Mauritanie : la gouvernance de résultats trompe-l’œil de Ould Ghazouani

Face aux défis de la pauvreté, de la corruption, de l’unité nationale, la gestion du président Ould Ghazouani à mi-mandat ne fait pas l’unanimité des observateurs qui pointent une gouvernance en quête de résultats pour son programme quinquennal.

A deux ans de la fin du premier mandat, Ould Ghazouani a changé deux fois de premier ministre et procédé à quatre remaniements, conséquences d’une méthode de discours mal comprise par les exécutants successifs et exacerbée par une lenteur de l’exécution du programme quinquennal. Face au défi de la corruption, le seul point positif est la détention préventive de l’ex-président Ould Aziz accusé par la justice de corruption d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent et la mise sous contrôle judiciaire de ses proches, d’anciens premiers ministres et ministres, des hommes d’affaires et du clan familial.

Au bout de plus d’une année d’enquêtes judiciaires, la procédure semble être ralentie par la maladie de l’ex-président et les autres accusés recouvrent la liberté. L’absence de résultats dans le domaine de la justice réside dans l’impunité des délinquants financiers. Le limogeage ne suffit pas. Les présumés coupables doivent être traduit devant un tribunal. Le premier gouvernement politique a cédé la place à deux gouvernements technocratiques très éloignés des préoccupations des populations sur fond d’un service public défaillant. Le troisième gouvernement de Ould Bilal a pour mission principale de restaurer la confiance avec le citoyen qui ne se décrète pas, elle s’acquiert. Le nouveau leitmotiv « proche des citoyens » ne rassure pas les observateurs et ne fait pas avancer une administration laxiste et incompétente depuis des décennies.

L’absence de règles du président Ould Ghazouani depuis le début de son mandat explique en garde partie cette perte de temps et de résultats malgré plusieurs coups de poings sur la table lors des conseils des ministres. C’est l’absence d’échéance pour les résultats qui est pointé du doigt, un des principes de la bonne gouvernance. La méthode efficace pour instaurer un gouvernement de combat contre la pauvreté dans un pays où plus de la moitié vit en deçà du seuil de la pauvreté, est un impératif.

Les vœux pieux d’une agriculture inclusive qui permet l’autosuffisance alimentaire doivent faire place à une politique cohérente de mise en valeur des terres agricoles du Sud dont les populations sont victimes depuis 1983 de l’expropriation par l’Etat au profit des investisseurs nationaux et étrangers. Voilà plus de 3 ans que le gouvernement promet des améliorations au niveau de l’enrôlement des populations.

Au bout du compte le nouveau gouvernement fait face à une grogne de gouverneurs des régions du Sud qui suspendent cette opération prolongeant ainsi le génocide biométrique initiée par Ould Aziz en 2009. Voilà plus de 3 ans que la réforme du système éducatif piétine pour la simple raison que les recommandations de la concertation nationale sur cette problématique amorcent le virage d’un système unique éducatif qui valorise l’enseignement des Langues nationales (pulaar, soninké et wolof). En essayant de copier et de coller « mes priorités » du président « à mes engagements », les ministres font montre de manque d’imagination et de plagiat non productif. L’action gouvernementale ne peut être crédible voire efficace que si elle est bénéfique pour tous les citoyens.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 05 avril 2022)

 

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