Ligue des champions : Edouard Mendy, le gardien à l’ascension tardive mais irrésistible

L’international sénégalais affronte Lille, mercredi soir, avec son club de Chelsea. Aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs gardiens du monde, il est devenu professionnel sur le tard, après un passage par la case chômage.

Le Monde – En l’espace de quelques mois, le gardien de but a conquis l’Europe puis l’Afrique du football. Vainqueur de la Ligue des champions avec Chelsea, en mai 2021, Edouard Mendy a ensuite remporté la Coupe d’Afrique des nations avec le Sénégal, en février 2022.

Mercredi 16 mars, lors du match retour des huitièmes de finale de la Ligue des champions, nul doute qu’il jouera encore de sa grande taille (1,97 mètre) et de son explosivité pour barrer la route aux attaquants lillois. La saison dernière, le portier avait conclu la majorité de ses matchs de championnat d’Angleterre sans encaisser de but (16 en 31 titularisations). A la fin de février, lors de la finale de la Coupe de la Ligue opposant son club à Liverpool, on l’a encore vu réaliser un double arrêt impressionnant devant Sadio Mané.

Mais pour Christophe Lollichon, responsable des gardiens à Chelsea, l’influence d’Edouard Mendy se mesure au-delà des parades spectaculaires :

« Un gardien de but, c’est comme un aiguilleur du ciel. Il scrute le terrain comme on scrute des avions et va diriger sa défense dans les espaces à couvrir en cas de perte de balle immédiate, dans les zones de contre-attaques adverses… Or, si vous avez derrière vous un guide comme Edouard, ça change tout. »

Ainsi, Edouard Mendy n’est pas seulement le gardien des Blues, mais aussi leur premier relanceur. « Avec sa qualité de jeu au pied, il peut dévier le ballon dans des zones sécurisées », éclaire Lollichon.

« Une réelle motivation »

De Reims à Chelsea en passant par Rennes, la courbe de la carrière d’Edouard Mendy suit une progression linéaire. Pourtant, celui qui a été élu meilleur gardien de l’année 2021 par la FIFA s’est révélé sur le tard au plus haut niveau.

D’origine sénégalaise par sa mère et bissau-guinéenne par son père, Edouard Mendy a grandi sur les hauteurs du Havre, à Caucriauville, un quartier populaire. « On sentait déjà chez Edouard une réelle motivation, témoigne Emmanuel Souday, son éducateur chez les moins de 13 ans. A tel point que c’est lui qui a fait la démarche de contacter le HAC [Le Havre Athletic Club] pour intégrer leurs rangs. »

En 2005, le Havrais franchit les portes du grand club de sa ville, qui évolue alors en Ligue 2. Mais l’adolescent, barré par la concurrence, se relance au club des municipaux. A l’époque, il est capable de mettre les gants avec sa catégorie de moins de 17 ans puis d’enchaîner avec les moins de 19 ans et les seniors.

 

Il rebondit ensuite à l’AS Cherbourg, qui lui offre un contrat fédéral, et parvient à se faire une place de titulaire en CFA, le quatrième échelon national. Mais, à l’issue de la saison 2013-2014, la relégation sportive précède une descente administrative deux échelons plus bas.

Depuis la pointe du Cotentin, le Normand lorgne l’Angleterre. Il fait alors confiance à un agent, quitte à décliner des offres en France. « J’attends, j’attends, j’attends et finalement je reçois un texto à la toute fin du mois d’août », déclare-t-il dans une interview à BeIN Sports. Verdict : aucune proposition venant de l’autre côté de la Manche. Une désillusion.

Du chômage à l’OM

A 22 ans, Mendy retourne chez ses parents et se rend un matin à Pôle emploi. Le gardien revient s’entraîner au HAC la semaine et vit de petits boulots le week-end. « Edouard était déterminé à rebondir », assure Michel Courel, son entraîneur spécifique lors de cette saison 2014-2015. Mais, faute de stabilité financière, celui qui s’apprête à devenir papa réfléchit à arrêter le football. Titulaire d’un bac pro commerce, il se voit vendeur dans une boutique. Avant de recevoir le coup de fil qui va faire basculer sa carrière.

A l’été 2015, un ancien coéquipier à Cherbourg le met en relation avec l’entraîneur des gardiens de l’Olympique de Marseille (OM). Il saute dans le train, débarque à l’essai en Provence et saisit sa chance. Au bout d’une saison satisfaisante avec l’équipe réserve, l’OM lui propose de poursuivre l’aventure. Mais le jeune footballeur a aussi reçu plusieurs offres de clubs de… Ligue 2.

Le président du Stade de Reims, Jean-Pierre Caillot, s’est ainsi renseigné auprès de son homologue de Cherbourg : « On recherche un gardien numéro deux, qu’est-ce que tu en penses, vu qu’il a joué trois ans chez toi ? » Gérard Gohel se garde bien de lui faire une réponse de Normand : « Prends-le, il va devenir ton numéro un. »

De fait, le portier se fait une place de titulaire au sein de la formation champenoise qui accède à la Ligue 1. Et si Chelsea a déjà un œil sur lui, c’est au Stade rennais qu’il va d’abord étoffer sa panoplie technique.

« Il avait ce statut de numéro un, mais il ne s’est jamais reposé là-dessus, assure Olivier Sorin, le coach des gardiens du club breton. A chaque entraînement, chaque match, il voulait prouver qu’il méritait sa place. » Au terme d’un exercice 2019-2020 de Ligue 1 écourté par la pandémie et que l’équipe rennaise a terminé sur le podium, le Havrais s’ouvre les portes de l’Angleterre.

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Florian Lefèvre

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

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