Mauritanie : 2021, l’année de la désillusion pour les réformes de Ould Ghazouani

A une semaine de 2022, les observateurs reviennent sur les difficultés de relance économique du gouvernement, du dialogue politique en gestation, de la réforme du système éducatif en pointillé, de l’échec de la politique agricole dans la vallée sur fond d’exactions policières des populations. Autant de faits qui ont marqué l’année 2021 considérés comme espoirs et craintes du régime de Ould Ghazouani.

La Mauritanie n’est pas épargnée en 2021 par une troisième vague de la covid-19 plus mortelle que les précédentes et qui a fortement secoué le système de santé déjà défaillant dont il doit la survie grâce à l’aide de la Chine et de la communauté internationale sur fond d’une campagne de vaccination plus ou moins soutenue mais qui devra affronter probablement le nouveau variant exponentiel Omicron en 2022. Ce prolongement de la crise sanitaire en 2021 a largement impacté le plan de relance économique du gouvernement de Ould Bilal. Les produits de la pêche, le cuivre et l’or ont vu leur production baisser sauf le fer, le poumon de l’économie qui a retrouvé un nouveau souffle avec une production qui va doubler en 2026.

C’est incontestablement sur le terrain social que le président Ould Ghazouani a semé de bonnes graines qui marque des avancées dans son programme élargi avec plus d’1 million 300000 personnes bénéficiant d’un programme alimentaire et financier. 100 000 familles ont en 2021 leurs transferts monétaires directs. Le programme Tékavoul a distribué plus de 2 milliards d’ouguiya avec en toile de fond plus de 600000 personnes bénéficiant d’une assurance maladie.

Des résultats encourageants mais qui n’expliquent toujours pas la pauvreté des Mauritaniens qui font face à la hausse des prix des denrées alimentaires et la perte de pouvoir d’achat malgré des mesures gouvernementales pour un nouveau mécanisme de régulation. C’est l’une des explications majeures de la lenteur de l’exécution du programme quinquennal par le gouvernement notamment dans le domaine des infrastructures et des routes où les entreprises de BTP ont du mal à respecter les délais des travaux, le laxisme au niveau des transports avec la recrudescence des accidents de la route. Ould Ghazouani a tapé deux fois le poing sur la table pour tirer la sonnette d’alarme à ses ministres.

C’est la première désillusion du chef de l’exécutif à mi-mandat qui devra repenser sa politique agricole qui a essuyé des revers à Ferallah avec la rétrocession des 3200 ha concernant l’investisseur arabe l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement.

C’est l’échec d’une réforme agraire qui est pointée du doigt sur fond de répression policière à N’Gawlé, la dernière localité en date au Sud dans le nouveau département de Tékane qui résiste contre l’expropriation des terres agricoles par un homme d’affaires mauritanien.

Les réformes engagées se heurtent également au poids de la dette extérieure estimée à 5 milliards de dollars qui continue de plomber les comptes publics malgré la fin d’un vieux conflit politico-financier avec le Koweït en août dernier et qui avoisine 1 milliard de dollars. L’espoir pour Ould Ghazouani l’année 2021 c’est le début des investissements du privé rentables pour les secteurs productifs qui vont générer des emplois surtout pour les jeunes.

Par ailleurs, la politique intérieure semble piétiner depuis 2019. La normalisation des relations avec l’opposition n’a pas porté ses fruits. Le dialogue politique est reporté en 2022. Les dossiers brûlants comme le passif humanitaire apparaissent comme une ligne rouge à ne pas franchir. Le règlement politique nécessite une véritable réconciliation nationale qui passe par une commission Vérité et justice.

Cette complexité de la question nationale est vite contournée au dernier trimestre de 2021 par l’accélération du processus de la réforme du système éducatif avec la concertation nationale dont les recommandations pour un système unique éducatif attendent le feu vert du chef de l’Etat. A une semaine de 2022, le projet de création de l’Institut pour la promotion des LN ( pulaar, sooninke et wolof) attendra 2022.

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 24 décembre 2021)

 

 

 

 

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