Mauritanie : la future Maison de la presse à Nouakchott dans le collimateur des observateurs

Le gouvernement mauritanien vient d’octroyer un terrain de 2000 mètres carrés pour la construction d’une Maison de la presse à Nouakchott. C’est le fruit de plus de 6 mois de rencontre entre les acteurs du secteur et la commission nationale de la réforme de la presse en Mauritanie.

C’est une bonne nouvelle pour les professionnels mauritaniens de l’information et de la communication qui ont bataillé pour avoir une Maison à eux dans un contexte où le secteur est  en pleine restructuration depuis l’accession au pouvoir de Ould Ghazouani en 2019.

Le président mauritanien a commencé à installer une commission nationale de la réforme de la presse publique et privée dans un pays qui compte à peine en 2021, 3 chaînes de télévision et 3 stations de radio privées. Un maigre bilan de la libéralisation de l’audiovisuel depuis plus d’une décennie.

Avec un pays qui compte 150 institutions de presse, 6 associations de presse reconnues par la HAPA sur 25 recensées et toujours pas de statistiques officielles de journalistes en activité, la création d’une maison de la presse vient à point nommé. En attendant sa construction dans un quartier huppé de Nouakchott, les observateurs s’interrogent sur les motivations qui animent le pouvoir lequel d’ailleurs qui ne cache pas ses intentions sur la presse publique dont il vient d’augmenter le budget soit plus de 2 milliards d’ouguiya.

Une maison de la presse proche du pouvoir ne crée pas l’émergence d’un cadre pour tous les journalistes du secteur public et du secteur privé et par conséquent ne consolide pas la liberté de la presse au nom de la liberté d’expression. Le risque d’une Maison de la presse à l’image de la HAPA est réel. In fine une maison monocolore qui sert plus de pouvoir que les journalistes.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 16 octobre 2021)