Courrier international – C’est un mot tout droit sorti de la culture du mème. Sur les réseaux sociaux, des anonymes “yassifient” en série des visages cultes pour un résultat risible car “ridiculement sexy”. La Jeune Fille à la perle, Timothée Chalamet ou Joe Biden ont ainsi vu leurs traits lissés et surmaquillés.
Les réseaux sociaux sont souvent à l’origine de nouvelles tendances. Et parfois aussi de nouveaux mots. Le verbe “yassifier” – “to yassify” en anglais – est justement né sur la Toile. Il désigne une façon de retoucher des images cultes sur Internet, qu’elles soient des reproductions de grands tableaux ou de simples portraits.
Des anonymes modifient ainsi le visage de la personne ou de la créature qui s’y trouve pour lui lisser les traits, la surmaquiller et parfois lui ajouter une perruque. Mais une image “yassifiée” n’est pas le résultat d’une longue retouche censée passer inaperçue.
Les “filtres de beauté” classiques disponibles sur de nombreuses applications comme FaceApp suffisent à transformer à outrance les apparences, en quelques minutes seulement, grâce à l’intelligence artificielle. Le nouveau visage est alors ostensiblement retouché, “génériquement ou ridiculement sexy”, raconte le New York Times. Et c’est là que se trouve son potentiel comique.
Depuis le 13 novembre 2021, un compte Twitter enchaîne les yassifications. YassifyBot a en effet publié plusieurs centaines d’images retouchées et comptait 147 000 abonnés au 29 novembre. Elles sont à chaque fois diffusées par deux : d’abord l’image originale, puis celle où le filtre a été appliqué.
La percée de l’expression est étonnamment récente. Les applications de retouche de visage par filtres existent depuis plusieurs années, et l’étymologie du mot trouve ses origines dans les années 2010, explique le quotidien new-yorkais.
“Yaaas, Lady Gaga !”
Le mot “yassification” part d’une exclamation, “yas”, qui s’écrit aussi “yass” ou “yaas”, “ou avec autant de A et de S nécessaires”. Selon le New York Times, ce oui encourageant circule dans la communauté LGBTQ+ depuis plus de dix ans, et a d’abord été popularisé en 2013 par une vidéo d’un fan de Lady Gaga (voir ci-dessous). L’expression “yas queen” a ensuite été largement diffusée dans la sitcom Broad City.
Le mot dans sa forme actuelle apparaît pour la première fois sur Twitter en 2020 selon KnowYourMeme. Dans la foulée, l’extrait d’une vidéo de l’actrice Toni Collette yassifiée devient virale, jusqu’à ce que le gérant du compte YassifyBot reprenne en masse le principe — “et le ruine”, selon ses mots.
Professeur en linguistique à l’université du Kentucky, Rusty Barrett a étudié les codes de langage dans les sous-cultures gays. Il a expliqué au New York Times voir un lien entre ces images virales et la culture drag. Comme les visages yassifiés, il affirme que les drag-queens “ont parfois une apparence artificielle ou exagérée”.
Source : Courrier international
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