Le Monde – Et tout à coup, une joie libératrice. Des cris, des pleurs, des rires incontrôlés balayent le quartier de Fann Hock, à Dakar. Comme partout à travers le Sénégal, des milliers de personnes, hommes et femmes, jeunes et plus âgées, ont assisté, dimanche 6 février, au sacre historique des Lions de la Teranga en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) face à l’Egypte.
« Je n’ai même plus les mots. On est tellement heureux, c’est un sentiment incroyable, depuis le temps qu’on attendait ce moment ! », lâche Abdou Sarr, 32 ans, au bord des larmes. « Cette équipe nous rend fiers d’être Sénégalais ! Ils nous apportent tant de bonheur », renchérit son épouse, Aïssa Sarr. Le couple s’enlace, enivré par l’émotion.
Derrière cette joie indescriptible pour beaucoup de supporteurs, il y a l’admiration pour leur équipe nationale, menée par le charismatique coach Aliou Cissé. Une nouvelle génération de footballeurs qui, avec des pointures internationales comme Sadio Mané, Ismaïla Sarr ou Kalidou Koulibaly, a su jouer collectif. « Ils montrent l’exemple de ce qu’on peut obtenir en travaillant dans la même direction », analyse Diané Ndoye, 63 ans, qui dit avoir « attendu toute sa vie » ce trophée continental.
Aux abords de l’université Cheikh-Anta-Diop, la ferveur a transformé les rues en gigantesques pistes de danse. Un sabar (danse traditionnelle sénégalaise) improvisé surgit sur le boulevard Canal IV, la foule chante et acclame ses joueurs, qui apparaissent sur les écrans géants. Des motards paradent, toute musique hurlante. Certains s’amusent avec de petits lance-flammes. D’autres s’aspergent d’énormes bidons d’eau, torse nu, comme hébétés par cette victoire tant espérée. Car par deux fois, en 2002 et en 2019, la coupe avait échappé aux Sénégalais en finale.
Concert géant de Wally Seck
Pourtant, au cours de la soirée, les mines s’étaient refermées. Après une première mi-temps très offensive côté sénégalais, la deuxième s’est avérée plus ardue. Même l’appel à la prière de la mosquée faisant face aux écrans géants n’a pas réussi à tirer les supporteurs de leur angoisse, alors palpable au sein de la foule. Puis vinrent les interminables prolongations.
« A ce moment, on pensait que c’était foutu. Les Egyptiens, c’est leur tactique d’aller aux tirs au but et d’écraser leurs adversaires. Leur goal, Gabaski, c’est un mur ! », confie soulagé Cheikh Tidiane Sy, un étudiant venu de Thiès.
A Dakar, après la victoire du Sénégal sur l’Egypte en finale de la Coupe d’Afrique des nations, dans la nuit du 6 février 2022.
Mais les Lions n’ont pas cédé à la pression. Lors de l’éprouvante séance de tirs au but, ils ont tenu. Dans les rues du pays, les supporteurs ont retenu leur souffle. Jusqu’au dernier tir réussi de Sadio Mané, héros à tout jamais pour le peuple sénégalais.
Jusqu’à l’aube, les Sénégalais devaient célébrer cette victoire historique. A Dakar, des milliers de personnes ont convergé vers le monument de la Renaissance africaine, où un concert géant de la star sénégalaise Wally Seck était organisé. Les célébrations ont eu une saveur particulière dans les fiefs des Lions, à Bambali, village de Moyenne-Casamance d’où est originaire Sadio Mané, ou encore à Saint-Louis, la ville de l’attaquant Ismaïla Sarr.
Et la fête, toute la nuit #SenegalRek pic.twitter.com/7y29D1Ewd9
— Coumba Kane (@coumba_kane) February 7, 2022