Mauritanie : la politique pénale dans le collimateur des observateurs

La modernisation de la politique pénale à laquelle appelle de tous ses vœux Ould Bilal devant les parlementaires ne se résume pas seulement par l’émergence de nouveaux tribunaux à Nouakchott et à l’intérieur du pays mais par une bonne législation qui respecte la citoyenneté et les libertés.

C’est le sentiment des observateurs qui pointe un pays qui fait face depuis des années à des trafics illégaux transfrontaliers à l’insécurité de ses frontières et à l’insécurité alimentaire chronique.Bien entendu, pour combattre la criminalité dans toutes ses formes la Mauritanie a besoin d’un arsenal juridique fort mais qui s’appuie sur un Etat de droit. Nonobstant les efforts du gouvernement de Ould Bilal dans le domaine des droits de l’homme, la torture et les mauvais traitements dans les gardes à vue et les détentions préventives sont toujours à déplorer.

Les nouvelles lois sur les symboles nationaux sont de nature à empiéter la liberté d’expression pourtant garantie par la constitution. Autant de pierres d’achoppement qui ne facilitent pas la restauration d’un Etat de droit. L’exemple le plus significatif est sans doute poser par la question taboue du « passif humanitaire » ou la déportation de plus de 60000 négro-africains de la vallée au Sénégal et au Mali entre 1989 et 1991, associée à une expropriation de leurs terres. Cette spoliation des terres agricoles de la vallée par l’Etat au profit d’investisseurs nationaux et étrangers est un contre courant de la cohabitation entre les différentes communautés nationales.

Cette question nationale persiste toujours malgré la volonté de dialogue politique avec l’opposition affichée par Ould Ghazouani malheureusement cette volonté politique piétine. Ajouter à cela les séquelles de l’esclavage malgré des avancées avec l’adoption de lois le criminalisant.

Au-delà de toutes ces interrogations sur les droits de l’homme, la question de la peine capitale est un véritable casse-tête dans un pays où coexistent le droit moderne et le droit musulman la Charia. Cette spécificité mauritanienne fait que la personne condamnée pour certains crimes peut être libérée ou voir sa peine commuée ou réduite si la famille de la victime pardonne ou si celle-ci est en mesure de payer une indemnité compensatoire.

C’est donc reconnaître que la politique pénale, si moderne soit-elle, interroge le système judiciaire mauritanien fortement concentré autour de Nouakchott et de Nouadhibou qui concentre plus de 80 pour cent du personnel judiciaire. Enfin, dans un pays où la délinquance financière est même présente au sommet de l’Etat, les sanctions pénales deviennent des affaires de règlement politique comme en témoigne l’affaire politico-judiciaire de la décennie de Ould Aziz ou 10 ans de Hold-up des richesses de la Mauritanie.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 01 février 2022)

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