Décryptage – Pourquoi la Chine pourrait être la prochaine cible du djihadisme international

Courrier international Imposant de plus en plus sa présence dans les pays d’Asie délaissés par les États-Unis, la Chine voit ses intérêts ciblés par les groupes terroristes islamistes. Ces derniers mobilisent efficacement autour d’eux en faisant valoir le traitement infligé par l’empire du Milieu à la minorité ouïgoure, analyse Foreign Policy.

Début octobre, un kamikaze de l’État islamique au Khorasan (EI-K) a tué une cinquantaine de personnes dans une mosquée de Kunduz, en Afghanistan. Si le groupe djihadiste n’a surpris personne en revendiquant l’attentat, l’incident a pris cependant une nouvelle et inquiétante tournure pour Pékin puisque l’organisation a décidé d’associer la Chine à ce massacre. En effet, le groupe a fait savoir que le kamikaze était ouïgour et que l’attentat visait à punir les talibans pour leur étroite coopération avec la Chine, en dépit des actions menées par celle-ci contre les Ouïgours au Xinjiang.

Pendant longtemps, la Chine a été une cible considérée comme secondaire par les organisations terroristes internationales. Des groupes comme Al-Qaida et l’État islamique focalisaient tellement leurs attaques contre les États-Unis, l’Occident en général ou leurs adversaires locaux, qu’il leur était rarement arrivé de lever les armes contre la Chine, même s’ils en avaient envie en raison notamment des mauvais traitements infligés par ce pays aux musulmans ouïgours. Mais à Kunduz, une page a brutalement été tournée : la Chine doit désormais avoir conscience qu’elle fait clairement partie des cibles.

 

Tolérance et insouciance

 

L’histoire des relations de la Chine avec les groupes islamistes violents est compliquée. Pendant longtemps, la Chine a su se donner une image de puissance du “monde en développement”. Ainsi, elle a pu en quelque sorte se cacher derrière le fait qu’elle ne faisait pas partie de ces anciennes puissances coloniales du “premier monde”, qui s’étaient mis à dos tous les opprimés de la Terre. Avant le 11 Septembre, les théoriciens d’Al-Qaida allaient même jusqu’à parler de Pékin comme d’un partenaire possible. En effet, selon leur logique, la Chine s’opposant aux États-Unis, l’ennemi juré d’Al-Qaida, il était possible d’appliquer le vieux principe selon lequel “les ennemis de mes ennemis sont mes amis”.

Dans les faits, cela a rarement été le cas. La tolérance manifestée par la Chine à la fin des années 1990 à l’égard des figures d’Al-Qaida, qui ont, de temps à autre, utilisé le territoire chinois pour des opérations de transit et de soutien, reflétait sans doute plus son ignorance de la situation qu’une volonté délibérée. En 2004, la dynamique ayant changé, les services de renseignements chinois se sont montrés disposés à collaborer avec les services occidentaux pour livrer les terroristes présumés qui passaient par les aéroports chinois.

Au cours du premier gouvernement dirigé par les talibans, dans les années 1990, les responsables chinois ont affiché la volonté d’être des interlocuteurs du régime du mollah Mohammad Omar, malgré quelques hésitations. Sans jamais être une partisane inconditionnelle des talibans, la Chine a préféré trouver des moyens de travailler dans l’ombre avec le groupe. Son action a surtout pris la forme d’investissements et d’un soutien limités, encouragée en cela par le Pakistan, avec l’espoir que les talibans empêcheraient de ce fait les groupes ouïgours établis en Afghanistan sous la protection du mollah Omar d’attaquer la Chine. Dès lors que les dirigeants afghans respectaient cette exigence essentielle, Pékin ne semblait pas se préoccuper beaucoup des objectifs plus larges des talibans. Rien ne prouve néanmoins que Pékin ait établi un lien entre ce problème intérieur et une menace terroriste plus large à l’échelle mondiale.

Suite à l’invasion de l’Afghanistan, puis de l’Irak, par les États-Unis, le problème du terrorisme international a pris une ampleur planétaire, les groupes ciblant un nombre croissant de pays, sans que la pression exercée avec succès par la Chine pour faire figurer certains de ses groupuscules ouïgours dans le fichier des organisations terroristes des Nations unies et des États-Unis n’attire vraiment l’attention des djihadistes sur le pays. Durant les années qui ont suivi le 11 Septembre, la Chine a néanmoins commencé à se méfier des talibans. De fait, un groupe ouïgour aurait combattu aux côtés des talibans pendant des années, à en croire une vidéo

 

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Raffaello Pantucci
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Foreign Policy – Washington

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Courrier international 

 

 

 

 

 

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