Les troupes afghanes se sont effondrées un peu partout dans le pays en très peu de temps face à l’assaut des talibans. Pourtant, en 1994, il avait fallu deux ans de guerre civile aux talibans pour s’emparer du pouvoir avant d’être défaits en 2001. Cette fois-ci, il aura fallu aux talibans seulement quarante-cinq jours pour s’emparer d’une grande partie du territoire et se rapprocher de Kaboul. En une semaine, les forces de sécurité afghanes se sont rendues dans plus d’une quinzaine de villes. Le 13 août, les deux villes les plus importantes après Kaboul, Kandahar et Herat, sont tombées entre les mains des Talibans. Les différentes offensives ont donné lieu à des images de capitulation en masse, de capture de matériel américain…
Pourtant, en vingt ans, l’armée américaine a envoyé plus de 83 milliards de dollars (70 milliards d’euros) d’armes, équipement et force d’entraînement à l’armée afghane. En mai, le président Joe Biden promet un départ définitif des troupes américaines d’ici au 11 septembre 2021, date hautement symbolique puisque les attentats du 11 septembre ont mené à l’intervention américaine en Afghanistan.
Sous l’administration Obama, la présence américaine a pour but de renforcer l’armée afghane pour qu’elle soit forte et indépendante et que les États-Unis quittent le pays. Force est de constater qu’en 2021, cela est un échec.
Le progressif retrait des troupes américaines depuis le mois de mai a permis aux talibans de prendre le contrôle de nombreuses villes en battant l’armée afghane mais les failles de celle-ci ne sont pas nouvelles. En nombre déjà, elle serait beaucoup moins massive qu’elle le prétend. Thomas Gibbons-Neff, Fahim Abed et Sharif Hassan, trois journalistes correspondants à Kaboul pour le New York Times, avancent une différence de chiffres vertigineuse, l’armée prétend être composée de 300.000 hommes quand ils ne seraient en réalité qu’au nombre 50.000 –les talibans, eux, seraient au moins 75.000.
D’après les journalistes du New York Times, les soldats afghans se sentent complètement abandonnés par leur commandants. Ils sont aussi épuisés et affamés. Ils relatent comment les troupes censées protéger Kandahar ont fini par céder faute de ravitaillement. Alors que les armes, les munitions, l’eau et la nourriture manquent, certains soldats abandonnent leur poste afin de rentrer chez eux pour défendre leur famille.
En outre, plusieurs témoins parlent d’un problème majeur de corruption de l’ensemble des dirigeants politiques et militaires. Les soldats se sentent oubliés, ignorés voire moqués par un pouvoir qui ne leur fournit jamais ce dont ils ont besoin. Selon une source du magazine Foreign Policy, les forces de police (considérées au même titre que les militaires) n’ont pas été payées depuis plusieurs mois.
Repéré par Nina Pareja
Repéré sur New York Times, Foreign Policy
Source : Slate (France)
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