La Mauritanie est éliminée à l’issue de son deuxième match de la CAN. Elle n’a toujours pas obtenu de point quand, à l’issue de cette deuxième journée, le Mali en a cueilli 4, la Gambie 4 et la Tunisie 3.
Seulement, la règle de classement de la CAF stipule qu’aux nombres de points égaux, le prochain critère à retenir est le nombre de points obtenus lors de la rencontre entre les deux équipes concernées. Ce qui fait que même si la Mauritanie arrivait à se déchainer à la troisième journée et à infliger au Mali une victoire suffisamment lourde, et que la Gambie fasse de même sur la Tunisie, les Mourabitounes ne pourront pas pour autant se classer troisièmes au dessus des aigles de Carthage et espérer ainsi faire partie des meilleurs troisièmes. Et ce, du seul fait qu’ils aient été battus par les Tunisiens qui pourront bien finir le premier tour avec le même nombre de points et une différence de buts, et éventuellement un nombre de buts inscrits, bien inférieurs.
L’idée n’est pas ici de prétendre que c’est cette règle qui serait l’injuste qui a abattu l’équipe mauritanienne, même si elle n’a pas amorti la chute de cette dernière. Nous nous proposons juste de la discuter, en oubliant presque le prétexte Mourabitoune, et de pointer certains de ses aspects qui semblent inopportuns à bien des égards.
Tout d’abord, l’on doit bien noter que l’on est plus habitué à la procédure hiérarchique suivante pour départager les équipes :
1- Nombre de points sur l’ensemble de la phase des groupes
2- La différence de buts sur l’ensemble de la phase des groupes
3- Le nombre de buts inscrits sur l’ensemble de la phase des groupes
4- À partir de là les critères peuvent différer selon le tournoi (nombre de points à l’issue du match opposant les équipes, comparaison des indicateurs du fair-play, tirages au sort etc…)
Mais dans cette CAN, juste après le premier critère, on voit donc s’appliquer ce critère du « vainqueur du match opposant les deux équipes ». On peut, dès à présent, faire la remarque évidente montrant combien ce critère est conflictuel. L’idée de base d’une chaîne de critères est de refléter une certaine justice tout en reléguant les cas conflictuels qu’elle contient à une certaine rareté, voire exception.
Notre règle recèle à la fois une nature qui s’apparente à une injustice, mais aussi expose facilement au conflit. Prenons un scénario dans lequel un groupe se compose de 4 équipes que l’on nommera X, Y, W et Z. Supposons que le résultat des deux premières journées soit tel que: X a battu Y, Y a battu W, W a battu Z et Z a battu X. Ainsi chacune a une victoire et une défaite. Et qu’à l’issue de la troisième journée: X fasse match nul avec W et Y fasse match nul avec Z.
Donc à l’issue de la phase de groupe, chacune a 4 points. Et au lieu de passer à la règle standard consistant à comparer la différence de buts – ce qui a une grande probabilité de différer, on passe directement au critère de « qui a battu qui ? ». Et là, avec cet exemple aussi simple qu’envisageable, on est devant un conflit ! L’équipe X ne peut pas être première devant Z car cette dernière équipe l’a battue, mais Z non plus ne peut l’être devant W pour la même raison, ni W ne puisse l’être devant Y et encore moins cette dernière devant X. Il faut donc passer à l’étape suivante.
Mais observez quand même que l’on serait déjà en train de consommer le troisième critère de la chaîne de départage pour tout un groupe! Ce qui dénote une faiblesse de celle-ci. Sur un autre plan, on peut quand même comprendre que la phase de groupe, bien que faite de matchs entre équipes, n’est pas de la même nature qu’un duel.
Ce qui fait qu’il serait beaucoup plus cohérent de considérer en premier lieu les critères reflétant cet aspect ‘groupe’ plutôt que, dès l’égalité des points, isoler et zoomer sur le seul match qui a opposé les deux équipes au détriment de la performance globale sur toute la phase. On serait en train d’appliquer un ‘jugement individualiste’ sur un fait de groupe. Il est possible que cette règle soit une des irrégularités de la CAF observées depuis le début de cette CAN et qu’il faut corriger dans le futur.
Mouhamadou Sy
(Reçu à Kassataya.com le 17 janvier 2022)
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com
