
Le Devoir – Le 28 janvier en début de soirée, la vie de Mamadi Camara a été complètement bouleversée. Le policier Sanjay Vig, qui venait de le contrôler pour une histoire de cellulaire au volant, est violemment agressé. Mamadi Camara sera ensuite arrêté lors d’une intervention musclée et subira un long interrogatoire. Accusé du crime, il passera six jours en prison, alors qu’il n’avait rien à se reprocher. Les accusations seront finalement abandonnées.
L’affaire a fait réagir la classe politique au Québec et au Canada avec le premier ministre, Justin Trudeau, qui s’en est mêlé. Mamadi Camara, 31 ans, originaire de Guinée, étudiant étranger à Polytechnique et chargé de laboratoire, a raconté que son arrestation a été un moment « extrêmement difficile » et « très traumatisant » lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle, en février.
« Pendant six jours, je n’ai eu aucune occasion de parler à ma famille. Jamais », a-t-il dit. Une fois transféré à la prison de Rivière-des-Prairies, il a dit avoir senti que les gardiens le considéraient comme « un tueur de policier […], un monstre ». Il a dit être encore sous le choc d’avoir partagé sa cellule avec des criminels.
« [La libération] a été un grand soulagement, mais, en même temps, je m’y attendais. Depuis le jour de mon arrestation, je n’ai cessé de clamer mon innocence. Si on m’avait écouté, si on avait écouté mon récit, peut-être que ça n’aurait pas pris six jours [avant qu’on me libère]. »
C’est finalement Ali Ngarukiye qui sera arrêté et accusé de tentative de meurtre. Il sera également accusé du meurtre de son compagnon de cellule.
Mamadi Camara se dit victime de profilage racial et poursuit, avec des personnes de son entourage, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) pour la somme de 1,2 million. Plus d’une dizaine d’autres allégations sont mentionnées dans la poursuite, dont interception et arrestation illégales ainsi qu’usage de force abusive. Québec avait demandé au juge Louis Dionne d’enquêter et, dans son rapport publié en septembre, il a toutefois conclu que Mamadi Camara n’a pas fait l’objet de profilage racial.
Lorsqu’il a été contacté par Le Devoir en décembre, ce dernier nous a dirigés vers son avocate. Celle-ci n’a pas donné suite à nos demandes.
Le directeur du SPVM, Sylvain Caron, lui a présenté officiellement ses excuses. Mais l’événement a relancé le débat sur les violences policières et l’arrestation des personnes noires. « Le cas de Mamadi Camara, ainsi que celui de l’avocat victime de profilage racial récemment, s’ajoute cette année à une longue liste de victimes du racisme systémique », avait déclaré la Ligue des Noirs du Québec.
Source : Le Devoir (Canada) – Le 24 décembre 2021
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