La magie de la langue arabe, autour de la racine H.K.M

Afin de coller à l’actualité marquée par la constitution du nouveau gouvernement, tout en s’en éloignant par une échappée linguistique en dehors des clivages, arrêtons-nous sur la racine consonantique H.K.M qui couvre des dimensions pratique, philosophique et spirituelle.

Le 360.ma – On peut être francisant et vouer à la langue arabe une fascination inconditionnelle.

Une de ses magies se niche au cœur de ses racines minimalistes qui en occupent une place fondamentale.

Petites par le nombre, elles condensent un faisceau de significations, d’idées et de notions avec des dérivations et des connexions tantôt évidentes, tantôt des plus surprenantes.

«Contrairement aux langues européennes, écrit Jacques Berque, les mots arabes dérivent le plus souvent, de façon évidente, d’une racine. Maktûb, maktab, maktaba, kâtib, kitâb, par exemple, sont tous construits à partir d’une racine k.t.b. «écrire», alors que le français pour les mêmes objets, a recours à cinq mots sans lien les uns avec les autres: écrit, bureau, bibliothèque, secrétaire, livre. Les mots français sont tous les cinq «arbitraires», les mots arabes soudés, par une transparente logique, à une racine qui seule est arbitraire».

Afin de coller à l’actualité marquée par la constitution du nouveau gouvernement, tout en s’en éloignant par une échappée linguistique en dehors des clivages, arrêtons-nous aujourd’hui sur la racine H.K.M.!

Ces trois lettres consonantiques pansémitiques, d’origine araméenne, se retrouvent également en hébreu, en akkadien ou en syriaque.

Elles offrent un champ sémantique polysémique qui embrasse à la fois les dimensions pratique, philosophique ou spirituelle.

C’est ainsi que le verbe hakama signifie arbitrer, juger, décider, gouverner, commander…

L’arbitrage, tahkîm, existe depuis la période antéislamique dans les coutumes des tribus arabes.

«Aux premiers siècles de l’Islam, l’arbitrage et la conciliation n’étaient pas les justices «parallèles» que l’on pourrait croire à première vue. Au contraire, ces modes de résolution des conflits étaient en partie intégrés au système étatique, soit par le biais d’une construction hiérarchique, soit par la place que le tribunal du cadi offrait à la médiation», affirme Mathieu Tillier dans sa publication consacrée à l’«Arbitrage et conciliation aux premiers siècles de l’Islam».

Le substantif en est hakam (arbitre), tranchant en cas de conflits, tout en émettant des opinions ou en dispensant des conseils en cas de besoin.

Une des procédures d’arbitrage célèbres au début de l’islam est liée au conflit opposant les adeptes de Ali, cousin et gendre du Prophète et les partisans de Mouâwiya, cousin de Othmane et gouverneur de Damas dans le cadre de la bataille de Siffin qui s’est déroulée en 657 sur la rive droite de l’Euphrate.

Les kharijites (littéralement, sortants, dissidents) refusent la sentence d’Adroh et, avec, le compromis des hommes (d’où leur autre surnom de Mouhakkima) dans leur proclamation selon laquelle «l’arbitrage n’appartient qu’à Dieu».

Comment ne pas penser alors à la résurgence de ce type de slogans politico-religieux avec la théorie de la Hakimiya, développée par certains mouvements islamistes opposant la souveraineté populaire à la souveraineté de Dieu, quitte à aller jusqu’au takfir et à l’excommunication !

Dieu est le Hakam par excellence dont c’est un des 99 attributs. «Il donne la sagesse (al-hikma) à qui Il veut», lit-on dans le saint Coran.

 

 

 

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Mouna Hachim

 

 

 

 

 

 

Source : Le 360.ma (Maroc)

 

 

 

 

 

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