
Le Devoir – L’Université Concordia deviendra l’automne prochain la première université canadienne à offrir un cours consacré à l’œuvre et à l’influence du rappeur, compositeur et entrepreneur américain Kanye West. Intitulée Kanye vs. Ye : Genius by Design, la classe sera présentée par Yassin Alsalman, chargé de cours à l’université depuis sept ans, qui n’hésite pas à décrire son sujet comme un être artistiquement brillant, mais controversé.
« Kanye West est l’archétype de quelqu’un de conscient du pouvoir de la célébrité, mais qui à la fois l’embrasse et la déteste », résume Yassin Alsalman, aussi connu sur la scène rap anglo-montréalaise depuis presque vingt ans sous le nom de scène Narcy. « Cette contradiction est un des aspects de sa personne auquel les gens s’intéressent — il suffit d’amener le sujet de Kanye West pour enflammer une conversation ! »
Le rappeur américain, auteur de quelques albums parmi les plus marquants de la musique pop des vingt dernières années, fait aujourd’hui les manchettes sur plusieurs fronts. Musicalement, il a récemment lancé l’album Donda 2, son onzième en carrière, disponible exclusivement sur un appareil nommé Stem Player.
Son ascension dans l’industrie de la musique a fait l’objet d’un long et fascinant documentaire, Jeen-Yuhs, présenté sur Netflix depuis le 16 février dernier. Enfin, de manière moins glorieuse, le rappeur continue à faire parler de lui pour des raisons personnelles ces jours-ci en raison du récent divorce qu’il traverse avec acrimonie, s’il faut en croire ses malheureuses publications quotidiennes sur le réseau Instagram.
Projets et problèmes
Ces rebondissements récents s’ajoutent à une panoplie de déclarations polarisantes et de coups d’éclat, comme son appui à l’ex-président Donald Trump et sa propre tentative de se faire élire président des États-Unis en 2020. « C’est aussi que ces gestes sont posés publiquement, et ça finit par nous distraire de sa création, commente le professeur Alsalman. En classe, j’entends aborder la trajectoire de Kanye, la communauté qui l’entoure, ceux qui ont contribué à façonner le personnage et l’artiste pour comprendre comment il est aujourd’hui devenu ce monstre » du rap américain. « Je pense que son parcours est unique et soulève un tas de questions à propos de la célébrité, de la responsabilité que devrait avoir, ou non, un artiste de sa stature. Bien sûr, il a dit et fait des choses qui posent problème, donc on va aussi explorer ça. »
Ce cours s’inscrit dans la démarche de la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia d’étudier le hip-hop, sa musique autant que le phénomène et son impact culturel — Alsalman enseigne déjà deux cours sur le sujet.
« Ce cours sur Kanye West, c’est un peu comme une nouvelle lentille par laquelle on peut observer autrement des phénomènes de société, puisque plein d’enjeux se recoupent à travers lui. »
Philippe Renaud
Collaborateur
Source : Le Devoir (Canada) – Le 17 mars 2022
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com