Wakat Séra – Trois incidents sécuritaires en deux mois qui ont causé la disparition de plusieurs éleveurs mauritaniens à la frontière malienne, ont fait sortir les autorités de Nouakchott de leurs réserves. L’ire des gouvernants mauritaniens a enflé avec le silence de Bamako, dont les maîtres ne répondraient même pas aux appels téléphoniques de leurs voisins.
Pourtant, ces crimes qui se sont succédé en l’espace de 60 jours, mettent en cause les militaires maliens en opération à la frontière partagée par les deux pays. Faux, rétorque les autorités maliennes qui soutiennent que l’armée du Mali n’a rien à voir dans ce phénomène rocambolesque de citoyens mauritaniens qui disparaissent comme par enchantement dans la nature.
Combien sont-ils ces éleveurs qui, après avoir quitté leurs familles n’y sont plus retournés depuis lors? Que sont-ils devenus? Sont-ils morts comme l’affirment certaines sources? Sont-ils séquestrés, où et par qui? Autant d’interrogations qui, pour l’instant, demeurent sans réponses officielles et enveloppent d’un flou à couper au couteau, cette hémorragie de disparitions. En tout cas, l’équation à multiples inconnues constitue la source de tension diplomatique et de voisinage, perceptible entre les deux pays.
Pourtant, le rapprochement entre les deux voisins s’était renforcé depuis quelque temps. En effet, pour s’éviter l’asphyxie économique, parce que mis au ban de la communauté internationale, le Mali, pays enclavé sans littoral, comptait sur le port mauritanien pour se donner de l’air. La Mauritanie, elle, a ouvert les portes à son voisin, ne se sentant pas concernée par les sanctions prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre les militaires au pouvoir au Mali, auteurs de deux coups d’Etat en moins d’une année et qui sont déterminés à se tailler une transition d’une durée de 5 ou 4 ans. Il faut noter que Nouakchott avait tourné le dos, en 2000, à, l’organisation sous-régionale, même si elle a manifesté, depuis mai 2017, sa volonté de revenir dans la maison.
Malgré les avantages économiques qu’elle tire de ces nouvelles relations avec le Mali, la Mauritanie sera bien embarrassée, s’il s’avérait que l’armée malienne est responsable de la disparition de ses ressortissants. Ce qui est certain, ces derniers événements pourraient bien mettre fin à la nouvelle idylle entre les deux pays, ou tout au moins, provoquer une brouille qui ne fera nullement l’affaire des autorités de la transition malienne qui, par leur entêtement à s’accrocher au pouvoir sur la durée, se sont mises à dos, la communauté internationale, sauf, bien entendu, la Russie et la Chine.
En attendant de retrouver les traces de ses ressortissants portés disparus à sa frontière avec le Mali, la Mauritanie, par les voix de ses autorités et de populations excédées, est bien embêtée. Pendant combien de temps la carte de l’attente patiente sera-t-elle jouée par les Mauritaniens qui rencontrent le mur de silence érigé autour de l’affaire par les autorités maliennes ?
Source : Wakat Séra (Burkina Faso)
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