé sont les étrangers, appuie le jeune homme. Beaucoup veulent s’en sortir. Il y en a qui prétendent qu’ils viennent voler le travail des Français. C’est faux. Beaucoup de Français ne veulent plus faire les boulots pénibles ».

Sur la plage de Boucan Canot, à La Réunion. Faute de procuration, Guillaume et Lucile ne voteront pas dimanche 10 avril 2021.
Bonjour Ernest,
Il va falloir être patient et attendre 20 heures pour avoir les résultats, car toute diffusion de résultats avant 20 heures est interdite par la loi. C’est ce que dit l’article L52-2 du code électoral :
Lorsque la République forme une circonscription unique, aucun résultat d’élection, partiel ou définitif, ne peut être communiqué au public par quelque moyen que ce soit avant la fermeture du dernier bureau de vote sur le territoire métropolitain.
A Ajaccio, on vote « par conviction », pour « faire barrage »… et pour Yvan Colonna
La participation électorale est orientée à la baisse en Corse, avec un taux de 25,46 % à la mi-journée, contre 27,51 % il y a cinq ans. Sur cette agora à ciel ouvert qu’est le marché d’Ajaccio, place Campinchi, Sauveur, 67 ans, ne reconnaît pas un « dimanche d’élections comme les autres ».
Bien que ce vendeur de charcuterie n’ait plus glissé de bulletins dans l’urne depuis quinze ans, il s’inquiète du « contexte » : le Covid-19, les « gilets jaunes », l’Ukraine, la Corse, mais pas seulement. « Il y a eu beaucoup de crises ces cinq dernières années, je ne saurais pas dire si j’aurais voté pour le président, mais qui a-t-on en face ? », s’interroge-t-il.
Sous les bâches, trois femmes entament aussi leur revue de presse du matin. Une brune quinquagénaire, qui ne veut pas donner son nom, aurait glissé un bulletin « Yvan Colonna » dans l’urne. « De toute façon, cela fait cinq ans qu’on paie encore plus de charges », soupire la commerçante.
Laura, 55 ans, est marin pour la compagnie Corsica Linea. « J’aurais voté Melenchon si j’avais pensé à faire ma procuration », assure-t-elle. Il y a plus de touristes que d’électeurs sur le marché, ce matin. Prescilla, elle, votera « bleu Marine », comme la couleur de son sweat-shirt. Un vote par fidélité, alors que la quadragénaire était « moins fan du père », Jean-Marie Le Pen.
En 1992, les nationalistes avaient empêché au fondateur du Front national d’atterrir à Bastia et de tenir son meeting à Ajaccio. En 2017, sa fille sortait en tête du premier tour en Corse, avec 27,88 %, alors même que le Rassemblement national ne compte pas un seul élu dans l’île.
C’est pour cela que Louis et Pierre, la soixantaine sportive, sont allés faire leur devoir ce matin. « J’ai voté pour faire barrage à certaines personnes », assure le premier. « Moi, j’ai voté par conviction pour un homme qui aime le rural », sourit le second. Tous deux seront devant leur télévision, ce soir à 20 heures.

Sauveur, 67 ans, le 10 avril 2022, à Ajaccio, Corse. A gauche, Pierre, et Louis au marché.

Bonjour, A quelle heure est prévue la publication du prochain taux intermédiaire de participation ? Merci,
Bonjour Clément,
Le prochain taux de participation sera connu à 17 heures. Nous vous tiendrons informé à ce sujet dans notre direct et, d’ici là, nos correspondants vous font vivre la journée de vote à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Besançon, Creil, en Bretagne, en Corse et à La Réunion.
N’hésitez pas à nous poser vos questions, nous tenterons d’y répondre dans la mesure du possible.
A Besançon, on compose avec le Covid-19, qui a indisposé des assesseurs

Elise Aebischer, adjointe au maire de Besançon, le 10 avril 2022.
Leurs brins de verdure à la main, tandis qu’ils pénètrent dans le bureau de vote numéro 103 au centre Pierre-Bayle de Besançon (Doubs), rappellent que ce dimanche 10 avril 2022 est, pour les catholiques, celui des Rameaux. La proximité de l’église Saint-Pierre justifie l’affluence soudaine. « La sortie de la messe, un grand moment des élections… », sourit Elise Aebischer, adjointe au maire, qui vient au même instant vérifier que tout se déroule bien dans le centre-ville.
Est-ce d’ailleurs le cas ? « Quelques défaillances d’assesseurs et de deux présidents de bureau victimes [du] Covid, répond la jeune femme, touchée par le virus la semaine précédente. Mais, globalement, tout est bon, nous voyons revenir des assesseurs bénévoles même si nous continuons de recourir à des contrats étudiants, un par bureau environ. Et la participation paraît correcte. »
Sans rameau, Gisèle Hann vient d’accomplir son devoir électoral. L’ancienne formatrice, qui a notamment travaillé avec une association d’accueil des immigrés, désormais retraitée, n’a « ni hésité à venir ni hésité sur le choix du vote. » Elle s’en amuse, d’ailleurs. « Avant, je me décidais un peu au dernier moment, mais ce n’est pas le cas cette fois-ci, je suis à l’inverse de la tendance générale, ça m’arrive souvent. Beaucoup de gens sont déroutés. Je ne vous dirai pas pour qui j’ai voté, mais j’ai choisi tôt et je n’ai pas varié depuis, ce scrutin-là est particulièrement important. Il est même plus déterminant que les autres. »
Autre retraité, mais du commerce, Jean-Charles Dieterlé, 75 ans, semble connaître tout le monde dans la cour du bureau 103. Lui n’a jamais failli. « Aucune abstention depuis le jour où j’ai eu le droit de vote, 21 ans à mon époque, et je suis trop vieux pour commencer », confirme-t-il.
En l’écoutant, difficile de ne pas savoir d’emblée à qui ira son bulletin quelques minutes plus tard. « Celui qui est en place, je vois comment il va, je fais avec ! Il y en a douze, mais le choix se fait en réalité entre deux seulement. Bon, j’aurais peut-être pu voter pour Jean Lassalle parce qu’il me fait rire, mais la présidentielle, c’est quand même trop sérieux. » Silence. « Ce sera Macron… », ajoute-t-il, pour le cas où l’interlocuteur n’aurait pas compris.
Source : Le Monde
Ernest734