Mauritanie : Ferrala, Bababé et N’Gawlé, des bombes sociales à retardement pour le régime de Ould Ghazouani

Au cours des semaines passées, le président mauritanien a donné à voir une des pires images qui façonnent sa présidence depuis août 2019. Un quinquennat qui balaie à trois ans de gouvernance, l’espoir d’un Etat de droit. Ould Ghazouani reprend à son compte les vieilles recettes des régimes autoritaires et la théorie du Grand Effacement des populations de la vallée du Fleuve Sénégal qui date de 1983 avec la réforme foncière.

C’est le village de Feralla, dans le Brakna, une région au Sud de la Mauritanie qui a le plus défrayé les chroniques depuis plus d’une décennie sous le régime de Ould Aziz. Les mobilisations des habitants contre l’aménagement de la cuvette « Koylal » de 3200 ha, financée par la banque mondiale, ont suscité les polémiques les plus vives sur les réseaux sociaux et les rédactions nationales. Un conflit foncier oppose depuis 2015, l’Autorité arabe pour l’agriculture et l’investissement à des communautés villageoises issues des communes de Dar El Barka et Ould Birom dans le département de Boghé.

Après 6 années de combat contre l’accaparement de leurs terres, les populations viennent d’avoir gain de cause avec l’annulation de la concession accordée à l’investisseur arabe par le gouvernement de Ould Bilal. Une première victoire qui marque le début de la fin de la politique des attributions abusives des terres agricoles aux étrangers. Mais N’Gawlé une localité dans le nouveau département de Tékane dans la région du Trarza vient confirmer que le gouvernement n’a pas tiré les leçons. Depuis un mois, les agriculteurs manifestent contre l’expropriation de leurs terres par un homme d’affaires Mauritanien.

Des détentions arbitraires de près d’une dizaine de personnes et des cas de torture focalisent l’attention des observateurs qui pointent une répression policière démesurée. Les femmes sont en première ligne de cette résistance contre l’Etat répressif. Un mouvement initié à Bababé, localité martyre dont les habitants ont commémoré le 28 novembre dernier, le 31ème anniversaire des massacres des 28 soldats négro-mauritaniens de la vallée à Inal en 1990.

Ces deux derniers évènements ont placé la femme sur la scène nationale comme en témoignent les manifestations à Nouakchott et à Nouadhibou cette semaine réclamant la libération des détenus à N’Gawlé et le limogeage du préfet et du commissaire de police à Bababé. Les observateurs assistent ainsi à un sursaut de la femme mauritanienne. à l’émergence d’une nouvelle prise de conscience contre toutes les formes d’injustice. Au-delà de ces trois localités, ce sont toutes les régions du Sud qui constituent des bombes sociales à retardement pour le régime de Ould Ghazouani désormais assis sur un volcan.

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 12 décembre 2021)

 

 

 

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