Liberation – Alors que ses voisins souffrent d’une insécurité croissante liée aux groupes jihadistes, le pays n’a pas subi d’attaque depuis dix ans, notamment grâce à une politique sécuritaire musclée. Dans le Nord-Est, la région de l’Adrar fait figure de sanctuaire.
Surtout ne pas se fier à sa frêle silhouette, drapée dans une melahfa, ce voile qui enveloppe les Mauritaniennes de la tête aux pieds : Zayda Mint Bilal, 43 ans, est une femme à poigne. Elle est devenue l’une des figures marquantes de Ouadane, cité historique fondée au XIIe siècle au cœur du massif de l’Adrar, et située à plus de 600 kilomètres au nord-est de Nouakchott, capitale de cet immense pays, près de deux fois la taille de la France.
Sur le toit de son auberge, alors que les dernières lueurs du jour embrasent d’un rose chatoyant les dunes qui s’étendent jusqu’à l’horizon, Zayda fume avec nonchalance, en évoquant de sa voix rocailleuse sa vie de femme divorcée, qui a construit son destin toute seule. C’est sa mère et sa grand-mère qui l’ont encouragée à aller à l’école, explique-t-elle. Mais un mariage à 18 ans et la naissance d’un enfant la cantonnent bientôt à son foyer. Jusqu’au divorce qui lui rendra sa liberté et lui permettra d’entamer une deuxième vie.
«On la sent heureuse dans cette cité de fin du monde, elle y a façonné un univers qui gravite autour d’elle, une auberge où elle reçoit les étrangers, […] et tout ça à partir de rien, un petit commerce de menthe fraîche et de colliers, elle a tout construit à force de sourires et de patience», raconte l’écrivain Beyrouk, qui évoque le parcours de cette femme dynamique dans l’un de ses romans, le Silence des horizons, publié en 2021 en France. Beyrouk est d’ailleurs là, lui aussi.
Envoyée spéciale dans la région de l’Adrar (Mauritanie)
Source : Liberation (France)
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