Mauritanie : le dialogue politique et le passif humanitaire, deux points noirs du quinquennat de Ould Ghazouani

Après son investiture en août 2019, le président mauritanien s’est engagé à normaliser ses relations avec l’opposition en recevant au palais les principaux chefs de partis et leaders d’opinion. Une volonté politique pour apaiser la tension politique héritée du régime de Ould Aziz. Deux ans après, l’absence de dialogue politique est considérée par les observateurs comme un point noir du quinquennat.

A l’évidence, l’élection de Ould Ghazouani en juin 2019 est un espoir pour les mauritaniens de tourner la page de plus de 10 ans d’un régime autoritaire et corrompu. Le tournant de la normalisation des relations avec l’opposition a permis au président mauritanien de passer à l’offensive, centrée sur une gouvernance plus apaisée et présentée par les observateurs comme une nouvelle méthode de discours. L’illustration en est l’établissement d’un calendrier pour recevoir les chefs de partis de l’opposition et même les leaders des partis contre le système au cours de la deuxième année.

Au-delà des apparences de cette ouverture, l’absence de dialogue politique est pointée du doigt malgré les efforts de la coordination parlementaire de la majorité et de l’opposition pour une feuille de route qui est acceptée par d’autres partis extraparlementaires. Les observateurs s’attendent plus à une concertation politique, le dialogue étant réservé aux parlementaires constitue une volonté politique de contrôler les questions qui fâchent. C’est un des points noirs du quinquennat.

Une autre difficulté pour le chef de l’Etat mauritanien qui pèse lourdement sur son image au plan national, est son silence sur le passif humanitaire. C’est la question la plus sensible depuis la chute du régime de Ould Taya en 2005, responsable de la déportation de plus de 60000 négro-mauritaniens de la vallée au Sénégal et au Mali en 1989 et de l’assassinat de 28 soldats noirs de la vallée en 1991 à Inal au nord du pays et dont les criminels sont protégés par la loi d’amnistie de 93.

A défaut d’une abrogation, les veuves et orphelins attendent toujours les corps pour des sépultures dignes. Les 15000 réfugiés au Sénégal et au Mali attendent un nouvel accord quadripartite entre la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et le HCR pour rentrer au bercail. Les 20000 réfugiés rentrés depuis 2018 sont confrontés à des problèmes d’état-civil notamment leurs enfants dont une grande partie ne va plus à l’école faute d’enrôlement.

Depuis 2009 sous le régime de Ould Aziz, ce génocide biométrique a fait de milliers de négro-africains et Haratines des apatrides et étrangers en Mauritanie.

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 29 juillet  2021)

 

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