Le mythe (écorné) de l’« homme bleu »

Aux origines coloniales de Barkhane (2)

Afriquexxi.info – Série · Façonnée durant la conquête coloniale, la légende des Touaregs, essentialisés en « valeureux combattants du désert », est restée gravée dans la mémoire de l’armée française. Même après les indépendances, les militaires et les agents secrets, souvent fascinés, n’ont jamais rompu les liens avec eux. Ils les ont réactivés quand la France en a eu besoin ces dernières années, en Libye et au Mali.

Nous sommes en juin 2015, au cœur du quartier général de la force Barkhane situé dans l’enceinte de l’aéroport de N’Djamena. Depuis quelques minutes, un officier en fin de mission s’épanche, sous couvert d’anonymat, sur ce qu’il a vu, vécu et appris depuis qu’il est arrivé au Tchad. Ce qui l’a peut-être le plus marqué, dit-il, c’est le courage des soldats tchadiens qui se battent aux côtés des Français au nord du Mali. « Leurs modes opératoires n’ont rien à voir avec ce que nous apprenons dans nos écoles, admet-il. Mais ils s’adaptent au terrain, et de quelle manière ! On a longtemps vanté les valeureux combattants touaregs. Mais les Tchadiens, c’est autre chose ! » Il n’est alors pas le premier à l’admettre : le mythe de « l’homme bleu » représenté en redoutable guerrier du désert sur qui l’on peut compter une fois qu’il a été soumis, qui a été façonné à l’époque de la conquête coloniale du Sahara et qui a traversé le XXe siècle dans les rangs de l’armée française – et plus particulièrement chez les officiers supérieurs –, a pris un coup de vieux ces dernières années.

Il avait pourtant tenu bon pendant plusieurs décennies. Lorsque la France entre en guerre au Mali en janvier 2013, il est toujours bien vivace et semble même influencer certains des choix tactiques opérés sur le terrain. Les militaires et les agents du renseignement estiment qu’ils devront s’appuyer sur certains des combattants touaregs, qu’ils croient pouvoir contrôler, pour traquer les djihadistes et récupérer les otages français détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Certains en parlent comme des « alliés » et ne cachent pas la fascination qu’ils suscitent. En privé, ils les décrivent comme des « combattants aguerris », des « hommes de valeur » au « regard pur », qui inspirent le « respect »1.

Ces stéréotypes remontent au siècle précédent, quand, une fois conquis, les Touaregs ont été contraints de collaborer avec l’occupant français. Comme tout mythe, il a été déformé avec le temps et s’est petit à petit éloigné de la réalité, faisant oublier que durant les premières années de la conquête coloniale, la répression des Touaregs, qui ont longtemps résisté aux expéditions françaises, a été féroce : villages saccagés, ennemis exécutés, vivres confisquées… Les écrits des officiers qui avaient alors affaire à eux l’étaient tout autant. Dans son ouvrage consacré à la guerre de la France au Mali, l’essayiste Jean-Christophe Notin cite notamment le lieutenant Gatelet, auteur d’un récit sur la conquête en 1901 de ce qui était alors appelé le Soudan français. Gatelet parle des Touaregs – qu’il englobe dans un seul et même panier – comme des gens « sobres, durs aux fatigues et aux privations », capables d’une « bravoure étonnante » et méprisant la mort, mais aussi comme des individus dotés de « bien des vices », « vaniteux », « pillards », « très ombrageux »2.

 

La « malédiction » des Touaregs

 

Même leur résistance, qui deviendra légendaire avec le temps, est remise en cause par des officiers qui ont participé à la « pacification ». Dans un ouvrage consacré à la « soumission des Touaregs de l’Ahaggar », Jean-Pierre Duhard en cite quelques-uns. Le capitaine Cauvet notamment : « Les Touaregs, traités comme ils devraient l’être, c’est-à-dire en ennemis, nous étaient, malgré leur bravoure, tout à fait inférieurs de par leur armement primitif ; il fallait donc se hâter d’en finir avec eux et s’ouvrir de force le passage ». Pour lui, « les Touareg Hoggar ont une réputation guerrière bien au-dessus de leur valeur réelle »3

Dans L’Empire des sables, une étude consacrée à la conquête du Sahara par la France, l’historien Emmanuel Garnier rappelle ainsi que « l’amitié franco-touarègue » vantée durant (et longtemps après) la colonisation n’a pas toujours été aussi idyllique4. Ce n’est qu’une fois conquis, au début du XXe siècle, que l’« ennemi » touareg devient un allié des militaires – et encore : un allié que l’on garde à l’œil. Depuis lors, une « fascination réciproque », terme employé par le général Olivier Tramond, ancien commandant du centre de doctrine d’emploi des forces de l’armée de Terre5, lierait les anciens adversaires – la réciprocité, en l’occurrence, reste à démontrer, car cette fascination semble être bien plus forte en France qu’au Sahel.

L’image du Touareg devient alors chevaleresque, et donc respectable aux yeux des militaires. Dans un milieu conservateur où les partisans de la monarchie sont encore nombreux au début du XXe siècle, on se plaît à évoquer la « société aristocratique et guerrière » des Touaregs – quand bien même ces sociétés, loin d’être uniformes, sont composées de différentes strates sociales très inégales et sont extrêmement fragmentées. « C’est la malédiction des Touaregs dans leur relation avec la France, explique Yvan Guichaoua enseignant-chercheur à la Brussels School of International Studies et spécialiste de la zone (Yvan Guichaoua est membre du comité de rédaction d’Afrique XXI). Les militaires français croient les connaître alors qu’en fait, ils ne les connaissent pas du tout. Ils ignorent pour la plupart la complexité des sociétés touarègues. Cela se traduit par des alliances qui aboutissent à des désastres dans les relations intra et inter-communautaires. »

On loue également leur mode de vie nomade et leur courage au combat. « Leur fierté, leur soif séculaire d’indépendance, leur solitude face au désert renvoyant à celle de l’homme face à Dieu, leur ont attiré la sympathie de tout un courant de pensée », rapporte Jean-Christophe Notin, qui baigne dans le milieu des renseignements et de l’armée depuis des années. Ces clichés n’alimentent pas seulement l’imaginaire des militaires : la conquête du Sahara étant particulièrement médiatisée au début du XXe siècle, nombre de lecteurs des journaux parisiens se font une image fantasmée des immenses étendues désertiques et de leurs vaillants habitants vêtus tout de bleu…

 

Convaincre les Touaregs d’abandonner Khadafi

 

Cinquante ans après les indépendances, cette « mythification » est toujours d’actualité. Jean-Christophe Notin rappelle qu’en 2013, lorsque la France envoie ses hommes se battre au nord du Mali, « les Touaregs ne laissent personne indifférent » à Paris. Ils inspirent « sympathie » ou « rejet », écrit-il, « résultat de cinquante ans d’idées préconçues qui ont fini par dénaturer la cause originelle du malaise de ce peuple ». La « sympathie », en l’occurrence, se trouve plutôt du côté des militaires et des « espions », affirme un diplomate à la retraite qui a été en poste au Sahel (il a requis l’anonymat). « J’étais toujours assez effaré, lors de mes discussions avec les militaires, par leur vision fantasmée des Touaregs », affirme-t-il aujourd’hui.

Un Touareg de Tamanrasset (Algérie), en 1950.
Source gallica.bnf.fr / BnF

 

 

Au début des années 2010, la diplomatie française, attachée à garder de bonnes relations avec les gouvernements des pays sahéliens, a depuis longtemps pris ses distances avec leur cause et a convaincu l’exécutif d’en faire de même. Mais dans le secret, la Direction générale des services extérieurs (DGSE) a continué à cultiver des liens étroits avec eux, et notamment avec les mouvements indépendantistes qui ont pris les armes au début des années 1990 au Niger et au Mali. Ces liens ont parfois abouti à des appuis discrets. Parfois non6.

Comme durant la colonisation, les Touaregs peuvent cependant être utiles à la France lorsqu’il en va de ses intérêts. Ainsi en 2011, quand le président Nicolas Sarkozy part en guerre (avec la Grande-Bretagne et les États-Unis notamment) contre Mouammar Khadafi en Libye, les réseaux de la DGSE se mettent en branle. Leur mission est de convaincre les Touaregs qui se battent pour Khadafi (et avec lesquels ils n’ont jamais rompu le contact) de l’abandonner, dans le but de l’affaiblir. Pour ce faire, ils leur conseillent de « retourner » dans leur pays d’origine…

 

Les guerres de la Légion verte

 

Durant près de quatre décennies, Kadhafi a accueilli les Touaregs d’Algérie, du Mali et du Niger7. Il en a recruté des milliers, et les a formés au métier des armes. Ces nouvelles recrues – parmi lesquelles figure notamment Iyad Ag Ghaly, qui est aujourd’hui à la tête du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM), né en 2017 de la fusion de la quasi-totalité des groupes djihadistes de cette zone – fourniront le gros des troupes de la Légion islamique (également appelée Légion verte). Ils se battront pour Kadhafi au Liban en 1981, puis au Tchad en 1986. Dans les années 1990 et 2000, certains d’entre eux joueront un rôle majeur dans les rébellions touarègues au Niger et au Mali. D’autres continueront à servir la cause de Kadhafi à l’intérieur des frontières libyennes, au sein de son armée ou, à partir de 2004, dans la brigade Maghawir.

Forte de 3 000 hommes, cette brigade était exclusivement composée de Touaregs, dont beaucoup étaient d’origine malienne. Commandée par le général Ali Kana, elle s’est dans un premier temps battue aux côtés de Kadhafi durant la guerre de 2011, avant de l’abandonner. À partir du mois d’août 2011, plusieurs centaines de ses combattants ont déserté : certains se sont réfugiés dans le sud de la Libye ; d’autres sont rentrés au Niger et au Mali. À l’époque, le Niger de Mahamadou Issoufou, tout juste élu, les accueille avec un discours musclé : ils peuvent rentrer, mais ils doivent déposer les armes et se faire discrets. Le Mali d’Amadou Toumani Touré (ATT), plus souple, tente de dialoguer avec eux – en vain8.

Quand ceux-ci rentrent au Mali durant les derniers mois de l’année 2011 et au tout début de l’année 2012, ils sont solidement armés – leur arsenal, en partie issu des stocks de l’armée libyenne, est constitué de mitrailleuses, d’AK-47 et de lance-roquettes RPG-7 – et ont bien l’intention de faire leur place dans un pays que beaucoup découvrent. Ils sont commandés par Mohamed Ag Najim, un vétéran de la Légion verte, radié de l’armée libyenne dans les années 1990 puis réintégré et promu au grade de colonel. Quand la guerre a éclaté en 2011, il a un temps été chargé de la protection d’une partie de la famille de Kadhafi, avant, lui aussi, de lâcher le « Guide ».

 

Les assurances de Paris

 

En octobre 2011, deux mouvements irrédentistes jusqu’alors assez discrets, le Mouvement national de l’Azawad (MNA) et le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM), fusionnent et créent le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Le MNA avait déjà de grandes ambitions. Ses leaders ont vite compris que le retour des « Libyens » leur permettrait d’en découdre avec Bamako. De fait, le gros des troupes du MNLA est alors constitué des « revenants » – c’est d’ailleurs leur chef, le colonel Ag Najim, qui est nommé à la tête de l’état-major du mouvement. Le 17 janvier 2012, les combattants du MNLA attaquent la ville de Menaka, au nord-est du Mali. C’est le début d’une offensive éclair. Ils scelleront une alliance de circonstances (très provisoire, puisqu’elle ne tiendra que quelques semaines) avec les groupes djihadistes et prendront successivement le contrôle de Kidal, de Tessalit, de Gao et de Tombouctou… Le 6 avril, le MNLA proclame l’indépendance de l’Azawad.

Depuis lors, nombre de responsables politiques et militaires maliens sont persuadés que la France a poussé les Touaregs de Libye à revenir au Mali, et leur a même assuré qu’ils seraient soutenus dans leur quête indépendantiste. Pour eux, c’est donc la faute de Paris si la guerre a éclaté dans le nord du pays. « Les Français leur ont dit qu’ils devaient laisser tomber Kadhafi, et que s’ils rentraient chez eux, ils les laisseraient tranquilles, qu’ils les aideraient même à prendre le Nord », soutenait il y a quelques années un officier qui a longtemps travaillé aux côtés d’ATT. Il ajoutait que les relations entre Paris et Bamako étaient glaciales à l’époque.

Cette théorie a, encore aujourd’hui, le vent en poupe à Bamako. Il n’est pas rare d’entendre un simple quidam affirmer que la France a soutenu les indépendantistes, dans le but d’affaiblir le Mali. En réalité, plutôt que d’un soutien actif de Paris, les « revenants » ont bénéficié d’une certaine liberté pour quitter la Libye avec armes et bagages, et peut-être même l’assurance, en échange de leur défection, qu’ils ne seraient pas touchés par les bombes de l’OTAN. L’officier malien se souvient : « C’était début janvier, en 2012. Les rebelles sont arrivés en convoi : 20 camions bourrés d’armes, 500 à 600 hommes. Et personne ne nous a prévenus de leur arrivée, ni les Nigériens, ni les Algériens, ni les Français. Pourtant, le Mali n’a pas de frontière directe avec la Libye. » À cette époque, les forces spéciales françaises basées à Ouagadougou avaient pour mission de surveiller la frontière sud de la Libye, qu’aurait pu emprunter Kadhafi s’il avait réussi à fuir. L’entourage d’ATT se demande comment un tel convoi a pu échapper à leurs radars…

 

Le dilemme de Kidal

 

Dans son enquête très documentée, Jean-Christophe Notin note que le bataillon d’Ag Najim « ne rentre pas seulement au pays par dépit […] mais parce qu’il y est invité de divers côtés » et que « sans doute la DGSE a-t-elle fait jouer ses relations anciennes pour les dissuader de s’opposer à l’OTAN ». Plusieurs cadres du MNLA ont confirmé ces dernières années qu’ils ont été poussés à quitter la Libye, et qu’en échange, on leur a assuré qu’ils pourraient jouer un rôle dans leur pays d’origine. « Quand les Français nous disaient de rentrer, jamais ils n’ont exigé qu’on laisse les armes sur place. Ils savaient que nous ne l’aurions jamais accepté et ils devaient bien se douter de ce que cela impliquait », affirmait il y a deux ans un des « revenants ».

Ag Najim était à l’époque en contact avec la DGSE. Il l’est resté bien après l’éclatement de l’insurrection : lorsque les soldats français sont arrivés à Kidal, le 30 janvier 2013, trois semaines après le déclenchement de l’opération Serval qui avait pour but de chasser les djihadistes du nord du Mali, c’est lui qui les a accueillis.

Ce jour-là, les militaires français ne sont pas accompagnés des soldats maliens, comme ce fut le cas à Gao et à Tombouctou quelques jours plus tôt. Les Français n’en veulent pas à Kidal, autant pour des raisons humanitaires – ils craignent des actes de représailles des militaires maliens contre les Touaregs – que par choix stratégique – ils ont besoin du MNLA pour traquer les djihadistes dans le nord, et pour tenter de retrouver les otages français. Notin écrit que, lorsque l’opération Serval a été déclenchée, la question s’est immédiatement posée à l’exécutif : faut-il collaborer ou non avec le MNLA ? « La proposition ravive à Paris le clivage suscité depuis toujours pas la question touareg, raconte-t-il. Le MNLA recueille le plus de suffrages au sein des forces spéciales et de la DGSE », alors que « les diplomates s’y opposent ». Ces derniers l’emportent au début : François Hollande les suit. Mais lorsque l’armée française approche de Kidal, ils ont perdu la bataille d’influence qui se joue à Paris. Les militaires ont pris le « lead ».

 

« Un quiproquo fondamental »

 

Cet épisode est resté en travers de la gorge des Maliens. Pour nombre d’entre eux, il représente une blessure d’orgueil et une incompréhension. « Jusque-là, on applaudissait Serval des deux mains. Mais quand on a appris que les soldats maliens n’avaient pas le droit de pénétrer à Kidal, une ville malienne, on a commencé à s’interroger sur les réelles intentions de la France », indique un ancien diplomate malien ayant requis l’anonymat. Lors d’une visite à Paris dès le mois de février 2013, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) – un ami de François Hollande qui sera élu à la présidence du Mali quelques mois après le déclenchement de Serval9 – rappelait dans Le Figaro que « les Touaregs sont une minorité dans le nord ». Bon connaisseur de la France et de ses vieux fantasmes, il ajoutait : « Il y a un romantisme facile de l’homme bleu du désert, qui ne tient pas la route dans le cas du Mali. Il n’y a jamais eu de volonté d’éliminer les Touaregs. Ils ne sont pas les Indiens du Mali »10. En réalité, le choix du MNLA n’a, à ce moment-là, plus grand chose à voir avec le mythe colonial. Il s’agit d’une alliance de circonstances.

Le diplomate français cité plus haut parle de « péché originel » qui ne sera « jamais réparé ». Jean-Christophe Notin évoque pour sa part un « quiproquo fondamental » : « Quand Paris met en garde Bamako contre la montée en puissances des “terroristes”, il pense à Aqmi et ses alliés. Quand Bamako se plaint à Paris de la menace que les “terroristes” font peser sur le pays, il pense, lui, aux Touaregs ». Les autorités de l’époque, aveuglées par les positions de la DGSE et d’une partie de l’armée qui pensaient pouvoir faire des combattants touaregs une force alliée, n’ont pas vu – ou pas voulu voir – les conséquences d’une telle décision.

Celle-ci sert aujourd’hui les intérêts de ceux qui critiquent la présence militaire française. Récemment, le Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, bien décidé depuis sa nomination à envenimer les relations entre la France et son pays, a rappelé cet épisode à sa manière : il a accusé la France d’avoir « créé une enclave » à Kidal, et même d’avoir « formé et entraîné une organisation terroriste ». Il faisait référence non pas à de prétendues complicités entre l’armée française et les djihadistes (une thèse complotiste régulièrement véhiculée sur les réseaux sociaux), mais à la collaboration, sur le terrain, entre la France et les combattants du MNLA.

 

Une collaboration étroite avec l’unité antiterroriste du MNLA

 

De fait, une fois la ville de Kidal reprise aux djihadistes, une collaboration étroite a été mise en place entre la DGSE et le MNLA, mais aussi entre les Forces spéciales de l’opération Sabre (basée à Ouagadougou) et le MNLA11. À cette époque, la France a besoin des indépendantistes, de leurs réseaux et de leur connaissance du terrain pour retrouver les otages détenus par les djihadistes et pour localiser leurs bases. Le MNLA, qui compte bien se placer sous l’aile de ce puissant protecteur pour reprendre le contrôle du nord, décide de mettre en place une unité antiterroriste qui aura pour mission de traquer les djihadistes avec les soldats français. Le chef de cette unité, Sidi Mohamed Ag Saïd, également connu sous le surnom de « Trois-Trois », est l’un de ceux qui ont accueilli les Français lorsqu’ils sont arrivés à Kidal.

Un combattant de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), à laquelle appartient le MNLA, en septembre 2015, à Kidal.
Marco Dormino / UN Photo

 

 

À la tête de l’unité antiterroriste, forte de plusieurs dizaines d’hommes, « Trois-Trois » a mené de nombreuses batailles contre les éléments d’Ansar Eddine et d’Aqmi entre 2013 et 2016, et a démantelé plusieurs de leurs cellules. Mais en 2017, il a perdu près de trente hommes lors de l’attaque de son camp et a lui-même été grièvement blessé. Il a alors raccroché. Et avec lui, les hommes de son unité. « Ce jour-là, il aurait eu besoin de l’aide des Français, il l’a demandée, mais ils sont venus seulement cinq jours après », se désolait Mohamed il y a deux ans.

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Rémi Carayol

Journaliste

 

 

 

 

 

 

Suggestion kassataya.com :

Dans l’armée française, un imaginaire colonial omniprésent

 

 

 

 

 

Source : Afriquexxi.info

 

 

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