A Reims, Lionel Messi fait ses premiers pas avec le PSG en Ligue 1 dans la liesse

L’Argentin est entré sur la pelouse rémoise à vingt-cinq minutes de la fin pour son premier match de championnat avec le PSG. L’événement a généré une effervescence inédite.

Dimanche 29 août, il est 22 h 10 au stade Auguste-Delaune. Nous sommes à la 63e minute du match Reims-PSG et le temps vient de se figer dans la soirée champenoise. Kylian Mbappé inscrit un doublé et assoit le succès parisien (0-2). Un deuxième but passé presque inaperçu. Les regards des 20 500 privilégiés présents dans l’enceinte sont tournés à ce moment-là vers le banc de touche. Lionel Messi vient d’enlever sa chasuble pour faire son entrée. La troisième réalisation du Bondynois cette saison a décalé de quelques secondes l’intronisation de l’attaquant argentin dans l’aire de jeu.

 

Trois minutes plus tard, « la Pulga » prend finalement la place de Neymar et effectue ses premiers pas sur une pelouse de Ligue 1, sous les applaudissements d’un stade acquis à la cause du joueur de 34 ans. Le début d’un premier acte de vingt-cinq minutes diffusé en mondovision. Une remise sans contrôle vers Marco Verratti en guise de première touche suffit à faire chavirer Delaune. S’ensuivent quelques échanges savoureux avec Mbappé qui laissent rêveur pour la suite, si ce dernier choisit de rempiler pour au moins un an, l’incertitude demeurant à quelques heures de la fin du mercato, mardi 31 août à minuit. Chaque action devient même prétexte à lui passer le ballon, quitte à jouer contre-nature, comme si ses coéquipiers voulaient s’assurer qu’ils évoluaient bien avec l’un des plus grands joueurs de l’histoire.

« On parle de Reims partout dans le monde »

 

Une première qui a ramené dans la Marne des supporteurs venus des quatre coins du monde, comme l’atteste Alexandre Jeannin. « On a eu des achats de billets en provenance de l’Argentine, des Etats-Unis ou encore de l’Egypte et de l’Inde », détaille le responsable billetterie du club. Le Stade de Reims n’avait sans doute pas connu pareille exposition depuis les années 1950, durant lesquelles le club a disputé deux finales de la Coupe d’Europe des clubs champions (l’ancienne version de la Ligue des champions), en 1956 et 1959.

« On parle de Reims partout dans le monde depuis dix jours. On aurait pu remplir quatre ou cinq fois la capacité du stade. C’est du jamais-vu. On avait accueilli l’un des premiers matchs de David Beckham [passé par Paris en 2013], mais là, ça dépasse tout ce qui a déjà été fait », témoigne le directeur général du club, Mathieu Lacour.

Si les abonnés ont vu les tarifs restés identiques, les places les plus chères se vendaient jusqu’à 200 euros sur le site officiel du club, contre 120 habituellement pour les grosses affiches. « Ce qui est fou, c’est que le pic s’est fait avant même que sa venue soit officielle. Le trafic sur notre site a été multiplié par six », explique Alexandre Jeannin. Un bol d’air pour l’institution, qui a enregistré 30 millions d’euros de pertes la saison dernière en raison de la pandémie de Covid-19 et de la crise des droits TV.

Le train ralliant Paris à Reims avait lui aussi de forts accents latino-américains dimanche matin. Affublés du maillot parisien frappé du numéro 30 de l’Argentin, Beatriz et ses deux enfants sont venus du Yucatan (Mexique) pour assister au match. « Nous allions souvent à Barcelone le voir jouer. On a organisé les vacances autour de ce match. Mon fils est un très grand fan de Messi et du Barça », sourit la mère de famille – qui a profité de son séjour parisien pour faire un crochet par Reims. Un peu plus loin dans la rame, un autre duo originaire de Buenos Aires est venu spécialement pour la rencontre.

 

Avoir son bout de Messi

 

Des grappes de supporteurs qui ont fait le bonheur des hôtels de la cité champenoise. « Ce n’est pas tous les dimanches que l’on affiche complet. L’extrême majorité des réservations a un lien direct avec le match », confirme une réceptionniste d’un hôtel du centre-ville. Plusieurs centaines de personnes se sont massées devant le Continental, où les Parisiens ont posé leurs valises en marge de la rencontre. Les regards des enfants pétillaient à chaque fois qu’ils pensaient apercevoir la légende argentine derrière les vitres teintées de l’établissement.

Des joueurs de classe mondiale, Nicolas Penneteau en a croisé durant sa carrière (Ibrahimovic, Drogba, Falcao…). « Avoir [Messi] dans le championnat et pouvoir le voir et l’affronter, c’est quelque chose de marquant dans une carrière. On n’y aurait pas cru il y a quelques semaines. Je vais essayer d’apporter par les mots une certaine expérience et demander aux coéquipiers de jouer leur jeu, car on a des qualités à faire valoir », décryptait avant la partie l’actuel gardien remplaçant de Reims, plus de 400 matchs de Ligue 1 au compteur.

 

Si les joueurs d’Oscar Garcia ont bousculé les Parisiens au début des deux périodes, ils n’ont pas réussi à maintenir la cadence pour faire douter le PSG. Mais l’essentiel était ailleurs pour un club qui s’est montré à la hauteur de l’événement sur et en dehors du terrain. Entre contrôles en amont du passe sanitaire et retour à une jauge maximale, le Stade de Reims a fait appel à près de 150 agents d’accueil et de sécurité supplémentaires pour fluidifier l’entrée au stade « afin que les gens puissent profiter de l’avant-match », explique Mathieu Lacour. Pari réussi avec un stade Delaune plein près d’une heure avant le coup d’envoi.

 

Spectacle

 

L’après-match, lui, était moins cadré. « Personne ne s’est positionné sur qui va échanger son maillot avec lui. Ça se décidera après le coup de sifflet », assurait avant la rencontre Nicolas Penneteau. Le gardien a dit vrai : aucun Rémois, ou presque, n’a osé interpeller le sextuple Ballon d’or au coup de sifflet final, se contentant de le saluer. Seul Andreaw Gravillon a soufflé quelques mots à l’oreille du numéro 30. « J’ai demandé son maillot pour mon petit frère. J’ai essayé sans succès, on verra la prochaine fois », a souri le défenseur après le match. Le portier champenois Predrag Rajkovic a, lui, choisi un moyen plus subtil pour immortaliser l’instant. Le Serbe a demandé à Messi de prendre une photo avec son fils dans les bras.

Messi aura excellé dans le maintien du spectacle jusqu’au bout de sa soirée champenoise. D’ordinaire plutôt effacé, le lutin de 1,69  m est venu enlacer après le match Thierry Henry – son ex-coéquipier à Barcelone –, désormais consultant en bord de terrain, avant d’entamer un « clapping » face au bruyant parcage parisien. Un dernier salut vers des gradins illuminés par les flashs des smartphones avant de disparaître dans le tunnel du stade. Sans flamber balle au pied, le « roi » a bien été sacré, à Reims.

 

 

 

 

 

Walid Kachour

(Reims, envoyé spécial)

 

 

 

Source : Le Monde

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