Un Algérien nommé Abdelaziz Bouteflika

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika est mort le 17 septembre 2021. Orient XXI avait dressé son portrait au moment où il avait été contraint d’abandonner la présidence de l’Algérie. Retour sur un itinéraire qui se confond avec celui de son pays.

Orientxxi.info – Difficile d’imaginer, derrière le masque inerte et boursouflé du vieillard impotent entr’aperçu ces dernières années, Abdelaziz Bouteflika à ses débuts. Son principal atout était alors la séduction, la capacité à convaincre ses interlocuteurs. Charmeur, brillant, bavard, la conquête de son auditoire semblait le premier de ses soucis ; il faisait rire ses amis et fascinait ses admirateurs et admiratrices avec ses yeux bleus et son sourire de star américaine.

 

Aux côtés de Boumediene

 

La chance a servi plus que de raison ce jeune Algérien né à Oujda au Maroc en 1937. À 19 ans, vingt mois après le déclenchement de la lutte armée, il est mobilisé en juin 1956 comme tous les Algériens du royaume chérifien par le patron de la wilaya 5, le redoutable Abdelhafid Boussouf. L’instructeur militaire, un certain Houari Boumediene, l’exclut à cause de sa petite taille. On l’envoie faire un stage pour être « contrôleur » des maquis d’Oranie de l’autre côté de la frontière et renseigner les chefs sur ce qui se passe sur le terrain. Il y reste moins d’un trimestre et s’en sort mieux que son compagnon qui est tué. En août 1957, le successeur de Boussouf, qui n’est autre que Boumediene, recherche un secrétaire « sachant écrire » pour rédiger ses ordres et le recrute. Il le suivra durant plus de deux décennies, jusqu’à sa mort.

Très vite, il se spécialise dans les relations extérieures, organise l’ouverture d’un second front contre l’armée française au Mali ou tente de séduire les chefs « historiques » emprisonnés en France de rallier Boumediene. Membre éminent du « clan d’Oujda », qui réunit cinq anciens responsables de la wilaya 5 chaque soir pour giberner et fumer des cigares cubains, cadeau de Fidel Castro ; il lui devra sa carrière. Député de Tlemcen, ministre de la jeunesse à l’indépendance en 1962, il arrive au ministère des affaires étrangères dès 1963 à la suite du meurtre du premier titulaire du poste assassiné par un fou qui s’avérera avoir été manipulé.

Le jeune Abdelaziz n’est pas un bourreau de travail. La vie de bureaucrate ne l’intéresse pas, on le voit rarement à son bureau, il ne lit pas les télégrammes diplomatiques mais excelle dans les relations humaines et la constitution d’équipes de fidèles dévoués corps et âme à leur patron. Le courant ne passe pas avec le président de l’époque, Ahmed Ben Bella, qui mène une diplomatie parallèle, empiète sur ses compétences et veut le virer. Ce sera l’une des causes du coup d’État du 19 juin 1965 qui propulse Boumediene à la présidence. Il garde son portefeuille et profite du discrédit provisoire du régime militaire pour voyager, faire la fête et s’imposer à l’extérieur comme la voix de l’Algérie. En 1970, il engage les négociations avec Paris sur le dossier du pétrole algérien. C’est un échec et la nationalisation du 24 février 1971 sera l’œuvre du ministre de l’énergie, Bélaïd Abdeslam et de ses technocrates. Au passage, un vieil ambassadeur français, très « Quai d’Orsay », en dresse un portrait cruel de Rastignac pressé au savoir-faire limité, par trop entreprenant avec les dames.

 

Exilé aux Nations unies

 

Les années 1970 seront difficiles pour le jeune ministre. Après le mariage de Boumediene, le clan d’Oujda se désagrège. Avec le sommet des Non-Alignés à Alger en 1973, le président devient une des grandes voix du tiers-monde et son ministre passe au second plan, d’autant qu’avec d’autres dirigeants, il n’approuve pas la réforme agraire et le tournant progressiste que prend le régime. En 1974, il est élu président de l’Assemblée générale des Nations unies — poste de prestige— et s’installe pour une bonne année à New York où il rafle au culot le meilleur appartement de l’hôtel de luxe The Pierre au nez et à la barbe d’Henry Kissinger, secrétaire d’État américain, son habituel locataire. Ses séjours à Alger sont de plus en plus rares ; « il boude », disent ses amis qu’il presse de critiquer le régime. Déjà.

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Jean-Pierre Sereni

 

 

Source : Orientxxi.info  (Le 05 avril 2019)

 

 

 

 

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