Mauritanie : la promotion des généraux ou l’autre face cachée de la gouvernance militaire

L’officier Ould Ahmed Aîcha, chef d’État-major de la gendarmerie nationale depuis décembre 2020 vient d’être élevé au grade de général de division. Une promotion rapide qui s’inscrit dans le cadre de la politisation du grade du général mise en place depuis l978.

L’histoire retiendra que le premier général de la Mauritanie date de 2001. Pour la première fois le tableau d’avancement des officiers de l’armée va comporter le grade de général de brigade au profit du colonel Moulaye Ould Boukreiss chef d’Etat-major atteint par la limite d’âge à son grade. C’est une faveur exceptionnelle à l’époque du CMSN (Comité militaire de salut national) pour une retraite de général. Cette politisation du grade du général est exacerbée par le général Ould Aziz putschiste en 2008.

En 2016 son régime comptait 30 généraux dont le tiers étaient des réservistes. Et aucun de ces généraux ne s’est distingué dans une action d’envergure pour le pays, note le colonel Ould Omar Ould Beibacar dans une série de contributions sur la nomination des généraux publiée par le site d’information mauritanien Cridem.

Les plus célèbres d’entre eux ont la palme de coup de force lorsque le chef de l’Etat déchu est absent du territoire comme Ould Haidallah ou Ould Taya ou de trahir le chef de l’Etat civil comme le premier président élu démocratiquement SIDIOCA.

En deux décennies, le pays compte plus de 30 généraux dont Ould Aziz en détention préventive après deux mandats. Il est accusé par la justice de corruption d’enrichissement illicite.

Le Général Ould Meguett, le doyen à la retraite en 2021 après une prolongation. Il fait partie des officiers qui ont renversé Ould Taya en 2005 à côté du putschiste Ould Ely Mohamed Vall. Le Général Hanena est ministre de la Défense actuellement en embuscade et enfin pour boucler la boucle, Ould Ghazouani, général-président inaugure ainsi l’alternance militaire par des élections en 2019. Trop de généraux pour un pays qui compte à peine moins de 5 millions d’habitants.

A titre de comparaison la Tunisie ne compte pas plus de 4 généraux en 2016. Pas étonnant que le grade de général semble obéir aux desiderata des dirigeants au pouvoir. Depuis 2014, un colonel atteint par la limite d’âge bénéficie d’une prolongation de deux ans de service uniquement pour le nommer général.

La promotion du chef-d’État major de la gendarmerie nationale Ould Ahmed Aicha à ce poste seulement depuis 2020 n’est pas le fruit du hasard. L’oligarchie militaire en mode accéléré avant 2024.

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 03 avril 2022)

 

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