A Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, Ousmane Sonko célèbre sa « belle victoire » aux municipales

L’élection du leader du Pastef, principal opposant à Macky Sall, à la tête de la capitale casamançaise est une étape importante en vue de la présidentielle de 2024.

 Le Monde – Au milieu de la nuit, une foule de jeunes hommes, essentiellement, a parcouru la ville de Ziguinchor, capitale de la Casamance, pour acclamer Ousmane Sonko. Devançant la publication des résultats officiels, le leader du parti des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) vient de déclarer sa « belle victoire » lors des élections municipales et départementales du 23 janvier. C’était le premier scrutin organisé depuis la réélection du président Macky Sall en février 2019 et depuis les violentes émeutes du mois de mars 2021 qui avaient suivi l’arrestation d’Ousmane Sonko dans une affaire de viol présumé.

Musique, sono, klaxon et vuvuzela, l’ancien inspecteur des impôts a été acclamé des heures durant par ses sympathisants qui, en chœur, scandaient son nom. Devant la mairie, le convoi s’est arrêté. « Nous venons de poser un premier jalon, mais vous savez tous que la destination, c’est le palais de la République », a lancé Ousmane Sonko, en référence à la présidentielle de 2024, dans un discours prononcé depuis le toit de sa voiture.

 

Considéré comme le principal opposant au régime, il ne cache pas ses ambitions présidentielles. En 2019, il avait créé la surprise en obtenant 16 % des voix, se classant à la troisième place au niveau national derrière Macky Sall et Idrissa Seck. En revanche, il était arrivé en tête dans le département de Ziguinchor (52 % des voix).

Dimanche soir, l’un de ses principaux adversaires dans la ville, le maire sortant Abdoulaye Baldé, a reconnu sa défaite. « La démocratie s’est manifestée et par conséquent je voudrais féliciter notre frère Ousmane Sonko qui a manifestement gagné les élections. Nous avons perdu la commune de Ziguinchor, mais nous avons gagné des communes dans le département », a-t-il déclaré, l’air abattu. Le candidat Benoît Sambou investi par la coalition de la majorité au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (BBY), n’a donc pas réussi à conquérir la capitale casamançaise.

Lundi midi, les résultats officiels n’étaient pas encore connus, mais BBY a reconnu sa défaite à Ziguinchor. « Nous sommes déçus pour le symbole que représente cette ville, mais la bataille était dure », admet Pape Mahaw Diouf, porte-parole national de la coalition. BBY revendique toutefois une « victoire écrasante dans le reste du pays, [même si] aucune nouvelle ville n’a été conquise », notamment Dakar, la capitale, qui reste aux mains de l’opposition.

« Sur le plan symbolique »

« Pour le pouvoir comme pour l’opposition, gagner ici est aussi important que Dakar, pas sur le plan démographique, mais sur le plan symbolique », avait expliqué Ousmane Sonko à sa sortie du bureau de vote. Cette victoire, dans une région pendant longtemps rebelle et qui s’est toujours sentie marginalisée par le pouvoir central, est une étape importante pour la nouvelle coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi, formée notamment autour de Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, et d’Ousmane Sonko, afin de montrer son ancrage territorial dans tout le pays.

 

C’était aussi un test pour cet enfant du pays qui a grandi et fait ses études à Ziguinchor. Pour sa première élection locale, Ousmane Sonko a battu campagne dans la capitale de la Casamance et dans toute la région ainsi qu’au niveau national pour soutenir les candidats de la coalition.

« Notre objectif est de gagner un maximum de communes en Casamance, car notre programme ne concerne pas seulement Ziguinchor. Notre approche est territoriale, afin de commencer à expérimenter nos idées sur un nouveau modèle territorial et de gouvernance », ambitionne Ousmane Sonko. L’une des idées est de lancer une monnaie locale communautaire afin, selon lui, de favoriser les échanges commerciaux. Une proposition jugée « populiste » par ses adversaires, et qui a créé une polémique dans cette région où un conflit oppose depuis quarante ans l’Etat sénégalais aux séparatistes du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC).

Emploi, pavage des routes, éclairage public, assainissement… les attentes des habitants envers leur nouveau maire sont fortes. « Avec le taux de chômage, on est fatigués ! A 30 ans, je n’ai pas de travail et c’est déplorable », s’emporte Omar Sagna, casquette Yewwi Askan Wi sur la tête et dansant le soir de la victoire au son des slogans des habitants du quartier populaire de Lyndiane. « Nous avons l’espoir que ses promesses se concrétisent comme l’emploi ou la fin de la corruption », ajoute-t-il.

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Source : Le Monde

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