Joe Biden : «Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer !»

Après les attentats suicides survenus à Kaboul, le président maintient la date-butoir du 31 août pour le retrait des troupes américaines d'Afghanistan. Tout en menaçant l'Etat islamique de représailles

Un double attentat-suicide revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique qui a fait des dizaines de morts afghans et tué treize militaires américains. Le chaos absolu à l’aéroport de Kaboul. Le Pentagone qui dit craindre de nouvelles attaques. Déjà la cible de critiques, Joe Biden savait que le retrait des troupes américaines d’Afghanistan ne se ferait pas sans difficultés. Mais le scénario du pire, qu’il redoutait tant, s’est réalisé: des soldats américains ont péri, victimes de terroristes. Ces morts pèseront sur sa présidence.

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«L’Amérique ne se laissera pas intimider»

 

Dans la Situation Room pendant plusieurs heures, le président américain a mis du temps, jeudi, avant de s’exprimer publiquement. Puis, vers 17 heures, à Washington, Joe Biden, très marqué, a donné le ton: «Ces terroristes ne gagneront pas.» «Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer!», a-t-il averti, en s’adressant à l’Etat islamique. «Nous répondrons avec force et précision quand nous le déciderons, où et quand nous le choisirons.»

Ou encore: «L’Amérique ne se laissera pas intimider. Nous ne nous laisserons pas décourager par des terroristes. Nous ne les laisserons pas arrêter notre mission. Nous poursuivrons l’évacuation.» Un peu plus tôt dans la journée, le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain en charge de l’Afghanistan, avait donné des détails sur les attentats suicides: deux djihadistes de l’EI se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par d’autres qui ont fait feu sur les civils et les militaires. Une deuxième explosion a eu lieu un peu plus loin.

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La tâche de Joe Biden n’est pas facile. Depuis le moment où il a annoncé, en avril, que tous les soldats américains seraient rentrés avant le 11 septembre, puis même avant le 31 août, le démocrate n’a jamais changé de position. Il doit aujourd’hui la défendre dans un contexte tragique qui touche directement les Américains. Et alors que des milliers d’Américains et d’Afghans menacés par les talibans sont toujours coincés à Kaboul en attendant de pouvoir être exfiltrés. Mais il reste cohérent jusqu’au bout.

 

Temps d’en finir

 

Jeudi soir, Joe Biden, qui ne veut pas donner l’impression de reculer devant des terroristes, a assuré que les évacuations se poursuivent et une nouvelle fois affiché sa détermination: la date-butoir du 31 août pour le retrait est maintenue. Lors de sa courte allocution, Biden a aussi fait preuve d’empathie, en rendant un hommage appuyé aux soldats, «qui sont la colonne dorsale de l’Amérique». Après avoir qualifié les militaires morts de «héros, qui se sont engagés dans une mission dangereuse et altruiste pour sauver des vies», il a demandé une minute de silence pour les victimes. Sans manquer d’évoquer, les yeux humides, son fils Beau, dont une tumeur au cerveau a été détectée au retour d’un déploiement en Irak, pour dire qu’il «sait ce que ressentent les familles».

Dans les rangs républicains, plusieurs élus souhaitent sa démission ou destitution. Son prédécesseur Donald Trump a qualifié, dans un communiqué, les attentats de «tragédie qui n’aurait jamais dû avoir lieu» et d’«attaque sauvage». Des démocrates craignent désormais que le fiasco afghan ne se retourne contre eux lors des élections de mi-mandat de novembre 2022, les républicains étaient bien déterminés à l’exploiter. Le parallèle avec l’attaque de Benghazi, en 2012 en Libye, où l’ambassadeur américain avait trouvé la mort, est parfois fait. Elle avait mis Barack Obama en difficultés.

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Joe Biden continue d’affirmer que la mission première de l’engagement militaire américain en Afghanistan, en l’occurrence la lutte contre le terrorisme et Al-Qaida en particulier, a été «remplie et réussie». Mais sa démonstration vacille. L’opinion publique retiendra surtout que le retrait américain aura profité à l’Etat islamique. La façon dont les Américains ont collaboré avec les talibans pour tenter de sécuriser l’aéroport et assurer certaines évacuations risque également d’être passée à la loupe.

La principale force de Biden, confronté à la plus grave crise de politique étrangère depuis son entrée en fonction, reste toutefois sa constance. Il assume la responsabilité de ce qui s’est déroulé et reste fidèle à ses convictions, quelles que soient les circonstances. D’ailleurs, sa toute dernière phrase pour clore sa conférence de presse était celle-ci: «Mesdames et Messieurs, il était temps d’en finir avec cette guerre de vingt ans.» Il avait commencé par: «Journée difficile».

 

Valérie de Graffenried

 

 

Source : Le Temps (Suisse)

 

 

 

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