En Jordanie, le jean déchiré de la discorde

Interdite de télévision parce qu’elle portait un pantalon laissant voir son genou, une basketteuse jordanienne a reçu le soutien d’un membre de la famille royale. Une affaire qui a suscité de vives réactions dans la sphère conservatrice des réseaux sociaux dans le royaume.

“Quiconque suit les débats sur Twitter en Jordanie pourrait croire que le pays est menacé d’effondrement en raison de la mode des jeans déchirés”, par ailleurs très populaire dans le monde arabe, ironise le site Daraj.

Tout est parti d’un tweet de la capitaine de l’équipe de Jordanie de basket-ball, Rubi Habash. “J’avais une interview à la télévision jordanienne, mais on m’a dit que le jean déchiré était interdit”, a-t-elle posté le 25 août dans un message accompagné d’une photo de sa jambe gauche et du jean laissant apparaître son genou.

 

“Le comble, c’est que la personne avant moi portait un short, a-t-elle ajouté. On est en 2021 mais nous, on revient en arrière.”

De son côté, la chaîne publique Jordan TV a expliqué que la tenue de la basketteuse contrevenait au “code vestimentaire” de la chaîne, rapporte le quotidien panarabe Al-Quds Al-Arabi.

 

Le soutien du prince

 

L’affaire a pris une tout autre ampleur après que la joueuse a reçu le soutien du prince Ali ben Al-Hussein, demi-frère du roi Abdallah. Considéré comme “la plus haute personnalité sportive du royaume”, explique le quotidien panarabe Al-Quds Al-Arabi, le prince a posté une photo de sa jambe droite dans un jean déchiré laissant apparaître son genou, avec le message “Avec toi, Ruby”.

 

Ce tweet du prince a soulevé une “vague de sarcasme” sur les réseaux sociaux, a constaté le journal panarabe Al-Arab. Comme Ali ben Al-Hussein, la joueuse de basket a été la cible d’une campagne menée par “des extrémistes, faux gardiens de la moralité et tenants de la logique tribale”, s’emporte Daraj. Ali ben Al-Hussein s’est dit “amusé” et “triste” des réactions à son soutien à la sportive, rappelant, comme pour calmer les critiques, qu’il a lutté pour que les sportives puissent porter le hijab.

Ces campagnes sont devenues monnaie courante sur les réseaux sociaux en Jordanie, note Al-Arab. Dernière victime en date de ce type, rappelle Daraj, Wafa Khadra, membre du comité royal pour la modernisation du système politique, poussée à la démission en juillet dernier après une critique du sacrifice rituel de l’abattage du mouton.

 

 

Source : Courrier international (Le 31 août 2021)

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page