
Deutsche Welle – Dans ce genre de crises politiques, l’Afrique s’est souvent abstenue de dévoiler sa position, une démarche souvent interprétée comme étant la raison de sa faible position sur la scène internationale.
Mais cette fois, le continent pouvait difficilement rester indifférent face à l’invasion russe, d’autant plus que Moscou a envoyé des soldats, ou des mercenaires, selon les interprétations, dans plusieurs pays africains.
Explication sur cette prise de position
« L’Afrique est maintenant beaucoup plus multidimensionnelle. Il y a tellement d’acteurs présents, elle est tellement mondialisée », explique Antoine Glaser, spécialiste de la politique africaine, sur les raisons de la prise de position de l’Union Africaine.
« Mais ce n’est quand même pas le retour à la guerre froide avec d’un côté le soutien de la Russie aux mouvements d’indépendance et de l’autre l’Occident. Malgré tout, l’Afrique peut avoir d’autres marges de manœuvres qu’elle n’avait pas auparavant », poursuit Antoine Glaser.
Mais si l’Afrique est désormais capable de choisir parmi ses partenaires extérieurs, d’autres spécialistes du continent voient dans cette prise de position une pression indirecte de l’Occident qui a intérêt à sanctionner la Russie.
Le journaliste et écrivain nigérien Seidick Abba, voit plutôt une main invisible de l’Occident dans ce que dit l’Union Africaine:
« Pour l’Occident, l’enjeu aujourd’hui c’est d’obtenir l’isolement politique, diplomatique et économique total de la Russie. Donc les pays africains sont sollicités intensément. Il faut se souvenir que le sommet Union Européenne Union Africaine vient de se tenir à Bruxelles. Donc il est logique qu’à la suite de cela, l’Union Européenne, qui entend être un partenaire de l’Afrique, attende que l’Afrique s’aligne sur sa position ».
L’Afrique du Sud profite des sanctions
En plus de l’Union Africaine et la Cédéao qui ont condamné l’invasion russe en Ukraine, l’Afrique du Sud aussi a critiqué Moscou.Parmi les sanctions prises à l’encontre de la Russie il y a un embargo sur le marché international des matières premières. David Gakunzi, un intellectuel burundais, pense que ces sanctions profitent déjà à l’Afrique du Sud.
« Je pense aussi que les pays comme l’Afrique du Sud, producteurs d’or, pourront bénéficier de l’embargo sur la Russie qui est aussi un grand producteur d’or. On le voit d’ailleurs parce que depuis quelques jours, le Rand (la monnaie sudafricaine, ndlr) s’est renforcé » explique t-il.
Etienne Gatanazi
Source : Deutsche Welle (Allemagne)
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