Mauritanie : la réintroduction des langues nationales dans le système éducatif sur la sellette

Au lendemain de la publication des mauvais résultats du Bac, les associations culturelles nationales reviennent à la charge pour demander l’officialisation des langues nationales et leur réintroduction dans le système éducatif dans une déclaration commune publiée ce début de semaine à Nouakchott.

Depuis les indépendances en 1960, les langues nationales ont été reléguées au stade de dialectes jusqu’en 91 avec  l’adoption d’une nouvelle constitution taillée par le génocidaire Ould Taya qui stipule que l’arabe est la langue officielle et que le pulaar, le soninké et le wolof sont des langues nationales.

C’est le moment choisi pour passer définitivement l’éponge sur une expérience de plus de 6 années d’enseignement des langues nationales y compris l’arabe conduite par l’Institut des Langues Nationales et dont la réussite est saluée par tous les voisins de la Mauritanie et notamment le Sénégal et le Mali et également l’UNESCO. En 1989, la fin de cette première expérimentation c’est également l’année du génocide des négro-mauritaniens de la vallée, locuteurs de ces langues. Plus de 60 000 déportés au Sénégal et au Mali.

Une politique d’épuration ethnique dont l’ambition est de dénégrifier le pays pour accélérer le processus d’arabisation. Résultats au bout des courses, un système éducatif sclérosé dont le bilan depuis plus d’une décennie est catastrophique comme en témoignent les résultats du Bac de cette année. 8 pour cent des candidats toutes séries confondues sont bacheliers.

La réaction du président Ould Ghazouani n’est pas à la hauteur de la gravité de la situation. Il semble négliger que le sentiment d’appartenance à une même communauté de destin et une même république passe par la reconnaissance de la diversité socioculturelle.. Les Mauritaniens attendent une refonte d’un système à double vitesse qui passe par l’enseignement des langues nationales, vieille revendication de toutes les associations culturelles nationales qui viennent relancer le débat en interpellant le gouvernement à agir dès la rentrée prochaine.

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 24 août  2021)

 

 

 

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