La Chine réaffirme son « amitié éternelle » avec Moscou

Lors d’une conférence de presse, le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a dénoncé, lundi 7 mars, la « mentalité de guerre froide » des Etats-Unis, tout en se disant prêt à « faciliter le dialogue » dans le conflit russo-ukrainien.

Le Monde – Si la Chine se dit « prête à continuer à jouer un rôle constructif » pour « faciliter le dialogue » dans ce qu’elle continue d’appeler la « crise ukrainienne », nul ne doit s’y tromper : l’amitié entre la Chine et la Russie est « éternelle » et résistante « à toute épreuve », a rappelé, lundi 7 mars, le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, lors de sa conférence de presse annuelle.

Alors que la France, par la voix de son ambassadeur en Chine, l’Union européenne, par celle de Josep Borrell, son haut représentant pour les affaires étrangères, et les Etats-Unis, par celle d’Antony Blinken, le secrétaire d’Etat, ont, ces derniers jours, appelé la Chine à davantage s’engager comme médiatrice, Wang Yi a réaffirmé l’importance de son engagement au côté de la Russie. D’ailleurs, « nous devons garder à l’esprit la paix et la stabilité à long terme de la région et mettre en place un mécanisme européen de sécurité équilibré, effectif et durable », a dit le ministre, reprenant quasiment mot pour mot les revendications de Vladimir Poutine adressées à l’OTAN.

 

Censure en direct

Lundi, le Global Times a été encore plus explicite : « L’Occident veut pousser la Chine à le suivre et sanctionner unilatéralement la Russie sans résoudre les préoccupations-clés de sécurité qui ont été causées par la stratégie menée depuis longtemps par les Etats-Unis pour empoisonner les relations entre la Russie et l’Ukraine et entre la Russie et l’Union européenne. » Donc la Chine est prête à s’engager sur le plan humanitaire pour venir en aide aux civils, mais pas question d’être placée en porte-à-faux par rapport à la Russie, dont l’Occident refuse de prendre en compte les « intérêts légitimes de sécurité ».

S’il ne fallait qu’un signe du soutien de Pékin à Moscou, la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques vendredi 4 mars l’a apporté : la télévision chinoise a purement et simplement censuré – en direct – les propos du président du Comité paralympique, Andrew Parsons, appelant à la « paix » et se disant « horrifié » par le monde actuel, bien que M. Parsons se fut bien gardé de toute référence explicite à l’Ukraine.

 

Dans sa conférence de presse, Wang Yi n’a eu de cesse de dénoncer la « mentalité de guerre froide » des Etats-Unis. Sur à peu près tous les sujets : le monde arabe, les tensions entre la Chine et l’Inde, la mer de Chine du Sud, l’Amérique latine, les relations entre la Chine et l’Union européenne ou encore la péninsule coréenne, les problèmes ont, selon lui, été soit provoqués soit aggravés par les basses manœuvres d’une « grande puissance extérieure à la région ».

Etats-Unis critiqués, Japon tancé

Accusant les dirigeants américains actuels de duplicité, Wang Yi a estimé que « les Etats-Unis s’engagent dans une compétition à somme nulle avec la Chine, provoquant celle-ci dans ses intérêts fondamentaux ». Répondant à une journaliste cubaine, le ministre s’est, en revanche, félicité de l’implication de la Chine en Amérique latine et dans les Caraïbes, rappelant que cette région « n’est l’arrière-cour de personne ». Au passage, le ministre a à nouveau critiqué le « sommet des démocraties » organisé par Washington, jugeant que celui-ci, qui « exclut près de la moitié du monde », est, en fait, « créateur de problèmes ».

 

Wang Yi s’en est tout particulièrement pris à la stratégie des Etats-Unis dans l’Indo-Pacifique, dont « le vrai but est de créer une OTAN Indo-Pacifique » et d’y « perturber la paix ». S’il s’est montré relativement clément à l’égard de l’Inde – peut-être parce que ce pays s’abstient de critiquer l’intervention de Moscou en Ukraine –, Wang Yi s’est, en revanche, montré très sévère à l’égard du Japon. S’ils veulent « éviter de sérieuses perturbations » dans leurs relations avec la Chine, le ministre « conseille » aux dirigeants japonais de « voir le rapide développement de la Chine » et de modifier leurs positions sur deux points essentiels : « L’histoire et Taïwan », a-t-il dit, sans plus de précision.

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Source : Le Monde

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