“Novaïa Gazeta” : le quotidien sous haute tension d’un journal russe d’opposition

Courrier international Dmitri Mouratov, le fondateur et rédacteur en chef de l’un des derniers médias indépendants du pouvoir en Russie, colauréat du Nobel de la paix 2021, a répondu lundi aux questions du magazine américain The New Yorker. Il évoque le quotidien de sa rédaction depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine – et sa détermination à poursuivre coûte que coûte sa mission d’informer.

Comment travaille, depuis jeudi 24 février, la rédaction de Novaïa Gazeta, l’un des derniers médias indépendants du pouvoir en Russie ?

Son fondateur et rédacteur en chef, Dmitri Mouratov, a échangé par mail, lundi, avec un journaliste de l’hebdomadaire américain The New YorkerLui dont six de ses journalistes (incluant l’enquêtrice et grand reporter Anna Politkovskaïa) ont été assassinés depuis la création du journal, en 1993, évoque un quotidien sous haute tension.

“Nous nous sommes réunis en conférence de rédaction quelques heures plus tôt que d’habitude”, le jour du déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, explique Mouratov. “Les services généraux [du journal] nous ont apporté des gilets pare-balles et des casques de l’entrepôt, qui ne servaient plus depuis plusieurs années.”

Dès le lendemain, la rédaction a clamé son opposition à la guerre en publiant un numéro en russe et en ukrainien. “Tout le monde [à la rédaction] était pleinement conscient que Poutine, par sa décision, détruisait l’avenir des jeunes générations, que le pays allait devenir un paria, qu’il n’était pas question que nous soutenions cette guerre.”

Une ligne éditoriale qui semble avoir généré un intérêt immédiatement (“Nous avons plus de 30 millions de lecteurs sur les réseaux sociaux. Depuis le début de l’invasion, nous avons engrangé plus de 4 millions et demi de vues sur notre site”, affirme Mouratov).

 

“Aussi longtemps que nous pourrons”

 

Ainsi que le rapporte Mouratov, “la pression sur Novaïa Gazeta et d’autres médias a commencé immédiatement [après l’invasion]. C’en est devenu absurde. On nous a intimé l’ordre de ne pas utiliser les mots ‘guerre’, ‘occupation’, ‘invasion’. Nous n’en continuerons pas moins à appeler la guerre par son nom. Nous savons que cela aura pour nous des conséquences. Je pense que nous allons au-devant d’une période très difficile.

Conscient des risques qui pèsent sur l’avenir à court terme de son journal, Mouratov (qui a reçu le prix Nobel de la paix 2021, conjointement avec la Philippine Maria Ressa) l’affirme :

Nous allons essayer de travailler aussi longtemps que nous le pourrons”.

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The New Yorker – New York

 

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