
Le ministre de l’Education nationale revient cette semaine sur la scène nationale en brandissant sa loi d’orientation à l’opposition et aux associations nationales culturelles ( pulaar, soninké et wolof) dont les grandes lignes tournent autour du renforcement de l’arabe dans l’enseignement. Ce projet éducatif ne va pas dans le sens d’une refonte du système plus équilibré et plus juste après plus d’une décennie d’hécatombes des résultats du Bac.
Cette loi d’orientation qui suscite des polémiques notamment sur les réseaux sociaux cette semaine, est un condensé de l’arabisation à outrance issue de la réforme de 1999 qui consacre peu de place aux langues nationales et à fortiori leur introduction dans l’enseignement contrairement à la réforme de 1979 qui as permis à l’ancien président Haidalla d’amorcer un système éducatif qui devait se fonder sur l’officialisation des LN ( pulaar, soninké et wolof) au même titre que l’arabe avec les mêmes débouchés.
C’est ainsi que la première expérience fut entreprise par l’ILN de 1980 à 1999 et dont la réussite même au-delà des frontières n’est plus à démonter aujourd’hui. Les grandes lignes du projet du ministre de l’Education nationale font de ces LN des langues de communication et non des langues d’enseignement sur fond d’un cynisme politique d’expérimentation de ces langues mais en caractères arabes. Ce qui est contraire à la langue maternelle donc à l’apprentissage.
Cette politique d’ostracisme constitue une aberration au niveau de la sous-région où l’Alphabet Phonétique International (API) ou caractères latins a fait ses preuves. C’est clair, l’objectif du gouvernement est de ghettoïser ces langues et d’assimiler les négro-mauritaniens qui refusent jusqu’ici que l’arabe soit utilisée comme un instrument de domination culturelle.
La nouvelle loi joue sur le français comme langue étrangère et langue de l’ancien colonisateur pour justifier un certain nationalisme arabe qui en fait plus une langue de communication et peu d’enseignement. Et in fine, elle contourne les recommandations de la concertation nationale sur un système unique et s’avère en définitive comme un projet dangereux pour la diversité culturelle et la paix sociale en Mauritanie. Un système éducatif monocolore est une bombe sociale et culturelle à retardement.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 18 mars 2022)
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