Les alliés de la Russie en Afrique

 Deutsche WelleDepuis des années, la Russie renforce son influence en Afrique. Cela semble porter ses fruits sur le plan diplomatique, après l’attaque contre l’Ukraine.

La résolution onusienne sur l’invasion russe de l’Ukraine a laissé apparaître une Afrique divisée. En effet, 25 pays africains n’ont pas pu se décider à voter en faveur de la résolution. Seize pays s’étant abstenus, tandis que neuf n’ont pas pris part au vote. Un seul, l’Érythrée, a même voté explicitement contre.

L’Ethiopie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso, le Togo, le Cameroun, l’Eswatini et le Maroc ont décidé de ne pas prendre part au vote. L’Algérie, l’Ouganda, le Burundi, la République centrafricaine, le Mali, le Sénégal, la Guinée équatoriale, le Congo Brazzaville, le Soudan, le Soudan du Sud, Madagascar, le Mozambique, l’Angola, la Namibie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud se sont abstenus.

En Afrique du Sud, intellectuels, diplomates et opposants ont vivement critiqué l’abstention du gouvernement. « Le refus de condamner cette guerre place l’Afrique du Sud du mauvais côté de l’histoire », a par exemple déclaré le leader de l’opposition Herman Mashaba. L’ANC au pouvoir refuserait, selon l’opposant, de renoncer à son amitié avec la Russie, son vieil allié.

Un homme pose en tenue militaire en tenant le drapeau russe à côté d'un drapeau éthiopien Un homme pose en tenue militaire en tenant le drapeau russe à côté d’un drapeau éthiopien

 

La « neutralité » de Pretoria

De son côté, le président Cyril Ramaphosa a défendu la « position neutre » de son gouvernement. L’ancien président de l’UA reprochant à l’Occident de ne pas faire assez pour parvenir à un règlement pacifique du conflit russo-ukrainien.

Pour le politologue angolais Olívio N’kilumbu, de nombreux représentants de l’ANC, au pouvoir en Afrique du Sud sans interruption depuis la fin de l’apartheid, sont loyaux envers la Russie.

« Certains estiment que l’ancien mouvement de libération [ANC] a une dette envers les Russes depuis l’époque de la Guerre froide. La propagande russe dans de nombreux pays d’Afrique, y compris et surtout en Afrique du Sud, vise à raviver les anciens liens de l’URSS avec les mouvements de libération », explique le politologue sur la DW.

Samedi dernier, l’ambassade russe à Pretoria a remercié l’Afrique du Sud pour son soutien à la guerre en Ukraine.

Soutien aux mouvements de libération

La propagande russe vise également d’autres pays, notamment en Afrique australe, dont les mouvements de libération ont été soutenus politiquement et militairement par l’ex-Union soviétique, explique le politologue N’Kilumbu. Des pays comme l’Angola, le Mozambique, le Zimbabwe ou la Namibie auraient également voté la résolution sur l’Ukraine à l’Assemblée générale de l’Onu « avec l’amitié historique à l’esprit ».

Pendant la lutte contre le colonialisme, l’Union soviétique avait également soutenu les mouvements de libération dans plusieurs Etats d’Afrique australe en leur fournissant des armes et des formations.

Ces dernières années, Moscou s’est de plus en plus souvenu des anciens liens de l’époque soviétique et a développé ses relations politiques, économiques et surtout militaires avec de nombreux pays africains.

(Re)lire aussi → Vente d’armes russes en Afrique : la stratégie du long terme

Principal fournisseur d’armes à l’Afrique

En 2019, Vladimir Poutine a organisé un sommet russo-africain auquel ont participé 43 dirigeants africains. Un an plus tard, la Russie était déjà devenue le principal fournisseur d’armes du continent.

De l’équipement militaire russe a ainsi été livré à la Centrafrique. Plusieurs entreprises russes ont obtenu des licences pour l’extraction d’or et de diamants dans le pays. Et la société privée de sécurité russe Wagner y est présente. Tout comme au Mali, même si Bangui et Bamako démentent.

De nombreux Etats africains n’ont jamais rompu avec  Moscou. D’autres sont même tombés ces dernières années dans une nouvelle dépendance, surtout militaire, vis-à-vis de Moscou, explique l’écrivain guinéen Tierno Monénembo sur la DW :

Les présidents Vladimir Poutine et Macky Sall en 2013 lors d'un sommet du G20 en Russie Les présidents Vladimir Poutine et Macky Sall en 2013 lors d’un sommet du G20 en Russie

« Il est difficile de prendre position [sur l’invasion de l’Ukraine] quand on est petit, quand on est faible, quand on est mal armé et sous-développé. On ne se mêle pas comme ça des affaires des grands. »

 

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Suggestion kassataya.com :

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Antonio Cascais, Reliou Koubakin

 

 

 

 

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

 

 

 

 

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