La crise franco-malienne sur l’affaire du groupe privé Wagner sur les mercenaires russes plonge la Mauritanie dans une situation complexe à laquelle le président Ould Ghazouani n’est pas indifférent. Son entretien cette semaine avec le journal français « L’Opinion » s’inscrit dans une démarche de clarifier ses positions sur le G5 Sahel et d’apaiser la tension entre Paris et Bamako.
L’inquiétude des Mauritaniens est grande face à la crise franco-malienne qui commence à perdurer depuis plus d’une semaine et qui découle de ce que la presse appelle l’Affaire du groupe privé Wagner avec lequel les putschistes maliens sont en train de négocier pour l’envoi de mercenaires russes. Un choix qui exacerbe la France montée sur ses grands chevaux pour taper fort sur l’illégitimité de la junte militaire et l’éventualité de Paris de quitter définitivement le Mali si les mercenaires débarquent sur le terrain. Le président mauritanien n’est pas indifférent à cette rupture de confiance entre les deux pays. Ould Ghazouani est un allié sûr de la France et un partenaire du G5 Sahel auquel fait partie le Mali.
A ces deux titres, son entretien cette semaine avec le journal français « L’Opinion » va dans le sens de responsabiliser les putschistes militaires en demandant au préalable l’avis des quatre autres chefs d’Etat sahéliens. Les observateurs s’attendent à une crise diplomatique ou rupture entre Paris et Bamako si le colonel Goïta s’entête. Le chaos malien entraînera ipso facto des difficultés sur le plan économique avec un pays avec lequel Nouakchott entretient de bonnes relations commerciales. Et également, la circulation de biens et de personnes pourrait en pâtir. Les États voisins comme le Sénégal, le Burkina, le Niger voire la Côte d’Ivoire n’échappent pas à toutes ces conséquences.
Au plan diplomatique, les relations déjà tendues avec la France risquent d’impacter sur la gestion du G5 Sahel confronté de plus en plus à des attaques meurtrières des jihadistes lesquels se sont réorganisés autour d’Al Qaïda et de l’Etat Islamique et à l’une des crises humanitaires les plus graves depuis des décennies avec plus d’un million de déplacés dans les trois frontières ( Mali-Burkina et Niger).
Autre impact géopolitique. La crise entre Rabat et Alger toujours tendue après la rupture diplomatique entre les deux capitales et par ricochet la tension actuelle entre l’Algérie et la France, le conflit du Sahara occidental. Autant de feux ouverts sur le front du Maghreb. La neutralité de la Mauritanie est mise à rude épreuve avec le Maroc et l’Algérie deux pays amis avec lesquels les relations bilatérales sont excellentes jamais autant depuis l’accession au pouvoir de Ould Ghazouani en 2019. Nouakchott a tiré des leçons de l’épisode de la frontière d’El Guerguerat avec le blocage des produits marocains vers la Mauritanie et les autres pays voisins par le Polisario.
Les risques de guerre entre l’Algérie, le Maroc et le Polisario, la tension diplomatique entre l’Algérie et la France. Ajoutez à cela, la tension diplomatique entre le Mali et la France.
Autant de tourments qui demandent une lucidité du président mauritanien et l’union sacrée de l’opposition.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 05 octobre 2021)
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